Projet de loi sur la protection des données : une « étape majeure », selon la présidente de la CNIL

Projet de loi sur la protection des données : une « étape majeure », selon la présidente de la CNIL

Invitée de Sénat 360, la présidente de la CNIL, Isabelle Falque-Pierrotin, analyse les enjeux du projet de loi adopté au Sénat sur la protection des données personnelles. Elle réagit également à l’actualité, sur l’interdiction de l’application Reporty à Nice, et sur le scandale Facebook-Cambridge Analytica.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le projet de loi relatif à la protection des données personnelles a été adopté hier au Sénat, avec quelques ajouts. Transposition dans le droit français d’un paquet européen, ce texte constitue une « étape absolument majeure », de l’avis de la présidente de la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL), Isabelle Falque-Pierrotin.

Quarante ans après la loi Informatique et libertés, la responsable de cette autorité indépendante explique dans Sénat 360 en quoi ce nouveau texte va « renforcer les droits » des utilisateurs sur leurs données, mais aussi « changer l’attitude » de ceux qui les exploitent.

« En termes de souveraineté numérique, c’est considérable »

« L’idée, c’est de responsabiliser ceux qui traitent les données, en les obligeant à avoir un certain nombre d’outils internes », retient par exemple Isabelle Falque-Pierrotin. Ainsi, en matière de protection, les détenteurs de données devront apporter la preuve qu’ils ont respecté la loi. Sous peine de faire face à des sanctions renforcées : jusqu’à 4% du chiffre d’affaires mondial de la société en question.

Pour la présidente de la CNIL, il y a là « l’idée que la protection des données doit entrer dans le quotidien des entreprises ».

Autre évolution : une entreprise américaine présente dans l’Union européenne devra se soumettre au droit européen. « En termes de souveraineté numérique de l’Europe, c’est considérable », estime Isabelle Falque-Pierrotin.

Hasard de l’actualité, Facebook est au cœur d’un important scandale. La société britannique Cambridge Analytica, utilisée par le président américain Donald Trump durant sa campagne, a analysé les données de millions d’utilisateurs du réseau social. À leur insu. « Nous avons en France et en Europe un encadrement qui est quand même très strict, et qui nécessite de demander le consentement à l’utilisateur », a rappelé Isabelle Falque-Pierrotin.

Critiquée par Christian Estrosi, la présidente de la CNIL évoque une « forme d’amalgame un peu radicale »

Elle a également justifié la décision de la CNIL d’interdire à Nice l’application Reporty, cet outil permettant de joindre en direct la police, via des appels vidéo. Le maire de la ville, Christian Estrosi, avait dénoncé une décision favorable aux « terroristes », estimant que la CNIL ne vivait « pas avec son temps ».

Regrettant une « forme d’amalgame un peu radicale », la présidente de la CNIL, refuse « d’alimenter la polémique » et choisit de « revenir au fond ».

« La CNIL n’est pas, par principe, opposée aux dispositifs de vigilance citoyenne », met au point Isabelle Falque-Pierrotin. « Dans ce cas précis, c’est un dispositif qui a une base légale fragile » et un système « disproportionné ».

Dans la même thématique

Weekly cabinet meeting at Elysee Palace, Paris, France – 12 Jan 2024
5min

Société

Prostitution : un nouveau plan de lutte présenté ce jeudi, huit ans après la loi pénalisant les clients

Alors que la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, peine encore à produire ses effets, le gouvernement a annoncé la présentation d’un nouveau plan pour lutter contre la prostitution, à l’aube d’une augmentation inquiétante des chiffres chez les mineurs. Selon les associations, ils seraient entre 7 000 et 10 000 à être aujourd’hui prostitués, un chiffre qui a doublé ces dernières années.

Le

Enfants et ecrans
4min

Société

Rapport sur l’usage des écrans chez les enfants : « Nous avons perdu six ans », déplore la sénatrice Catherine Morin-Desailly

Commandé par l’exécutif, le rapport d’experts sur l’usage des écrans chez les enfants a été remis au président de la République ce 30 avril. En 2018, le sujet avait déjà fait l’objet d’une proposition de loi largement votée au Sénat, mais jamais discutée à l’Assemblée. Auteure du texte, la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly dénonce aujourd’hui « une perte de temps ».

Le

A national gendarmerie van entering the Paris courthouse
7min

Société

Meurtre de Matisse à Châteauroux : qu’est-ce que l’excuse de minorité, que le gouvernement souhaite réformer ?

Alors que de multiples faits divers concernant des mineurs font l’actualité ces dernières semaines, le dernier en date, le meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé à mort, samedi dernier à Châteauroux, par un mineur afghan âgé lui aussi de 15 ans et placé sous contrôle judiciaire, cinq jours avant le meurtre, Gabriel Attal a annoncé, le 18 avril dernier, souhaiter « ouvrir le débat » sur l’excuse de minorité. Mais au fait, à quoi fait référence cette qualification pénale, qui revient régulièrement dans les discussions ?

Le