Macron met la pression sur le gouvernement remanié
Les 35 membres du gouvernement remanié sont prévenus: Emmanuel Macron leur a détaillé mercredi la longue liste des réformes qu'il veut continuer...

Macron met la pression sur le gouvernement remanié

Les 35 membres du gouvernement remanié sont prévenus: Emmanuel Macron leur a détaillé mercredi la longue liste des réformes qu'il veut continuer...
Public Sénat

Par Laurence BENHAMOU, Jérôme RIVET

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Les 35 membres du gouvernement remanié sont prévenus: Emmanuel Macron leur a détaillé mercredi la longue liste des réformes qu'il veut continuer à mettre en oeuvre, en les avertissant que leur tâche n'avait "rien d'aisé".

"Beaucoup de nos concitoyens pensent que c'est chose facile, certains même vont à imaginer que c'est un privilège d'être ministre. C'est un honneur (...) Mais ça n'a rien d'aisé par les temps que nous vivons", a averti le chef de l'Etat en ouvrant le Conseil des ministres.

Pour l'occasion, ils étaient tous là - le Premier ministre, les 21 ministres et les 13 secrétaires d'Etat - à se serrer autour de la table du Conseil des ministres dans le salon Murat de l'Elysée, là où ils n'étaient que 22 au début du quinquennat (18 ministres et 4 secrétaires d'Etat).

Durant une introduction d'un quart d'heure, exceptionnellement filmée et transmise à la presse, Emmanuel Macron leur a résumé les multiples "chantiers" ouverts ou à venir pour "faire de la France une puissance du XXIe siècle".

Mardi soir, lors d'une courte allocution télévisée, il avait déjà affirmé "une volonté d'action plus forte encore". Avec le souhait de tourner la page d'un été et d'une rentrée parasités par l'affaire Benalla et une série de polémiques, qui l'ont fait plonger dans les sondages.

Le président Emmanuel Macron (C) préside le conseil des ministres, le 17 octobre 2018 à Paris
Le président Emmanuel Macron (C) préside le conseil des ministres, le 17 octobre 2018 à Paris
POOL/AFP

"Après l'intervention d'hier soir, les choses sont claires: on ne lâche rien, on ne se laisse pas distraire", a résumé mercredi Sébastien Lecornu, ministre délégué aux Collectivités territoriales. "Il n'y a pas de changement de politique, parce que personne ne le comprendrait".

"Heureusement qu'il n'y a pas de changement de cap. Cela voudrait dire que le cap initial était erroné", a renchéri sur Franceinfo le patron du MoDem François Bayrou, l'un des interlocuteurs privilégiés de l'exécutif sur le remaniement.

- "Insignifiant" -

Le gouvernement d'Edouard Philippe
Le gouvernement d'Edouard Philippe après le remaniement
AFP

Devant les ministres, Emmanuel Macron a énuméré les réformes à venir: "Créer une flexisécurité à la française", faire de la France "une nation éducative", fonder une "puissance environnementale du XXIe siècle". Il a aussi promis une réforme "extrêmement ambitieuse" de l'Etat "dans les prochains mois". "Le tout suppose de savoir nous réformer nous-mêmes", a-t-il conclu.

En soirée, le nouveau gouvernement s'est réuni en séminaire au centre de formation "Cuisine mode d emploi(s)" dans l'est parisien. L'occasion pour Edouard Philippe d'"indiquer l'esprit" dans lequel il souhaite pouvoir organiser le travail des mois qui viennent.

"Un esprit qui est identique à celui qui prévaut" depuis le début du quinquennat: "concentration, solidarité, détermination, audace dans les réformes et une certaine forme d'enthousiasme", a dit le Premier ministre.

Mais selon trois sondages publiés, une majorité de Français est mécontente de la composition du nouveau gouvernement et regrette l'absence de changement de cap.

Pour Bruno Retailleau (LR), ce remaniement "insignifiant" "traduit d'abord une présidence essoufflée", dont la politique "ne produit pas de résultats". Commentant l'allocution du président, Marine Le Pen (RN) n'y a vu "aucune vision politique". Les politologues ont qualifiée de "ratée" l'allocution de M. Macron mardi soir, pré-enregistrée à l'Elysée dans une ambiance sombre.

"C'était étonnant, du jamais vu. Le cadrage, l'éclairage de la partie gauche seulement... le président avait l'air sinistre", a estimé Christian Delporte, historien des médias. "C'était crépusculaire sur la forme et sur le fond. On a l'impression d'un certain amateurisme comme sous François Hollande", a noté Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication.

Une première polémique a surgi sur une nouvelle venue au gouvernement, issue du privé: la secrétaire d'État à l'Écologie Emmanuelle Wargon, ancienne cadre de Danone, défendait publiquement l'huile de palme il y a encore quelques mois, une position dénoncée dès mercredi par les écologistes.

Une vidéo la montre en train d'expliquer, lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence en juillet, que "l'huile de palme est le meilleur des ingrédients pour les laits infantiles".

Mais elle "n'était pas lobbyiste" et a aujourd'hui dans sa "feuille de route" le "combat" contre cette huile, a assuré mercredi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

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