Macron veut mettre fin à la guéguerre entre universités et grandes écoles à Saclay

Macron veut mettre fin à la guéguerre entre universités et grandes écoles à Saclay

Emmanuel Macron a cherché à relancer l'ambitieux projet d'établir une Silicon Valley à la française sur le plateau de Saclay en...
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Par Frédérique PRIS, Jérôme RIVET

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Emmanuel Macron a cherché à relancer l'ambitieux projet d'établir une Silicon Valley à la française sur le plateau de Saclay en officialisant mercredi la création de deux pôles universitaires, après plusieurs années de paralysie.

"Le temps des atermoiements est derrière nous", a affirmé le président au cours d'une visite de cet immense campus situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris.

Il a pris acte des blocages qui entravent le projet à la fin des années 2000 sous le mandat de Nicolas Sarkozy, qui prévoyait de créer un pôle universitaire et scientifique intégré pouvant rivaliser avec les prestigieuses universités britannique Cambridge et américaines Stanford ou Berkeley.

Mais très rapidement, le projet s'est enlisé et les divergences, notamment entre grandes écoles (dont Polytechnique) et universités, ont occupé le devant de la scène.

Pour sortir de l'impasse, M. Macron a voulu, dans un discours face aux responsables du plateau et des étudiants, "graver dans le marbre" la constitution d'un "pôle d'excellence autour de deux ensembles universitaires".

Le premier, "sous la marque Université Paris-Saclay", va regrouper les universités Paris-Sud, Versailles-Saint-Quentin et Evry, les écoles CentraleSupélec, ENS (ex-Cachan) et IOGS (ex-SupOptique).

Le deuxième "sera une alliance de grandes écoles" d'ingénieurs: Polytechnique, Ensta, Ensae, Telecom Paris Tech et Telecom Sud Paris.

"Ces deux pôles seront riches parce que divers", a déclaré M. Macron.

- attractivité -

Au total, ils regroupent 19 grandes écoles, universités et centres de recherche, soit 76.000 étudiants et 11.000 enseignants-chercheurs. Un tissu de grandes entreprises, comme EDF et Danone, et de start-up parfois créées par d'anciens étudiants, s'est développé sur ces anciennes terres agricoles.

"Je crois très profondément à ce projet", dans lequel "l'Etat jouera tout son rôle", notamment financier, a ajouté le président.

La Cour des comptes a chiffré à 5,3 milliards d'euros les financements publics engagés depuis 2010 sur le plateau de Saclay, notamment pour construire des bâtiments flambant neuf de plusieurs écoles qui ont déménagé du centre de Paris.

"La marche arrière n'est désormais plus possible", a-t-il mis en garde à l'adresse de tous les acteurs.

Outre les divergences entre établissements, la situation a pâti du fait que trois ministères intervenaient dans ce dossier (Enseignement supérieur pour les universités, Défense pour Polytechnique et l'Ensta ParisTech, et Bercy pour Télécom ParisTech et CentraleSupélec). Et les précédents gouvernements ont été critiqués pour ne pas avoir arbitré clairement les différends.

L'établissement Paris-Saclay a certes été créé en janvier 2015 et un président nommé, Gilles Bloch.

Mais, dans un rapport sévère publié en février, la Cour des comptes jugeait que "la création d'une grande université de recherche intégrant universités et grandes écoles" était "au point mort". "L'Etat se révèle incapable de parler d'une seule voix" et laisse deux visions concurrentes s'opposer.

Pour la France, l'un des enjeux est de progresser dans les classements mondiaux d'écoles et universités, comme celui de Shanghai, afin d'attirer les meilleurs universitaires et étudiants.

"Vous savez comme moi qu'indépendamment de ces classements, la clarté et la lisibilité de nos organisations sont devenues essentielles" pour attirer "les meilleurs étudiants et les meilleurs chercheurs", a insisté M. Macron.

L'université Paris-Saclay doit en outre présenter d'ici à la mi-décembre un dossier pour obtenir le label Idex (Initiative d’excellence), qui distingue les pôles universitaires d'envergure mondiale.

Saclay avait déjà obtenu ce label il y a cinq ans. Mais en avril 2016, le jury international chargé d'évaluer à nouveau les projets lui avait donné 18 mois pour faire ses preuves et avancer dans son projet d'intégration, sous peine de perdre ce label et la dotation de 30 millions d'euros afférente.

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