Macron veut soutenir l’essor du français, « langue-monde »
Emmanuel Macron, le plus anglophone des présidents français, a présenté mardi sa stratégie pour faire du français le "trésor...

Macron veut soutenir l’essor du français, « langue-monde »

Emmanuel Macron, le plus anglophone des présidents français, a présenté mardi sa stratégie pour faire du français le "trésor...
Public Sénat

Par Jérôme RIVET et Loïc VENNIN

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4 min

Publié le

Emmanuel Macron, le plus anglophone des présidents français, a présenté mardi sa stratégie pour faire du français le "trésor partagé de 700 millions de personnes dans le monde", dont de plus en plus d'Africains.

Dans une déclaration d'amour à la langue prononcée devant 400 personnes, dont 300 jeunes, le président a détaillé une trentaine de mesures pour faire passer le français du cinquième au troisième rang des langues les plus parlées.

La francophonie ne doit plus être une annexe de la France mais "une sphère dont la France n’est qu’une partie, agissante mais consciente de ne pas porter seule le destin du français", a-t-il déclaré. Dans le monde, "des centaines de millions de femmes et d’hommes se confrontent au monde, le vivent et le racontent en français", selon lui.

La priorité est, selon lui, d'améliorer et d'étendre l'enseignement du français partout dans le monde, en particulier en Afrique, où la concurrence de l'anglais est rude. Notamment en visant un doublement du nombre d'élèves dans les lycées français à l'étranger.

Emmanuel Macron avait choisi la coupole de l'Académie française pour prononcer devant les Académiciens un discours lyrique, truffé de citations et de souvenirs émus d'auteurs qui on marqué sa jeunesse, de Jean Giono à Pierre Michon. Il a en outre rendu hommage aux "profs de français, ces héros", en faisant un clin d'oeil à son épouse Brigitte, assise au premier rang, qui a longtemps enseigné.

A l'occasion de la Journée internationale de la francophonie, le chef de l'Etat a insisté sur la nécessité de défendre la place -de plus en plus contestée- du français dans les enceintes internationales, notamment à Bruxelles, et sur le web. Car "la bataille pour diffuser le français comme langue de communication se joue en grande partie sur internet".

Une autre priorité est d'améliorer l’accès au français pour les réfugiés en France, qui ont droit actuellement à 250 heures d'apprentissage. Mais "je vous défie d'apprendre le français en 250 heures", a-t-il dit, en annonçant que le volume de cours gratuits serait porté à 400 heures, voire à 600 heures pour ceux qui ne maîtrisent ni la lecture ni l'écriture.

- "Langue de la relation" -

Grâce au dynamisme démographique de l'Afrique, la francophonie est l'espace linguistique à la plus forte croissance: +143% prévu entre 2015 et 2065 (+62% pour l'anglais), selon l'ONU. D'ici à 2065, un milliard de personnes devraient parler français, soit cinq fois plus qu'en 1960, au deuxième rang des langues internationales derrière l'anglais et au troisième des langues les plus parlées.

Le français est actuellement en cinquième position après le mandarin, l'anglais, l'espagnol et, suivant les estimations, l'arabe ou le hindi, selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF).

Pourtant le président français n'hésite pas, quand il le juge nécessaire à s'exprimer en anglais, comme ces derniers mois en Inde, à Davos ou devant des patrons. Sur les réseaux sociaux, son tweet le plus partagé est "Make our planet great again", lancé pour répliquer à Donald Trump après le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le climat.

Il avait souhaité faire du français "la première langue de l'Afrique" dans son discours "à la jeunesse africaine" à Ouagadougou en novembre, mais cet aspect du discours avait été "un bide", a-t-il regretté lors d'un déjeuner avec une quinzaine d'intellectuels et d'artistes à l'Elysée.

Certains intellectuels africains estiment en outre que Paris, en promouvant ainsi la francophonie, n'a pas encore tourné la page du passé colonial. "La francophonie est malheureusement encore perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies", a expliqué en janvier l'écrivain Alain Mabanckou pour justifier son refus de collaborer avec Leïla Slimani, romancière franco-marocaine que M. Macron a nommée "représentante personnelle pour la francophonie".

Emmanuel Macron s'est défendu de faire de la francophonie "un faux nez" de l'ancien empire colonial.

Le jeune écrivain Gaël Faye, auteur de "Petit pays", a salué ce changement de ton. "A Bujumbura, la francophonie a longtemps été vue comme un projet politique hégémonique venant de Paris. Aujourd'hui, le français est plutôt la langue de la relation, riche de ses diversités selon les latitudes", a-t-il réagi après le discours.

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