Loi travail : pas d’unité dans la contestation

Loi travail : pas d’unité dans la contestation

Alors que CGT, Solidaire, FSU, le PCF et une partie des socialistes seront dans la rue le 12 septembre, Jean-Luc Mélenchon a appelé à manifester le 23. Le leader de la France insoumise rencontre cependant Philippe Martinez, numéro 1 de la CGT, aujourd’hui. La décision de FO de ne pas manifester fait débat en interne.
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Par Public Sénat (avec AFP)

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La nouvelle réforme du code de travail est critiquée par les syndicats. L’unité syndicale n’est pourtant pas de mise. Ni l’unité politique. Entre ceux qui appellent à manifester et ceux qui ne préfèrent pas suivre, la dispersion freine le front d’opposition à la réforme phare d’Emmanuel Macron. Le point sur ceux qui manifesteront, ceux qui resteront chez eux et ceux qui hésitent encore…

Ceux qui manifestent : CGT, Solidaires, FSU, France insoumise, PCF, une partie du PS, Hamon

Les opposants à la nouvelle loi travail sont appelés à se mobiliser. Problème, les syndicats CGT, Solidaires et FSU ont appelé à manifester le 12 septembre, quand Jean-Luc Mélenchon a choisi la date du 23 septembre. Une rencontre cet après-midi entre Philippe Martinez, numéro 1 de la CGT, et le leader de la France insoumise, permettra peut-être de faire bouger les choses.

Le numéro 1 du PCF, le sénateur Pierre Laurent, sera lui « présent le 12 parce que cette journée-là, il faut la réussir pour la suite » a-t-il affirmé mardi sur Public Sénat. Il rappelle au passage l’événement phare de la rentrée pour les communistes : « Ensuite, je sais bien qu’on zappe ce rendez-vous systématiquement, je serai présent à la fête de l’Humanité. Ce sera un grand rendez-vous », les 15,16 et 17 septembre, qui sera à l’heure de la lutte contre les ordonnances. De plus, « Les indicateurs de participation à la Fête de l'Humanité sont en hausse », a-t-il affirmé ensuite à l’AFP.

A l’image de ses éternelles divisions sur les questions économiques, le PS est en revanche divisé entre ceux qui seront dans la rue ou qui ne le seront pas. Après quelques tergiversations, le bureau national du PS a décidé lundi d'afficher son « soutien » à toutes les initiatives syndicales contre la réforme du code du travail, sans appeler formellement à manifester le 12 septembre aux côtés de la CGT. « Le PS, respectueux de l'indépendance syndicale, soutient toutes les initiatives syndicales contre la loi Penicaud en appelant à des démarches unitaires », a affirmé le numéro deux du parti Rachid Temal. « Le PS va éditer un tract national contre la loi Pénicaud et appelle ses fédérations à mener des actions de mobilisation », a-t-il précisé. Un tract, à défaut d’une position claire. Car « tous les socialistes qui souhaitent défiler le 12 sont les bienvenus, il y aura des responsables socialistes qui seront présents le 12 » a ajouté l'un des porte-parole du PS, Karim Bouamrane. Luc Carvounas et François Kalfon ont ainsi souhaité que le PS appelle à manifester.

Le mouvement du 1er juillet (M1717) a annoncé de son côté lundi qu'il serait présent, probablement avec son fondateur, Benoît Hamon, à la manifestation du 12 septembre.

Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS), proche de l’ancien candidat PS à la présidentielle, a aussi annoncé sa participation à la manif de la CGT contre les ordonnances.

Ceux qui n’iront pas manifester : la CFDT, la direction de FO, une partie du PS

La CFDT s’est dite « déçue » des ordonnances. Mais Laurent Berger a prévenu : son syndicat ne battra pas le pavé le 12 septembre aux côtés de la CGT. Pour la CFDT, l’opposition peut se faire par d'autres moyens d'action. Pour le syndicat, le combat syndical se fait « tous les jours dans les entreprises ».

La plus grosse surprise vient de FO. Échaudée par la mobilisation contre la loi travail où elle n'a « rien obtenu », FO n'appelle pas à manifester le 12 septembre contre la réforme du code du travail. Mais la position suscite « colère » et « perplexité » d'une partie des militants qui ont décidé de battre le pavé.

« Certains militants sont dans la continuité de ce qu'on a fait l'année dernière contre la loi El Khomri », résume Patrice Clos, secrétaire général de FO Transports, qui va manifester la semaine prochaine. En 2016, l’unité syndicale était de mise. FO avait organisé 14 manifestations avec la CGT, Solidaires et FSU pour protester contre la loi travail.

Si le troisième syndicat français se montre critique envers la nouvelle réforme du code du travail, considérant « inacceptables » certaines de ses mesures, comme le niveau de plafonnement des indemnités prud'homales ou le droit à l'erreur reconnu à l'entreprise, la contestation dans la rue ne fait plus partie de ses options. Cette fois, Jean-Claude Mailly, son secrétaire général, a préféré privilégier la concertation car, explique-t-il, le rapport de force « ne s'exerce pas publiquement » mais « dans les coulisses ». « On a obtenu plus aujourd'hui avec la concertation qu'après trois mois de mobilisation contre la loi travail », insiste Yves Veyrier, membre de la direction de FO.

Côté politiques, une partie des socialistes ne veut pas aller dans la rue. C’est le cas du député PS des Landes Boris Vallaud. « Le 12 septembre, c'est une manifestation syndicale qui n'est pas unitaire, le 23 septembre c'est une manifestation d'un parti politique qui n'est pas le mien », a-t-il souligné.

Vendredi dernier, le président du groupe Nouvelle Gauche (PS) à l'Assemblée nationale, Olivier Faure, avait semblé trancher la position de son parti avec la décision du bureau nationale, en annonçant que le PS n'appelait pas à manifester.

Ceux qui hésitent à manifester, comme Martine Aubry

Invité de France Inter ce mercredi matin, Martine Aubry a évoqué la contestation prévue dans la rue contre les ordonnances. Si elle ne ferme pas la porte pour la manifestation à l’appel de la CGT, elle ne sera pas aux côtés de Jean-Luc Mélenchon : « Je regrette profondément qu'il n'y ait pas d'unité syndicale. Le 12 je verrai si j'y vais, pas le 23 ».

Toujours est-il que la maire PS de Lille est très critique sur la réforme. Elle estime qu’Emmanuel Macron et son gouvernement avaient pris « un mauvais départ », les accusant notamment d'organiser « la généralisation des emplois précaires ». L'ex-ministre du Travail puis des Affaires sociales affirme qu’avec la réforme du code du travail, « on reprend les vieilles recettes des années 80, du Medef ». « Croire que c'est en précarisant les salariés, en les licenciant plus facilement, en contournant les syndicats, en accroissant le pouvoir unilatéral du chef d'entreprise, qu'on rendra les entreprises plus compétitives, c'est vraiment une vision du passé ».

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