Macron tente un changement de communication à la veille d’une rentrée délicate

Macron tente un changement de communication à la veille d’une rentrée délicate

En panne dans les sondages à la veille d'une rentrée délicate, le président Emmanuel Macron amorce un virage à 180 degrés dans sa...
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Par Sabine WIBAUX

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En panne dans les sondages à la veille d'une rentrée délicate, le président Emmanuel Macron amorce un virage à 180 degrés dans sa stratégie de communication en renonçant à la parole rare, pour s'adresser désormais plus régulièrement aux Français.

"Ce n'est pas un changement de stratégie car le président a vocation à prendre la parole dans un moment utile et pertinent" alors que "l'action du gouvernement entre dans une nouvelle étape", se défend l'entourage du chef de l'Etat.

Mais, de fait, Emmanuel Macron a pris ces derniers jours deux initiatives en rupture avec des principes qu'il s'était fixé en termes de communication à son arrivée au pouvoir.

Depuis Vienne, il s'est ainsi livré à un long plaidoyer sur ses projets de réforme en France, dérogeant à sa propre règle de ne pas s'exprimer sur la politique française à l'étranger.

Plus encore, quelques heures après, c'est dans un "off" avec quelques journalistes invités à bord du Falcon présidentiel, que le chef de l'Etat a annoncé sa volonté de s'adresser plus fréquemment aux Français.

Selon les trois médias invités (L'Obs, Le Monde, Ouest France), au-delà d'interviews ponctuelles qu’il accordera à la presse écrite et aux chaînes de télévision, Emmanuel Macron compte dorénavant privilégier les interventions à la radio, un média de proximité qui, dans son esprit, aurait l’avantage de toucher un public large et populaire.

Une innovation tranchant fortement avec l'attitude du président qui, depuis son élection, évite le plus souvent les questions des journalistes dans ses déplacements hexagonaux, privilégiant la communication visuelle et les réseaux sociaux.

Pourquoi un tel revirement et celui-ci peut-il ranimer la cote de popularité du chef de l'Etat, constamment à la baisse depuis début juillet?

Jusqu'à maintenant, "Emmanuel Macron était sur une parole présidentielle rare mais saturait en revanche l'espace d'images. Prendre la parole davantage pour expliquer son action, donner un sens à la transformation du pays va peut-être rééquilibrer cela" mais "l'impact sur l'opinion risque d'être extrêmement marginal", estime le politologue Frédéric Dabi (Ifop).

-'le feu à la maison'-

Selon lui, cette décision est tout simplement "peut-être le signe qu'il y a le feu à la maison", alors qu'au moment d'entrer dans le dans le vif de réformes et de choix budgétaires qui pourraient être douloureux pour les Français, l'exécutif peine "à donner un cap, une lisibilité" à son action.

La montée du président en première ligne montre aussi le manque "de relais" dont il dispose dans sa majorité et même au sein du gouvernement, estime-t-il.

Jean-David Levy (Harris Interactive) dresse le même tableau. A l'inverse de Nicolas Sarkozy qui, "même lorqu'il était en difficulté, avait toujours quelques personnalités susceptibles de pouvoir prendre la parole en sa faveur, des acteurs en quelque sorte prêts à mourir pour lui", l'actuel locataire de l'Elysée manque de troupes "susceptibles de l'aider, de se battre pour lui", juge ce politologue.

Selon lui, le Premier ministre Edouard Philippe en a donné l'illustration à ses dépens jeudi sur BFMTV et RMC, avec une intervention pleine "d'hésitations" et "une incapacité à pouvoir dire d'une phrase quel était le projet politique d'Emmanuel Macron".

Quant à la stratégie médiatique, Emmanuel Macron a percé grâce à "une communication très personnalisée, très forte, très incarnée" mais "le fait qu'il ait persisté dans cette communication autour de ce qu'il est et non de ce qu'il fait a fini par créer un trouble chez les Français".

Selon M. Levy, "ce n'est pas la fréquence, la manière de s'exprimer, c'est ce que le président de la République va raconter concernant son projet politique pour la France" qui sera susceptible de le sortir de l'ornière. "La question du fond sera absolument essentielle".

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