Le 2 mai 1968, le doyen de Nanterre annonce la fermeture de son université, théâtre depuis le 22 mars d'une agitation qu'il ne peut contrôler et au centre de laquelle a émergé la figure d'un étudiant allemand de 23 ans, Daniel Cohn-Bendit.
Ce jour-là, l'AFP diffuse un portrait de Daniel Cohn-Bendit.
DANIEL COHN-BENDIT
PARIS, 2 mai 1968 (AFP) – Daniel Cohn-Bendit est au centre de l’affaire de la fermeture de la Faculté des Lettres de Nanterre décidée ce soir. Son altercation avec M. Missoffe, au mois de janvier, a été le premier signe de la naissance d’un climat quasi insurrectionnel. Depuis, il est devenu le chef des "étudiants progressistes" ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes.
Il a déjà sa légende qui lui attribua une part essentielle dans les troubles qui ont amené la décision de fermeture. Cela ne va pas sans exagération.
On l’a appelé "Le rouquin sublime", ou "Dany le Rouge" comme Rudi Mitschke (en fait Dutschke, leader étudiant ouest-allemand NDLR), on l’a accusé d’être responsable de tous les troubles qui ont secoué la Faculté des Lettres de Nanterre. Ses adversaires le considèrent comme un anarchiste, et M. François Missoffe, ministre de la Jeunesse et des Sports, lui a dit: "Si vous avez des problèmes sexuels, allez vous tremper dans l’eau froide".
Daniel Cohn-Bendit ne laisse personne indifférent. Ses talents de leader de masses et d’agitateur lui ont valu une grande popularité à Nanterre, même parmi ceux qui ne partagent pas ses idées. Sa silhouette massive couronnée d’une toison rousse, son visage carré où pousse un poil dru, sa voix tonnante dominent sans peine les auditoires parfois houleux qu’il affronte tous les jours.
Daniel Cohn-Bendit (c-poing levé) chante "l'Internationale" le 6 mai 1968 à Paris, entouré des CRS et d'autres étudiants contestataires, avant de se rendre devant la commission de discipline de l'université de Paris-Sorbonne
ARCHIVES/AFP/Archives
Descendu de la tribune, Daniel Cohn-Bendit est un garçon aimable et souriant, accessible au dialogue, et qui tente d’échapper à la célébrité que ses divers démêlés avec les autorités lui ont value. "Je ne suis pas une vedette, dit-il, je ne suis que l’un des militants du Mouvement". Il refuse d’ajouter qu’il est l’âme et le fondateur de ce "Mouvement du 22 mars", qui, précisément depuis cette date, a créé à la Faculté des Lettres de Nanterre une atmosphère de subversion et de troubles permanents.
Si les buts du Mouvement du 22 mars sont peu clairs et semblent relever d’un anarchisme teinté de romantisme, les motifs en sont plus précis. Sous une expression maladroite, excessive et contradictoire, on peut déceler l’angoisse bien réelle d’une génération qui s’inquiète de son avenir.
Daniel Cohn-Bendit lors de son procès à Francfort le 27 septembre 1968
AFP/Archives
Sans doute n’est-ce pas un hasard si la "révolte" a frappé d’abord les Facultés des Lettres, et non les Facultés des Sciences. "Les scientifiques n’ont pas d’inquiétude, disent les littéraires. Ils ne seront pas au chômage", tandis que psychologues ou sociologues ne sont pas sûrs de trouver après leurs études une place correspondant à ce qu’ils espèrent.
Les circonstances ont fait de Daniel Cohn-Bendit le porte-parole de ces inquiets. Ses tendances révolutionnaires ont dicté sa conduite, il est devenu le chef d’une masse mal assurée dont le raisonnement semble être celui-ci : "Nous refusons la société de classe parce qu’elle nous refuse la place à laquelle nous avons droit". Le vocabulaire marxiste camoufle les soucis de jeunes bourgeois qui craignent d’être déclassés.
Daniel Cohn-Bendit lui-même illustre bien ce souci. Enfant de réfugiés allemands, mal adaptés à la France, il a eu une jeunesse difficile, marquée par une certaine pauvreté, et sans doute a-t-il mal supporté le retour de ses parents en Allemagne –ce qui lui vaut d’être aujourd’hui de nationalité allemande- sa propre révolte le guide dans son rôle de meneur des mécontents.
"Dany le Rouge" comparaîtra lundi devant une commission universitaire d’enquête. S’il est expulsé de l’université, on peut redouter des troubles graves. Car le jeune leader a su galvaniser les garçons et séduire les filles.
Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…
Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.
Après avoir reçu les différents partis politiques du socle commun la semaine dernière, Sébastien Lecornu s’est entretenu ce lundi avec Sophie Binet. La secrétaire générale de la CGT lui a présenté ses exigences.
Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.
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