Macron impose sa « Marche » sur la primaire
Alors que l’incertitude demeure sur la mobilisation de la primaire de gauche, des parlementaires socialistes seraient tout proche de franchir le pas vers le mouvement En Marche.

Macron impose sa « Marche » sur la primaire

Alors que l’incertitude demeure sur la mobilisation de la primaire de gauche, des parlementaires socialistes seraient tout proche de franchir le pas vers le mouvement En Marche.
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Et si le grand gagnant de la primaire de gauche était Emmanuel Macron ? A l’issue des deux premiers débats, un premier constat : l’engouement n’est pas là. Des audiences en berne, des candidats qui peinent à se démarquer, et surtout, que ce soit par les sondages ou la mobilisation, aucun n’arrive à égaler la dynamique Macron. Dans ces conditions, la perspective de voir le vainqueur du 29 janvier accéder au second tour de la présidentielle semble aujourd’hui de la politique fiction. Tant est si bien, qu’une semaine avant le premier tour de la primaire, c’est Emmanuel Macron qui fait les gros titres des quotidiens.

Macron ne sera pas le porteur d’eau du vainqueur de la primaire

D’abord, un nombre à 4 chiffres qui devient récurrent. 5000 personnes sont venus l’écouter samedi au Zénith de Lille. Alors que les déplacements des candidats de la primaire peinent à en rassembler quelques centaines. François Hollande préfère, lui, aller voir Michel Drucker au théâtre plutôt que regarder le débat de la primaire. Et des propos, démentis par l’Elysée,  prêtés à l’avocat Dominique Willemot, proche du chef de l’Etat, annonçant que François Hollande allait probablement soutenir Emmanuel Macron. Sûr de sa force, le président d’En Marche, a, ce week-end, déjà enterré le futur vainqueur de la primaire. « C’est rarement à celui qui est en tête au passage du col qu’il revient d’apporter les bidons à celui qui est resté au premier virage de la montée » estime-t-il dans les colonnes de La Voix du Nord. Et pour le reste du peloton de Solférino qui voudrait changer de braquet en cour de route, l’entourage d’Emanuel Macron prévient, dans le Parisien : « on ne prendra pas les crevards ! » ou encore « il n’y aura pas de macronistes du 30 janvier » (L’Opinion).

« Il y aura une foule de ralliements de parlementaires qui voudront sauver leurs circonscriptions »

Contacté par publicsenat.fr, le sénateur PS François Patriat, soutien indéfectible d’Emmanuel Macron, ne confirme pas cet ultimatum. Selon lui, ce serait justement après le 29 janvier que le gros des ralliements se fera. « Lors du meeting de Lyon (4 février ndlr), il y aura une foule de ralliements de parlementaires qui voudront sauver leurs circonscriptions » prédit-il. « Beaucoup de socialistes attendent la fin de la primaire pour décider ou non s’ils rejoignent Emmanuel Macron. Si Manuel Valls sort vainqueur beaucoup resteront dans le giron du PS » tempère le sénateur PS, Jean-Jacques Filleul, autre soutien de la première heure du leader d’En Marche. Il n’empêche, la question d’un retrait du vainqueur de la primaire de gauche au profit d’Emmanuel Macron est dans toute les têtes, y compris dans celles des principaux intéressés. Sur Europe 1, ce lundi, Manuel Valls indique qu’en cas de victoire, il parlerait avec l’ancien ministre de l’Economie « pour créer les conditions du rassemblement ». Mais dans l’espoir que le rapport de force s’inverse, il ajoute : « le candidat issu de la primaire aura une force et une légitimité, j'en suis convaincu ». Sur France Inter, Vincent Peillon admet qu’il faudra bien discuter de « Macron à Mélenchon, en passant par Jadot ». Le directeur de campagne d’Arnaud Montebourg, François Kalfon réfute, lui, tout désistement de son champion et relativise la popularité d’Emmanuel Macron : « Vous faites 4000 à Lille et trois millions dans la primaire et c’est la personne qui fait 4000 à Lille qui doit s’imposer contre ceux qui auront le suffrage de trois millions de personnes alors que certains ont les sondages et le bénéfice des commentateurs ? Ca n’existe même pas que le candidat issu de la primaire se retire. » (Public Sénat/ Sud Radio). Quand à Benoît Hamon, sa ligne semble inconciliable avec celle de l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée. « Emmanuel Macron n'est pas de gauche quand il remet en cause les 35 heures ou l'ISF », a-t-il tranché sur BFMTV et RMC.

« Le projet d’Emmanuel Macron peut contribuer à la rénovation du PS »

L’OPA d’Emmanuel Macron sur la gauche réformiste pour la présidentielle dépendra de l’ampleur de la mobilisation à la primaire de la Belle Alliance Populaire et du nom du vainqueur. Une équation résumée, ce week-end, par  Ségolène Royal, elle–même  de plus en plus « Macron compatible ». « Une fois désigné le vainqueur de la primaire, je verrai en fonction de tout: de l'ambiance, du niveau de la primaire, de ce qui se passe, de ce qui se dit. Je n'ai aucune contrainte. Je ferai ce qui me semble le plus utile à la victoire de la gauche ».Les  soutiens du leader d’En Marche, eux, en sont convaincus : l’heure est venue de faire de la politique autrement. « Si je cite l’Evangile selon saint Macron, il est temps pour nous de nous rénover » plaisante François Patriat. L’ancienne ministre du commerce extérieur, Nicole Bricq estime « que le PS n’a pas fait sa mue, n’a plus d’idée nouvelle et a été trop généreux avec les frondeurs. Le quinquennat a montré qu’on ne peut pas gouverner avec 25% des voix. Il faut une majorité solide de progressistes » affirme-t-elle. Une analyse partagée par Jean-Jacques Filleul. « En 5 ans de pouvoir de François Hollande, ses principaux adversaires venaient du PS. Emmanuel Macron est le seul qui peut rassembler tous ceux et celles qui, à gauche, au centre, à droite, pensent qu’on ne peut plus faire de la politique comme il y a 100 ans. Et en cela, il peut contribuer à la rénovation du PS et en faire un grand parti social démocrate ».

«  Nous ne souhaitons pas un Solférino Bis »

Bariza Khairi:« nous ne souhaitons pas un Solférino Bis »
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La question du ralliement des parlementaires socialistes pose néanmoins un problème stratégique à Emmanuel Macron.  Selon Nicole Bricq, un accord d’appareil avec le PS, affaiblirait le mouvement  de l’ancien ministre de l’Economie car rebuterait « ceux qui font le chemin vers En Marche de l’autre côté de l’échiquier politique ». Interrogée par Public Sénat, la sénatrice PS de Paris, Bariza Khiari déléguée d’En Marche ! reconnait que le plus dur « sera de gérer » ces ralliements. « Il ne faut pas que le mouvement perde en singularité et nous ne souhaitons pas du tout un Solférino bis »(…) Les ralliements individuels seront acceptés avec plaisir (….) mais il n’y aura pas d’accord d’appareil ça c’est une évidence ».

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