La conférence de presse de Christophe Castaner a bien failli prendre l’eau. Au sens propre. Le nouveau délégué général de La République En Marche, Christophe Castaner, (LREM) devait d’abord s’adresser à la presse depuis une péniche amarrée sur la Seine. Mais face à la forte crue du fleuve, les équipes du parti présidentiel ont dû trouver en urgence un plan B. Il s’appelle Le quartier général, grand loft du 11e arrondissement de Paris au style d’ancienne manufacture. Le lieu est plus habitué à recevoir des défilés de mode ou « quelques fêtes », s’amuse celui qui est aussi secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement. Il fait son entrée alors que les journalistes conviés traînent au buffet. Classique dans ce genre d’événement. Mais chez LREM, le discours vient après. Habituellement, c’est l’inverse. Encore un coup de la disruption, sûrement.
« Bottum up » is back
Patron du parti au pouvoir est peut-être, finalement, l’un des pires job en politique. Une sorte de cadeau empoisonné où les marges de manœuvre sont étroites. Harlem Désir, qui n’a pas laissé une trace impérissable à la tête du PS au début du quinquennat Hollande, ne dira pas autre chose. Pour Christophe Castaner, l’enjeu est de relancer le parti. Après l’euphorie de la présidentielle, il faut tourner la page d’un certain passage à vide post-électoral. D’abord par l’organisation. Mais aussi en appelant aux marcheurs et aux « projets citoyens ». Le « bottum up » is back. Un « Atelier des idées » devra même, rien de moins, aider à « préparer toute la suite du quinquennat ».
Mais pour relancer un parti, rien de tel qu’une élection. C’est son carburant. Le principe d’En marche, c’est d’avancer. Sinon, ça marche mal, forcément… Cap donc sur les européennes. C’est encore loin, en mai 2019. Mais le contour de la campagne se dessine déjà. Christophe Castaner entend « rassembler ceux qui croient profondément en l’Europe », « de Daniel Cohn-Bendit à Alain Juppé ». L’ancien premier ministre, qui n’a pas repris sa carte de membre des LR, avait déjà évoqué l’idée d’un « axe central » pour les européennes. D’ici là, le parti présidentiel va organiser une marche pour l’Europe le 24 mars prochain.
Castaner « rencontre beaucoup de maires » pour les municipales
LREM voit même plus loin, avec les municipales de 2020. Le jeune parti manque cruellement d’ancrage local. Il en a fait les frais lors des sénatoriales. Mais plutôt que partir de zéro, LREM est prêt à accueillir, comme il l’a fait pour les législatives, des élus de « l’ancien monde ». « Je rencontre beaucoup de maires » assure Christophe Castaner. Certains veulent juste « échanger », d’autres même « travailler » avec LREM. « Si un maire, élu avec une étiquette différente, marqué par le sceau de l’éthique et qui fait vivre un collectif, veut poursuivre et que nous trouvons un partenariat, pourquoi pas » lâche le délégué général. Mais s’il ne partage pas les « valeurs » du parti, « il aura un candidat LREM en face de lui ».
Interrogé au passage sur ses possibles ambitions pour la mairie de Marseille, Christophe Castaner a démenti toute velléité de se présenter, tout en ne fermant pas la porte, du bout des lèvres : « Ce n’est ni mon actualité, ni mon projet… à ce jour ». En politique, il ne faut jamais insulter l’avenir. D’autant, comme le souligne Christophe Castaner, qu’« on est très vite l’ancien monde de quelqu’un… »