Macron – Le Pen : un match plus serré qu’annoncé

Macron – Le Pen : un match plus serré qu’annoncé

Malgré un départ de campagne difficile pour Marine Le Pen, concurrencée sur son terrain par le candidat Éric Zemmour, le ticket final pour le second tour semble se dessiner de plus en plus nettement. Après longtemps être restée stable autour de 17-18 % des intentions de vote au premier tour, la candidate du RN voit aujourd’hui sa campagne prendre une nouvelle tournure : elle est en effet désormais créditée de 21 % des intentions de vote selon plusieurs instituts de sondage et l’écart avec Emmanuel Macron, à 28 %, se resserre.
Public Sénat

Par Juliette Bezat

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La campagne de Marine Le Pen avait pourtant mal démarré. Pour la première fois, l’extrême droite se retrouvait profondément divisée entre deux candidats, après le surgissement inattendu d’Éric Zemmour. Champion de l’automne, le polémiste d’extrême droite avait en effet lancé sa propre campagne sur les chapeaux de roues, bénéficiant d’une forte dynamique dans les sondages et de nombreux ralliements de cadres nationaux et locaux du RN. A tel point que plusieurs instituts de sondage commençaient même à le tester au second tour face à Emmanuel Macron. Pourtant, force est de constater que Marine Le Pen a résisté à la poussée Zemmour.

Marine Le Pen gagne du terrain à quinze jours du premier tour

Pour le politologue Emmanuel Rivière, directeur international pour les études politiques de Kantar Public, Marine Le Pen semble bien « capable de rassembler son niveau [de socle électoral] de 2017 tout en ayant un apport de voix significatif », et estime que sa réserve électorale serait de deux fois supérieure à celle de 2017, Nicolas Dupont-Aignan et Éric Zemmour aidant. De surcroît, selon l’enquête réalisée par EPOKA et Kantar Public sur le potentiel et le rapport de force électoral, publiée le 24 mars, elle disposerait d’un noyau dur (13 %) et d’un potentiel électoral plus important que le candidat de Reconquête (7 %). L’enquête révèle que sur l’ensemble des électeurs hésitants, 7 % oscilleraient entre Marine Le Pen et Éric Zemmour « même s’ils indiquent une préférence pour la première ».

La dynamique Macron semble s’essouffler

Le Président de la République sortant, qui a longtemps caracolé seul en tête dans les sondages au point qu’il semblait assuré d’une victoire large et facile, voit sa dynamique s’essouffler progressivement face à la récente poussée Le Pen. Crédité de 31 % des intentions de vote au premier tour sur la première moitié du mois de mars, Emmanuel Macron est désormais sous la barre des 30 %, à 28 % selon l’IFOP. Pour Emmanuel Rivière, ce recul s’explique en partie par un « réajustement par rapport à un moment où il a beaucoup été mis en avant » au début de la guerre en Ukraine. Aussi, le politologue évoque l’hypothèse selon laquelle « l’annonce de son programme n’est pas faite de propositions consensuelles, à commencer par la retraite à 65 ans ».

Aujourd’hui de 9 points, l’écart se resserre donc entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Pour Emmanuel Rivière, Marine Le Pen « gagne du crédit et est en passe de rattraper ce qu’elle a esquinté il y a cinq ans, et peut-être que le débat du second tour lui en donnera l’occasion ». Il convient néanmoins d’être prudent, car il est « difficile de dire qu’elle est mieux placée qu’il y a cinq ans, compte tenu des intentions de vote dont on dispose, car Emmanuel Macron est en meilleure position qu’en 2017 ». En outre, selon notre baromètre mensuel d’Odoxa-Mascaret, réalisé pour les chaînes parlementaires et la presse quotidienne régionale, 46 % des personnes interrogées estiment qu’il est un bon président de la République. Emmanuel Macron retrouve un niveau de popularité qui n’a plus été atteint depuis le printemps 2018. En tout état de cause, Marine Le Pen a déjà gagné le match au sein de l’extrême droite et elle semble désormais bien partie pour être au second tour : elle apparaît comme la principale challenger d’Emmanuel Macron.

 

 

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Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. 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Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. 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