Macron fait durer le suspense et tarde à recomposer son gouvernement
Le gouvernement français restera en sursis au moins jusqu'à samedi, l'exécutif n'ayant toujours pas nommé de nouveau ministre de l'Intérieur...
Par Fabien ZAMORA avec Marc PREEL
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Le gouvernement français restera en sursis au moins jusqu'à samedi, l'exécutif n'ayant toujours pas nommé de nouveau ministre de l'Intérieur depuis le 3 octobre, un délai particulièrement long, qui illustre la difficulté pour Emmanuel Macron de gouverner sans le soutien d'un parti ancien et implanté.
Le remaniement "n'aura pas lieu avant le départ du président de la République en Arménie ni tant qu'il sera à Erevan" d'où il revient vendredi soir, a fait savoir le palais de l'Elysée mercredi matin, alors que les médias spéculent depuis une semaine sur qui pourra remplacer Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur démissionnaire qui a plongé le gouvernement dans cette étrange situation.
Emmanuel Macron "souhaite prendre tout le temps nécessaire, dans le calme, le professionnalisme et le respect des personnes, à la composition d'une équipe cohérente et de qualité au service des Français", ajoute la présidence, qui a précisé que le remaniement concernera plusieurs ministères.
L'opposition dénonce elle une "immense fébrilité au sommet de l'État, avec une succession de couacs et une incapacité à tracer un cap. On se demande si la France a toujours un capitaine", a dit le numéro trois du parti de droite Les Républicains, Guillaume Peltier.
Le Premier ministre Edouard Philippe à la sortie du Conseil des ministres au Palais de l'Elysée à Paris, le 10 octobre 2018
AFP
Dans un contexte de menace terroriste, "ça devient extrêmement long et la situation de la France commande un ministre de l'Intérieur à temps plein", s'est-t-il inquiété. C'est le Premier ministre Edouard Philippe qui assure par intérim le poste clé de ministre de l'Intérieur.
"Il y a une espèce de mousse un peu exagérée sur le fait que l'on prenne huit ou dix jours pour constituer, ou modifier, une équipe", a tenté de tempérer le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, un des fidèles d'Emmanuel Macron.
- "A l'ombre du président" -
"Attention danger! On est devant une situation périlleuse et un gouvernement qui n'est pas nommé après plus d'une semaine maintenant, c'est quand même inédit", a prévenu le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner.
Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand le 09 octobre 2018
AFP
Et de pointer une des explications possibles pour justifier une telle lenteur : la faiblesse structurelle de la base politique d'Emmanuel Macron, qui le prive d'un éventail de cadres de confiance.
"Ça montre aussi les limites du macronisme", a-t-il jugé. "Est-ce qu'il a une histoire? Non. Est-ce qu'il y a un parti organisé au sens classique du terme? Manifestement, non".
Emmanuel Macron, dans son accession météorique aux plus hautes charges et armé de sa volonté de briser les structures anciennes, n'a pas bâti son pouvoir sur des fondations politiques profondes, et son mouvement, la République en marche (LREM), manque de figures proéminentes, de lieutenants sur lesquels il pourrait s'appuyer presque aveuglément.
Cette difficulté, "c'est le corollaire du renouvellement sans précédent opéré en 2017" estime Chloé Morin de l'Institut Ipsos.
"Quand vous n'avez pas d'appareil politique ancré localement, où vous avez pu tester les gens, dans des partis qui sont une forme d'institution d'éducation politique, vous êtes un peu démunis", analyse le politologue Pascal Perrineau.
La République en Marche, créée en 2016 par Emmanuel Macron pour accompagner son ascension, a siphonné avec succès le Parti socialiste et les Républicains par le centre. Mais elle reste une structure tendre, agrégeant des personnalités d'horizons différents qui ne sont pas soudées par un parcours commun.
De plus, Emmanuel Macron occupe tellement l'espace médiatique que ses lieutenants ont du mal à exister. "La figure présidentielle phagocyte l'essentiel de l'attention médiatique et des attentes de l'opinion, par conséquent ceux qui grandissent à l'ombre du président ont du mal à prendre la lumière", note M. Perrineau.
Face aux rumeurs de possible mésentente entre Emmanuel Macron et son Premier ministre Edouard Philippe, ce dernier a assuré mercredi à l'Assemblée nationale qu'il n'y avait pas "le début du commencement de la moitié d'une feuille de papier à cigarette" entre le président et lui.
Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.
A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.
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Réagissant à la publication d’un livre à charge sur le fonctionnement de la France insoumise, Patrick Kanner, le président du groupe PS au Sénat, épingle le rôle joué par Jean-Luc Mélenchon. Il appelle la gauche à tirer les enseignements de cet ouvrage.