Mahmud Nasimi, auteur à succès d’un « afghan à Paris » attend toujours sa naturalisation
Réfugié afghan, amoureux de la littérature et de la France, Mahmud Nasimi est arrivé au pays de Baudelaire, Balzac et Proust en 2017, après une longue « traversée de l’enfer ».  Malgré le succès de son premier livre il espère et attend toujours avec envie et espoir l’obtention de la nationalité française, sésame pour pleinement démarrer une nouvelle vie. Au micro de Rebecca Fitoussi, l’écrivain se livre et raconte son amour pour la France. 

Mahmud Nasimi, auteur à succès d’un « afghan à Paris » attend toujours sa naturalisation

Réfugié afghan, amoureux de la littérature et de la France, Mahmud Nasimi est arrivé au pays de Baudelaire, Balzac et Proust en 2017, après une longue « traversée de l’enfer ».  Malgré le succès de son premier livre il espère et attend toujours avec envie et espoir l’obtention de la nationalité française, sésame pour pleinement démarrer une nouvelle vie. Au micro de Rebecca Fitoussi, l’écrivain se livre et raconte son amour pour la France. 
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Par Marie Brémeau

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4 min

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Nous sommes en 2017 lorsque Mahmud Nasimi arrive en France quatre ans après avoir fui l’Afghanistan. Un visage parmi tous ceux que l’on croise dans la rue. A l’époque il est seul, démuni, meurtri, sans parler un seul mot de français comme bon nombre de réfugiés qui vivent dans les rues de la capitale. Un jour, marchant « au hasard des rues pour trouver un banc », il découvre le cimetière du Père Lachaise. Une révélation. « Quand je suis arrivé devant le buste de Balzac, je croyais qu’il devait être un commandant ou un général parce que moi durant toute ma vie je nourrissais de devenir un personnage politique ou militaire dans la société. Quand j’ai interrogé mon portable, ni commandant, ni général, mais un homme littéraire. Pour moi, c’était un nouveau monde. »

« Ces grands hommes qui ont changé ma vie »

Balzac sera son premier coup de foudre littéraire. « Cela m’a bouleversé comment cet homme qui est mort il y a plus d’un siècle, est encore vivant dans la conversation, dans le cœur, dans l’esprit des gens et dans le monde entier. Donc, à partir de ce moment-là, c’était Balzac qui me parlait, qui me faisait signe. Proust est là, Apollinaire est là, Nerval est là. Et à partir de ce moment-là, j’ai commencé à découvrir tous ces grands hommes qui ont changé ma vie. » Un nouveau monde qui lui ouvre des portes insoupçonnées.

« Moi personnellement, je suis amoureux de ce pays, de cette langue de cette culture ».

Parallèlement aux cours qu’il suit, Mahmud Nasimi apprend le français en lisant les plus grands écrivains, leurs œuvres, leurs poèmes, en apprenant certaines de leurs phrases par cœur. En 2021, l’Afghan de 34 ans témoigne, raconte son histoire dans un livre « Un afghan à Paris ». Un joli succès littéraire pour cet illustre inconnu, avec plus de 20 000 exemplaires vendus.

Amoureux de la France, de sa langue, de sa culture

Mais pour celui qui a fui son pays et traversé la moitié du globe, le parcours du combattant est loin d’être terminé. Les longues files d’attente au milieu d’autres migrants pour obtenir des papiers, Mahmud Nasimi les connaît que trop bien. « Ça fait 4 ans et demi. Les démarches administratives sont très longues. Parfois on m’invite pour une convocation à 9 heures du matin. J’y vais, j’attends jusqu’à midi. A midi, on m’appelle. Derrière un guichet, un monsieur ou une dame me dit « monsieur c’est l’heure du déjeuner. Il faut revenir après le déjeuner Donc je redescends. Assez souvent, je n’ai pas assez d’argent pour acheter même un sandwich ou de quoi manger. Je reste encore deux heures derrière le bâtiment administratif et à 14 heures je rentre, j’attends encore 2 ou 3 heures. Vers 15 h 30, on appelle mon nom, je monte derrière le guichet, et à ce moment-là quand je présente mes documents, il y a un papier, un document qui manque. On me dit, monsieur il faut revenir avec ce papier. » Et pour obtenir un nouveau rendez-vous, il faut souvent compter au moins deux mois. Devenir Français, signifie beaucoup pour Mahmud Nasimi. « Moi personnellement, je suis amoureux de ce pays, de cette langue de cette culture. J’ai déposé une demande de naturalisation. C’était au mois de janvier, mais je ne sais pas encore combien d’années je dois attendre. Mais vraiment, j’ai envie de l’avoir car cela me permet de voyager dans d’autres pays et de donner des conférences en étant Français. »

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