Macron défie Le Pen sur ses terres
Emmanuel Macron, accusé d'avoir anticipé une victoire à la présidentielle française le 7 mai, repart en campagne mercredi en allant défier la...

Macron défie Le Pen sur ses terres

Emmanuel Macron, accusé d'avoir anticipé une victoire à la présidentielle française le 7 mai, repart en campagne mercredi en allant défier la...
Public Sénat

Par Béatrice LE BOHEC

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Emmanuel Macron, accusé d'avoir anticipé une victoire à la présidentielle française le 7 mai, repart en campagne mercredi en allant défier la candidate du Front national, Marine Le Pen, dans ses fiefs.

Le jeune candidat, 39 ans, doit d'abord se rendre à Amiens (Somme) pour rencontrer les salariés d'un site menacé de délocalisation en Pologne, puis à Arras (Pas-de-Calais), deux villes où la cheffe du Front national est arrivée en tête du premier tour dimanche.

Après un début de campagne du second tour sur les chapeaux de roues, celle qui se présente comme "la candidate du peuple" a convoqué mercredi son conseil stratégique de campagne. Après "Remettre la France en ordre", elle doit dévoiler un nouveau slogan.

La candidate anti-Europe et anti-immigration tiendra jeudi un grand meeting à Nice (Alpes-Maritimes), un des bastions de la droite, où l'ancien Premier ministre François Fillon l'avait devancée au premier tour.

Donné vainqueur le 7 mai par tous les sondages publiés depuis dimanche soir avec de 62% à 64% d'intentions de vote, Emmanuel Macron a pourtant reconnu que "rien n'est gagné" face à son adversaire, qui a annoncé vouloir "rassembler les patriotes (...) de droite ou de gauche".

L'attitude de M. Macron, qui a consacré son début de semaine à des consultations en vue d'une future majorité, a été critiquée par nombre de commentateurs, jugeant qu'il donnait l'impression "d'enjamber" le second tour.

Si M. Macron a recueilli des ralliements de tous bords pour "faire barrage" à l'extrême droite, il n'a toujours pas obtenu celui du tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (19,58% des voix au premier tour).

Des voix au sein du Parti socialiste ont appelé mercredi l'ex-candidat de la "France insoumise" arrivé dimanche en quatrième position à "se ressaisir".

"Quand on est de gauche, on ne biaise pas, on est immédiatement dans le combat contre le Front national", a affirmé le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis.

- 'Pas un chèque en blanc' -

D'autres responsables ont aussi mis en garde M. Macron, le prévenant qu'un bulletin en sa faveur ne valait pas adhésion.

Voter Macron, "ce n'est pas un chèque en blanc", a souligné le secrétaire général du Parti communiste, Pierre Laurent. Même écho au sein de l'un des principaux syndicats français, la CFDT, qui demande au candidat, accusé de vouloir mener une politique économique libérale, de "montrer un peu d'empathie à l'égard des plus fragiles".

Marine Le Pen sur le plateau de TF1, le 25 avril 2017, à Boulogne-Billancourt
Marine Le Pen sur le plateau de TF1, le 25 avril 2017, à Boulogne-Billancourt
AFP

Le président François Hollande lui a déjà lancé une mise en garde mardi, estimant que le score historique du FN au premier tour (21,3%) ne devait pas être sous-estimé.

"Je pense qu'il convient d'être extrêmement sérieux et mobilisé, de penser que rien n'est fait parce qu'un vote ça se mérite, ça se conquiert, ça se justifie, ça se porte", a-t-il déclaré mardi, appelant à ce que le score de l'extrême droite soit "le plus faible possible" le 7 mai.

"Ce n'est pas rien que l'extrême droite soit au deuxième tour d'une élection présidentielle", a-t-il insisté.

C'est la "campagne positive" d'Emmanuel Macron qui a permis d'éviter que l'extrême droite n'arrive en tête du premier tour, a répliqué mercredi un porte-parole du candidat, Benjamin Griveaux.

Très offensive sur le terrain depuis lundi, la candidate du Front national s'est, elle, engagée dans une délicate opération visant à séduire à la fois les électeurs du conservateur François Fillon et ceux de Jean-Luc Mélenchon.

"Mon adversaire a une vision désincarnée de la France, il est le candidat de l'oligarchie", a affirmé mardi soir Marine Le Pen à la télévision, estimant que "c'est la France qu'il faut choisir dans cette élection présidentielle, face à sa dilution dans une mondialisation sauvage".

"Je veux rassembler l'ensemble des patriotes, de droite ou de gauche, je ne regarde pas leur vote de premier tour", a-t-elle martelé, avant de revenir sur un de ses thèmes favoris, l'immigration: "Nous avons 7 millions de chômeurs et 9 millions de pauvres, or nous faisons venir 200.000 étrangers par an".

En attendant le débat télévisé qui les opposera le 3 mai, M. Macron et Mme Le Pen ont été vus ensemble mardi, pour un hommage national rendu au policier de 37 ans devenu la semaine dernière la 239e victime de la vague d'attentats jihadistes commis en France depuis janvier 2015.

Partager cet article

Dans la même thématique

Macron défie Le Pen sur ses terres
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Macron défie Le Pen sur ses terres
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le