Invités de l’émission Extra Local, le communiste Léon Deffontaines et l’eurodéputée Place publique Aurore Lalucq ont tous deux dénoncé l’action menée contre Raphaël Glucksmann, en marge d’une manifestation du 1er mai à Saint-Etienne.
« Lubrizol, c’est une pollution professionnelle et environnementale très grave » dénonce Annie Thébaud-Mony de l’Inserm
Par Public Sénat
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La commission d’enquête du Sénat créée suite à l’incendie de Lubrizol, a auditionné ce jeudi Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Cette sociologue de la santé qui a beaucoup travaillé sur les cancers d’origine professionnelle, n’a pas mâché pas ses mots durant son audition : « Lubrizol, c’est une pollution professionnelle et environnementale très grave. Les travailleurs sont les premiers concernés. Et pas seulement ceux du site (…) et les sous-traitants. Mais aussi tous ceux qui travaillent 8 heures par jour et qui ont travaillé 8 heures par jour, même au moment où le nuage passait. »
« L’épidémie de cancer en France, c’est 400 000 nouveaux cas par an. Moins de 0,5 % sont reconnus en maladie professionnelle. Ce qui est un scandale permanent parce que le travail tue par le cancer. Au niveau européen - parce que des pays font un travail différent - on peut estimer à environ 130 000 décès par an, le nombre de décès dû à des cancers professionnels. »
"Les travailleurs sont les premiers concernés"
La sociologue de la santé n’hésite pas à comparer l’accident de Lubrizol à ceux du World Trade Center ou de Fukushima, en expliquant qu’il s’agit ici aussi d’une catastrophe aux « conséquences sanitaires gravissimes ».
« Ce qui rassure c’est la réalité de faits »
Selon Annie Thébaud-Mony, ces conséquences sanitaires de l’incendie de Lubrizol doivent être vues « à long terme » : « Les cancers ce n’est pas dans trois ans, ce n’est pas dans 5 ans. Cela peut être dans 10, 20,30 (ans). »
Interrogée sur la défiance des citoyens vis-à-vis de la parole publique, la sociologue de la santé a répondu en soulignant les conséquences néfastes de « l’obsession des pouvoirs publics à rassurer » : « Ce qui rassure c’est la réalité de faits et comment on les combat. »
Et d’ajouter :« La première mesure qui aurait dû être prise, pour Lubrizol et pour les autres catastrophes, c’est de dire la réalité des faits : il y a une usine qui brûle, restez chez vous, fermez vos commerces. Ne sortez pas. Et on va faire des analyses de ce que ce nuage a transporté. La demi-mesure qui a été prise par rapport à l’agriculture, elle aurait dû être appliquée beaucoup plus tôt et pour toute la ville de Rouen. »