Macron dans le Puy-de-Dôme pour défendre sa vision de l’agriculture

Macron dans le Puy-de-Dôme pour défendre sa vision de l’agriculture

Emmanuel Macron s’est rendu au chevet des agriculteurs avec un déplacement en Auvergne, près de Clermont-Ferrand. Il défend une agriculture « de qualité » où « bio » et « intensif » peuvent cohabiter. Sur l’affaire Lactalis, il a appelé à « tirer toutes les leçons de cette crise ».
Public Sénat

Par F.V.

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Grand écart. Après son discours devant le Forum économique mondial de Davos mercredi, Emmanuel Macron a adressé ses vœux aux agriculteurs, dans le Puy-de-Dôme, ce jeudi, alors que la profession est régulièrement sous tension face aux crises diverses que traverse le secteur. Une manière aussi de contrecarrer son image de « Président des riches » ou de « Président des villes » que ses opposants veulent lui coller. Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et patron des LR, Laurent Wauquiez, n’a d’ailleurs pas accueilli le Président sur place, préférant se rendre sur le plateau de l’émission politique de France 2 ce soir.

Emmanuel Macron a profité de son discours pour revenir sur l’affaire Lactalis. Il a assuré que l'Etat fera « toute la lumière » sur l'affaire du lait contaminé aux salmonelles. Il faudra en « tirer toutes les leçons », a-t-il prévenu, assurant qu’« il n'y aura aucune tolérance de l'Etat » sur la sécurité alimentaire. Hier, des parents d’un enfant tombé malade après avoir consommé du lait contaminé ont déposé une plainte contre Lactalis et les services de l’Etat.

« Nous sommes à un tournant pour notre agriculture »

« Nous sommes à un tournant pour notre agriculture » a souligné le chef de l’Etat lors de son discours dans la petite commune de Saint-Genès-Champanelle. Globalement, cela passe par ce qu’Emmanuel Macron appelle un « combat pour la valeur ». Pour le Président, il faut « continuer ce chemin de la qualité, de la différentiation », « développer parfois les circuits courts, du bio. Dans d’autres endroits, maintenir l’intensif mais réussir à se diversifier davantage. Il n’y a pas de stratégie nationale unique ». Il souligne cependant qu’« il y a des modes productifs qui n’ont plus d’avenir. Ça ne sert à rien de concurrencer les poulets néozélandais. (…) Nous aurons dans certaines filières des changements stratégiques à faire et certains acteurs à réorganiser » a-t-il prévenu.

Emmanuel Macron s’est prononcé pour une réorientation de la production des oléoprotéagineux (colza, tournesol..) en France vers l'alimentation animale ou humaine plutôt que l'énergie en construisant une « filière protéines » d'ici cinq ans. Après avoir souligné que la France dépendait d'importations extérieures en matière de soja non OGM, le président de la République a estimé que la France avait besoin d'une « vraie filière protéines ».

Négociations commerciales : Macron menace de dénoncer les mauvaises pratiques

Reste qu’il faut pouvoir vivre de l’agriculture. Ce qui n’est pas le cas de tous, loin de là. Ces changements ne sont pas possibles, « quand on vit pour certains avec 300 ou 400 euros » a reconnu le Président. Alors que des négociations commerciales sont en cours, Emmanuel Macron menace donc de donner des noms. « Nous allons nommer, nous allons dire. S'il n'y a pas de changement dans les dernières semaines de négociations, nous dirons aux consommateurs citoyens français qui fait quoi » a-t-il prévenu. Les secteurs de la distribution, de l'agroalimentaire et les producteurs agricoles ont signé le 14 novembre une charte de bonne conduite, censée permettre une meilleure répartition de la valeur entre les acteurs de la chaîne et arrêter la guerre des prix, en attendant le projet de loi issu des états généraux de l’alimentation. La charte, « est-ce qu'elle est respectée, je n'ai pas le sentiment aujourd'hui. Les bruits que j'entends ne sont pas encourageants », a lâché le chef de l’Etat, pour qui il faut « relever le seuil de revente à perte, encadrer les promotions ».

« Je ne considère pas que la mondialisation telle qu’elle va, tourne bien »

Autre gros sujet : la mondialisation, « sujet d’inquiétude ». « Je ne considère pas que la mondialisation telle qu’elle va, tourne bien ». Mais « infléchir notre stratégie agricole dans la mondialisation ne signifie pas que nous devons nous retirer de la mondialisation ». « Nous avons dans la mondialisation des opportunités à défendre » assure-t-il, appelant à être « très clair sur les lignes rouges dans les accords commerciaux », qui ne doivent « pas favoriser un acteur qui a un autre modèle économique et social ».

Pour Emmanuel Macron, « la bataille de l’ouverture se gagnera avec l’Europe ». Il en appelle à « une nouvelle PAC », alors que la Politique agricole commune va être renégociée entre Européens. « Notre PAC est trop complexe, elle est devenue illisible » dit-il. Il faut donc « une PAC plus simple, alimentée par une sorte de subsidiarité », « aller vers une PAC moins bureaucratique » mais « aux ambitions préservées », qui « soit un vrai mécanisme de protection et de lutte efficace contre la volatilité des prix ». Les agriculteurs, eux, attendent de voir.

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