Macron et Le Pen: deux programmes aux antipodes, surtout sur l’Europe

Macron et Le Pen: deux programmes aux antipodes, surtout sur l’Europe

Les programmes des deux finalistes de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, sont aux antipodes l'un de l...
Public Sénat

Par Vincent DROUIN

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Les programmes des deux finalistes de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, sont aux antipodes l'un de l'autre, l'opposition atteignant son paroxysme sur l'Europe.

- Europe

La présidente du Front national (FN) Marine Le Pen veut négocier à Bruxelles la sortie de l'euro et de l'espace Schengen.

A l'issue des négociations, se tiendrait un référendum sur l'appartenance à l'Union européenne.

Elle réclame aussi la suppression de la directive sur les travailleurs détachés et refuse le traité de libre-échange CETA entre l'UE et le Canada.

Emmanuel Macron propose le lancement dans toute l'Union européenne, après les élections allemandes de l'automne 2017, de conventions démocratiques, qui aboutiront à un projet adopté par tous les pays le souhaitant.

Il prône pour la zone euro un budget propre, un Parlement et un ministre des Finances. Il souhaite limiter à un an la durée autorisée de séjour d'un travailleur détaché. Il défend le traité CETA.

- Immigration

Marine Le Pen entend réduire l'immigration à un solde annuel de 10.000 personnes. Elle restreindrait les conditions de l'asile, durcirait le regroupement familial et rendrait impossible la régularisation des étrangers en situation illégale. Elle prévoit l'expulsion automatique des criminels et délinquants étrangers.

Elle supprimerait le droit du sol pour l'acquisition de la nationalité française, supprimerait l'aide médicale d'Etat et imposerait un délai de 2 ans de présence régulière pour qu'un étranger puisse voir ses soins remboursés.

Elle bannirait voile et burkini de l'espace public, contrairement à Emmanuel Macron.

Ce dernier promet l'examen des demandes d'asile en moins de 6 mois, recours compris.

Il promet une prime de 15.000 euros sur trois ans à une entreprise embauchant un jeune d'un quartier en difficulté.

- Social

Marine Le Pen veut rétablir la retraite à 60 ans et abolir la loi travail, contrairement à son adversaire.

Les deux candidats gardent une durée légale du travail à 35 heures et rétabliraient l'exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires. Marine Le Pen les exonérerait aussi d'impôts. Elle autorise un allongement du temps de travail négocié au niveau des branches, alors que M. Macron le prévoit aussi au niveau des entreprises.

Emmanuel Macron prévoit l'unification des régimes de retraite et le passage de l'assurance-chômage et de la formation professionnelle (actuellement géré par les partenaires sociaux) sous le giron de l'Etat. Un chômeur refusant deux offres d'emplois "décentes" verraient ses allocations suspendues, et un système de bonus-malus sur les CDD serait imposé aux entreprises.

Emmanuel Macron supprimerait 120.000 postes de fonctionnaires, en épargnant l'hôpital, et en créant 10.000 postes de policiers et 4 à 5.000 d'enseignants.

Marine Le Pen veut plus de personnel au service de l'Etat et des hôpitaux, et moins des collectivités locales. Avec 21.000 embauches dans la police et la douane.

- Fiscalité

Emmanuel Macron supprimerait les cotisations maladie et les cotisations chômage (salariales et patronales), en augmentant de 1,7 point la CSG (sauf pour les chômeurs et petits retraités).

Marine Le Pen taxerait à 35% les produits des entreprises délocalisant leurs usines, et pénaliserait l'embauche de salariés étrangers. Elle baisserait de 10% l'impôt sur le revenu sur les trois tranches les plus basses.

Elle annulerait l'instauration du prélèvement à la source, prévu en 2018, tandis que M. Macron expérimenterait la mesure pendant un an.

Ce dernier veut exonérer dans les trois ans 80% des foyers de la taxe d'habitation et transformerait l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en un "impôt sur la fortune immobilière" dont serait donc exempté le patrimoine financier. Mme Le Pen ne toucherait pas à cet impôt.

- Energie et agriculture

Emmanuel Macron réduirait d'ici 2025 la part du nucléaire à 50% de la production d'énergie, alors que Marine Le Pen défend le nucléaire.

Elle baisserait la TVA sur l'élevage français tandis que M. Macron s'engage à n'ajouter, pour les agriculteurs, aucune norme française aux normes européennes.

- Education et famille

Marine Le Pen supprimerait le collège unique et la réforme des rythmes scolaires, et imposerait le port de l'uniforme à l'école.

Emmanuel Macron donnerait l'autonomie aux établissements pour recruter, favoriserait les zones d'éducation prioritaire par des primes aux enseignants et des classes plus réduites, et interdirait les téléphones portables à l'école.

Mme Le Pen remplacerait le mariage homosexuel par une union civile et réserverait la PMA (Procréation médicalement assistée) aux couples stériles, alors que M. Macron l'ouvrirait à toutes les femmes.

- Institutions

Emmanuel Macron exigerait des élus un casier judiciaire vierge et limiterait à trois le nombre de mandats successifs.

Mme Le Pen convoquerait un référendum pour inscrire la "préférence nationale" dans la Constitution. Elle instaurerait la représentation proportionnelle avec une prime majoritaire, une réforme à laquelle M. Macron n'est pas opposé.

Dans la même thématique

Macron et Le Pen: deux programmes aux antipodes, surtout sur l’Europe
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Macron et Le Pen: deux programmes aux antipodes, surtout sur l’Europe
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le