Présidentielle : la première mesure que prendraient les candidats en cas de victoire

Présidentielle : la première mesure que prendraient les candidats en cas de victoire

Symboles ou point de départ d’un quinquennat, l’idée de la première mesure à mettre œuvre en accédant à l’Élysée diffère suivant les candidats. Tour d’horizon des décisions prioritaires que les prétendants à la présidence de la République s’engageraient à prendre.
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Quelle serait la première mesure prise par les candidats à l’élection présidentielle ? Mesure emblématique du début d’un quinquennat, elle donne un aperçu direct de la priorité de la personnalité politique qui serait choisie par les Français.

Le thème du soutien du pouvoir d’achat revient assez fréquemment dans les premières mesures que s’engagent à prendre les différents prétendants à l’Élysée. Ce n’est pas un hasard, puisque les Français placent cette question en tête de leurs préoccupations. C’est le cas dans toutes les vagues de l’enquête électorale française du Cevipof depuis octobre 2021.

L’amélioration des salaires, citée par cinq candidats

Interrogé par Ouest France en février, l’écologiste Yannick Jadot indiquait que sa première décision serait « forcément une mesure autour du climat et de la solidarité ». Pour « éradiquer la grande pauvreté », il propose l’instauration d’un revenu citoyen « à hauteur du seuil de pauvreté » : « 880 euros pour toutes et tous automatique ». Soit environ 80 % du seuil de pauvreté, qui se situe à 1102 euros pour une personne seule. Un mois plus tard, au 19h45 de M6, il évoquait une autre mesure : la réduction des pesticides, via une « loi contre les lobbies » et la promotion du bio dans les cantines publiques. « C’est un enjeu de santé », a-t-il défendu.

Le candidat communiste Fabien Roussel entend, lui, porter le Smic à 1800 euros brut (+ 12,3 %), ainsi que l’organisation d’une conférence salariale pour l’ensemble des autres salaires. Il entend également augmenter les retraites. Promettant des « mesures rapides et efficaces », le député du Nord souhaite également un revenu étudiant dès 18 ans, à 850 euros.

Même type de mesures pour Anne Hidalgo, qui promet une hausse du Smic de 15 % comme première proposition. Elle s’engage en parallèle à engager avec les partenaires sociaux, « au niveau interprofessionnel et au niveau des branches », de « grandes négociations salariales » pour remonter le niveau des rémunérations.

En consultant le programme de Nicolas Dupont-Aignan, on peut y lire que sa première décision serait celle de « rendre aux Français leur liberté », via la « suppression immédiate, intégrale et irréversible » du passe sanitaire et du passe vaccinal. Ce dernier a été suspendu par le gouvernement le 14 mars. Bien plus tôt dans la campagne, en octobre, il faisait de la baisse des cotisations sociales sa première mesure. L’objectif étant de fournir « l’équivalent d’un 13e mois ».

À droite également, Valérie Pécresse a fait de la « revalorisation du travail » sa première décision si elle était élue présidente de la République en avril. Elle promet une augmentation de 10 % des salaires nets des Français « gagnant moins de 3000 euros net ». Ce coup de pouce serait financé par la « fin des 35 heures et la libre fixation du temps de travail en entreprise ou par branche » ainsi qu’une « vraie réforme de l’assurance chômage ».

Le référendum sur l’immigration, priorité pour trois candidats

Mais la candidate LR met en avant de manière concomitante une autre proposition prioritaire : deux lois constitutionnelles au Parlement qui seront ensuite soumises au référendum de la population. La première, viserait « à instaurer l’impunité zéro pour les délinquants », pour « juger rapidement et faire appliquer efficacement les sanctions ». La seconde instaurerait des quotas annuels « par type d’immigration et par pays selon un principe simple : visas contre retour des clandestins ». La présidente de la région Île-de-France espère ainsi diviser par deux le nombre d’entrées en France.

C’est également le type de mesure qu’a choisi Marine Le Pen. « La première mesure emblématique, c’est le référendum sur l’immigration », déclarait la candidate du Rassemblement national dès octobre à la radio RTL. Le projet de loi en question viserait, selon elle, « à arrêter les pompes aspirantes, à expulser les indésirables, c’est-à-dire les clandestins, les délinquants… Et à rendre les Français maîtres chez eux par l’intermédiaire de la priorité nationale et de la primauté de la Constitution française sur les textes européens ».

Éric Zemmour, pour qui la « priorité des priorités, c’est d’arrêter l’immigration », défend lui aussi un référendum sur le sujet. Ce référendum, premier geste du quinquennat qu’imagine, se tiendrait le « même jour que les législatives » (12 et 19 juin). Une « batterie de mesures » serait alors soumise à référendum : la fin du regroupement familial, la suppression du droit du sol, l’expulsion des délinquants étrangers, la déchéance de nationalité pour les binationaux, ou encore l’expulsion des chômeurs étrangers au bout de six mois de « recherches vaines de travail ».

Education, santé, et réforme des retraites : les chantiers prioritaires mis en avant par Emmanuel Macron

À la différence de ses concurrents, Emmanuel Macron n’a pas vraiment formulé de manière claire quelle pourrait être sa première décision dans la perspective d’un deuxième mandat. En ouvrant son programme, on constate cependant que le président sortant débute par le chapitre « pacte entre les générations », et plus précisément par les enfants et l’éducation. Dès les premières lignes, le candidat estime qu’il « faut poursuivre la transformation de notre système scolaire, revaloriser les enseignants, donner toute leur place aux initiatives du terrain ». L’actuel chef de l’État met également très haut dans sa pile des priorités la santé, et notamment le « chantier pour l’accès aux soins et contre les déserts médicaux ».

Un autre chantier devrait être mis en route rapidement en cas de réélection : la réforme des retraites et le relèvement de l’âge légal de départ à 65 ans. Emmanuel Macron s’est engagé à « lancer une concertation de manière apaisée » sur cette réforme au début d’un second quinquennat. Plusieurs médias ont également évoqué l’hypothèse d’un projet de loi présenté aux assemblées parlementaires dès la « fin de l’été », ce qui implique de débuter les consultations sociales rapidement après la présidentielle.

« Abolition du secret des affaires »

Pour sa troisième campagne présidentielle, Nathalie Arthaud, candidate de Lutte Ouvrière, imagine comme première mesure « l’abolition du secret des affaires ». « On nous dit en permanence : où, Mme Arthaud, voulez-vous qu’on trouve l’argent pour financer l’augmentation des salaires ? Moi je dis qu’il faut aller le chercher là où il est. Donc, qu’on ouvre les comptabilités des grandes entreprises, de ces grandes multinationales, de ces grandes banques. Et on verrait où est l’argent pour le prendre », expliquait-elle en février à Bourges.

Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, évoque quant à lui en priorité « la réparation des richesses ». « Le NPA propose la réquisition, sans indemnité ni rachat, de secteurs clés de l’économie sous le contrôle des travailleurs et de la population. Les banques seront fusionnées pour constituer un monopole public du crédit », détaille par exemple son programme.

Interrogé en janvier sur France 2, Jean Lassalle (Résistons), avait eu cette réponse surprenante : « ll n’y aura pas dans l’état actuel des choses de première décision puisque Macron va être réélu, dans l’état actuel des choses. » Finalement, le député des Pyrénées-Atlantiques a proposé cette idée en mars, au quotidien Ouest France : « Reconstruire un Etat tout de suite, reconstruire une administration, une organisation des territoires, pour que nous puissions immédiatement être opérationnels ».

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