Macron lundi devant le Congrès pour son grand discours programmatique
Emmanuel Macron s'adressera lundi au Congrès, à Versailles, pour tracer les lignes de force de son quinquennat, une initiative controversée,...

Macron lundi devant le Congrès pour son grand discours programmatique

Emmanuel Macron s'adressera lundi au Congrès, à Versailles, pour tracer les lignes de force de son quinquennat, une initiative controversée,...
Public Sénat

Par Hervé ASQUIN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Emmanuel Macron s'adressera lundi au Congrès, à Versailles, pour tracer les lignes de force de son quinquennat, une initiative controversée, boycottée même par certains, à la veille du discours de politique générale du Premier ministre, ainsi court-circuité.

A 15H00, le chef de l'Etat rejoindra l'Aile du Midi du château de Versailles pour s'adresser solennellement aux deux chambres du Parlement réunies et, à travers elles, aux Français.

Une sorte de "discours sur l'état de l'Union" comme celui prononcé chaque année par le président américain, a expliqué le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. Au président, "les grandes orientations", au Premier ministre, leur "mise en oeuvre", a-t-il résumé.

Mais ce partage des rôles n'est pas du goût de tous parmi les 577 députés et 348 sénateurs conviés à Versailles. Quelques-uns manqueront à l'appel, à commencer par les députés du groupe La France insoumise ainsi que l'ensemble des parlementaires communistes.

Nicolas Sarkozy fait un discours au Château de Versailles devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, pour la première fois de la Ve République, le 22 juin 2009
Nicolas Sarkozy fait un discours au Château de Versailles devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, pour la première fois de la Ve République, le 22 juin 2009
POOL/AFP

Pour Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, Emmanuel Macron "franchit un seuil dans la dimension pharaonique de la monarchie présidentielle" en ravalant son Premier ministre au rang de "collaborateur" en le devançant de 24 heures, les parlementaires communistes dénonçant aussi un passage en force de la réforme du Code du travail à coups d'ordonnances.

Deux députés UDI, Jean-Christophe Lagarde et Philippe Vigier, avaient pris les devants, le premier critiquant un chef de l'Etat qui "passe son temps à faire à la fois le travail de président de la République et de Premier ministre".

Avant la réforme constitutionnelle de 2008, a cependant rappelé Christophe Castaner, il était "d'usage" que le "président s'adresse à sa majorité" par un message lu par le Premier ministre devant le nouveau Parlement.

- Tracer le "chemin" -

"François Mitterrand l'avait fait dès juillet 1981, le général de Gaulle, Jacques Chirac, Georges Pompidou, tous l'ont fait, sauf François Hollande et Nicolas Sarkozy", a-t-il fait valoir.

Nicolas Sarkozy entouré de gardes républicains arrive au Château de Versailles pour faire un discours devant le Parlement réunis en Congrès  le 22 juin 2009
Nicolas Sarkozy entouré de gardes républicains arrive au Château de Versailles pour faire un discours devant le Parlement réunis en Congrès le 22 juin 2009
POOL/AFP/Archives

Clôturant un séminaire gouvernemental à Nancy, le chef du gouvernement a voulu samedi éteindre la polémique: "Le président de la République, lundi devant le Congrès, va fixer le cap. Ce cap, il nous appartient à nous, membres du gouvernement, de l'atteindre", a dit Edouard Philippe.

Quoi qu'il en soit, ce discours sera d'autant plus attendu que la parole du chef de l'Etat, abondante sur la scène internationale, s'est faite particulièrement rare sur la scène intérieure depuis son investiture, le 14 mai.

Emmanuel Macron a de surcroît fait savoir qu'il n'accorderait pas d'interview à l'occasion du 14 Juillet, rompant avec une tradition de 40 ans initiée par Valéry Giscard d'Estaing.

Le Premier ministre Edouard Philippe avec l'astronaute Thomas Pesquet à Nancy, le 30 juin 2017
Le Premier ministre Edouard Philippe avec l'astronaute Thomas Pesquet à Nancy, le 30 juin 2017
AFP

Sur le fond, son adresse qui devrait longuement évoquer la réforme du marché du travail pourrait ainsi prendre une dimension similaire à celle, restée célèbre, de Gerhard Schröder, le 14 mars 2003. Annonçant l'"Agenda 2010", le chancelier allemand de l'époque avait promis du sang et des larmes à ses compatriotes mais pavé le chemin du retour au plein emploi outre-Rhin.

Le discours d'Emmanuel Macron pourrait faire écho aussi au "Jobs act" de l'Italien Matteo Renzi ou aux réformes libérales engagées par David Cameron en Grande-Bretagne.

Pressé samedi par des journalistes de dire si certaines promesses de campagne d'Emmanuel Macron pourraient être décalées dans le temps pour tenir compte du dérapage budgétaire hérité du quinquennat Hollande, le Premier ministre a éludé, renvoyant à sa propre déclaration de politique générale mardi et aux discussions budgétaires prévues d'ici à fin juillet au Parlement.

Edouard Philippe, qui détaillera mardi la feuille de route gouvernementale devant l'Assemblée, n'a "aucun domaine sur lequel il s'interdit de se poser des questions", avait aussi précisé vendredi soir une source proche.

Le Premier ministre Edouard Philippe à Nancy, le 1er juillet 2017
Le Premier ministre Edouard Philippe à Nancy, le 1er juillet 2017
AFP

Le Parlement entamera ensuite ses travaux avec le projet de loi prolongeant le régime d'état d'urgence décrété après les attentats jihadistes du 13 novembre 2015.

L'état d'urgence doit être renouvelé une sixième et dernière fois, jusqu'au 1er novembre, avant qu'une nouvelle loi antiterroriste n'en pérennise certaines mesures en les inscrivant dans le droit commun

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Macron lundi devant le Congrès pour son grand discours programmatique
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le

Macron lundi devant le Congrès pour son grand discours programmatique
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le