Macron / Collomb : le désamour
Invité de l’émission « On va plus loin », le journaliste Serge Raffy analyse le divorce entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb, alors que ce dernier a souhaité démissionner du gouvernement, malgré un premier refus du président de la République.

Macron / Collomb : le désamour

Invité de l’émission « On va plus loin », le journaliste Serge Raffy analyse le divorce entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb, alors que ce dernier a souhaité démissionner du gouvernement, malgré un premier refus du président de la République.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Mais qu’est-ce qui se passe ? » s’est interrogé le sénateur (LR) des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi,  à propos de l’embrouillamini lié à la démission de Gérard Collomb, de son poste de ministre de l’Intérieur. C’est bien la question que tout le monde se pose. Alors que Gérard Collomb était considéré comme son plus fidèle compagnon, le divorce est acté avec le président de la République.  

Serge Raffy , éditorialiste à L’Obs analyse cette rupture : « Au fond le couple Macron et Gérard Collomb, c’était le mariage de l’ancien monde et du nouveau monde, mais avec les idées de Gérard Collomb. Il ne faut jamais oublier que le président de la République s’est beaucoup appuyé sur les idées, sur la philosophie politique de Gérard Collomb (…) On est dans un mariage politique, idéologique entre les deux hommes. Donc ce qu’on est en train de vivre c’est vraiment une rupture aussi politique et idéologique. »

« Le devoir d’ingratitude »

Et il ajoute : « Gérard Collomb est celui qui a fait la courte échelle à Emmanuel Macron pour arriver à l’Élysée. Simplement, c’est la vie politique que l’on connaît, il y a des règles assez simples : c’est le devoir d’ingratitude (…) C'est-à-dire que quand on devient président de la République, on n’a plus d’amis, on n’a moins d’affidés, on est isolé. Et donc Gérard Collomb quelque part a pâti de ce devoir d’ingratitude. Il a payé cela. »

Pour le journaliste, le divorce entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb vient également du fait que le ministre de l’Intérieur « n’était peut-être pas le bon candidat pour ce poste » : « Il a un côté sénateur provincial, très sympathique, qui parle lentement, qui ne donne pas ce côté de fermeté qu’avaient les autres ministres de l’Intérieur. »

Serge Raffy explique qu’Emmanuel Macron avait surtout nommé Gérard Collomb à ce poste « parce qu’il voulait avoir un bouclier » : « Le ministère de l’Intérieur, [Emmanuel Macron] en avait peur parce qu’il était persuadé qu’il était toujours entre les mains des policiers  sarkozystes et (…) qu’il fallait absolument avoir quelqu’un de sûr au sommet pour contrôler (…) ce ministère un peu étrange. Et Gérard Collomb n’a pas pu le faire parce qu’au fond, peut-être, qu’il n’était pas préparé pour ça. Et peut-être qu’aussi Emmanuel Macron ne lui a pas donné toutes les armes pour le faire. »

Mais alors, peut-on parler d’ingratitude d’Emmanuel Macron vis-à-vis de Gérard Collomb ? « C’est ce que certains témoins nous disent » répond Serge Raffy. « Petit à petit le parrain, celui qui l’avait aidé à gravir toutes ces marches, était moins utile. Il y avait des nouvelles têtes qui arrivaient, de nouveaux chouchous (…) Et peut-être que Gérard Collomb avait fait son temps auprès d’Emmanuel Macron et que quelque part il le ressentait. Et donc, il avait certainement envie de partir depuis plusieurs mois. »

Partager cet article

Dans la même thématique

General policy speech by Prime Minister at Senate
10min

Politique

Budget : comment le Sénat va réduire l’effort demandé aux collectivités de 4,6 à 2 milliards d’euros

La majorité sénatoriale veut revenir sur l’effort demandé par le gouvernement aux collectivités. Le premier ministre a déjà fait des gestes devant les régions et les départements. « Un premier pas », reconnaît le sénateur LR Stéphane Sautarel, mais insuffisant. Pour compenser l’allègement de l’effort sur les collectivités, la majorité sénatoriale entend renforcer les économies sur d’autres ministères, notamment sur la « jeunesse, la recherche ou la culture ».

Le

7min

Politique

Insécurité dans les territoires d’Outre-mer : « Nous, les maires, nous sommes en première ligne pour lutter, mais on n’a pas de moyens pour le faire »

A la veille de l’ouverture du 107e congrès des maires à Paris, des élus des Outre-mer se sont retrouvés à Issy-les-Moulineaux ce lundi 17 novembre. Alors qu’ils font face à une criminalité et une délinquance grandissantes, dans des territoires en proie au narcotrafic, les maires, aux côtés de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, ont plaidé pour un « choc régalien ».

Le

Paris : session of questions to the government at the French National Assembly
6min

Politique

Budget 2026 : quels scénarios dans un calendrier de plus en plus contraint ?

Avec encore plus de 1 500 amendements restant à examiner en une semaine à l’Assemblée sur la partie recettes du projet de loi de finances, le calendrier budgétaire est de plus en plus contraint. Dans une assemblée divisée et avec le renoncement du gouvernement de recourir au 49.3, la possibilité d’une adoption des deux lois de finances avant le 31 décembre 2025 relève presque de la politique-fiction.

Le

Paris: Salon europeen de l Education
4min

Politique

Budget 2026 : Un rapport du Sénat dénonce « un coup dur porté à la jeunesse », avec une réduction de l’enveloppe dédiée au service civique

Comme en 2025, la mission sport, jeunesse et vie associative subie une sérieuse coupe dans le budget. Le service civique voit son enveloppe budgétaire réduite de 20 %, soit 114,4 millions d’euros par rapport à l’année dernière. « Se priver d’un dispositif qui fonctionne au moment où on a besoin de faire du lien social, c’est incompréhensible », regrette le rapporteur des crédits, Éric Jeansannetas (PS).

Le