Main arrachée d’un manifestant « gilet jaune » samedi à Paris: ce que l’on sait
Lors de la manifestation parisienne des "gilets jaunes" samedi, un homme a eu la main arrachée par une grenade lancée par des...

Main arrachée d’un manifestant « gilet jaune » samedi à Paris: ce que l’on sait

Lors de la manifestation parisienne des "gilets jaunes" samedi, un homme a eu la main arrachée par une grenade lancée par des...
Public Sénat

Par Juliette MONTESSE

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Lors de la manifestation parisienne des "gilets jaunes" samedi, un homme a eu la main arrachée par une grenade lancée par des gendarmes au cours d'une scène de vives tensions devant l'Assemblée nationale.

Voici ce que l'on sait de cet évènement dimanche soir.

- Le contexte -

Vers 13H00 samedi, de vives tensions commencent à émailler le cortège parisien des "gilets jaunes", parti des Champs-Elysées pour rallier le Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel, pour l'"acte 13" du mouvement.

A hauteur de l'Assemblée nationale où le cortège stationne, des manifestants urinent sur les grilles d'enceinte, tentent à plusieurs reprises d'enfoncer en les secouant des hautes palissades qui protègent la façade en travaux de l'Assemblée et lancent des projectiles par dessus, a constaté un journaliste de l'AFP présent à ce moment-là. Les forces de l'ordre répliquent par des tirs de grenades lacrymogènes.

L'explosion qui coûte une main à un jeune homme se déroule peu après, et non pendant, cet épisode des palissades, quand un petit groupe d'une quinzaine de gendarmes, pris à partie par des manifestants vers l'entrée publique de l'Assemblée (côté quai d'Orsay), cherche à se dégager par des jets de gaz lacrymogènes et au moins une grenade.

- Que s'est-il passé ? -

Différentes vidéos de la scène, filmées sous plusieurs angles, montrent d'abord un jeune homme à proximité d'un nuage de gaz lacrymogènes et une grenade de couleur claire qui arrive en roulant au sol.

Alors que d'autres manifestants ramassent et renvoient des grenades lacrymogènes, ce jeune homme semble avancer et se baisser en tendant la main en direction de la grenade de couleur claire, qui explose. Lorsque la fumée se dissipe, il apparaît se tenant avec sa main gauche le bout du bras droit, arraché. Des "gilets jaunes" l'emmènent contre les grilles du jardin de l'Assemblée côté Quai d'Orsay, où il est pris en charge par des "street medics" (secouristes volontaires), puis par des pompiers.

Dimanche, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a expliqué qu'"il y a eu une attaque contre le fronton de l'Assemblée nationale, (...) les gendarmes se sont retrouvés encerclés face à une foule très hostile et ils ont voulu se désencercler". "Un manifestant (...) a voulu prendre dans la main cette grenade et elle a explosé", a-t-il ajouté.

Samedi, un témoin, Cyprien Royer, avait affirmé à l'AFP que la victime "a reçu une grenade de désencerclement au niveau de son mollet" et "a voulu mettre un coup de main dedans pour ne pas qu'elle explose vers sa jambe", ce qui n'est pas confirmé par les images.

Recontacté par l'AFP dimanche, ce témoin a répété que la victime s'est "baissée quand la grenade est arrivée vers lui pour la faire partir".

Au total, les incidents devant l'Assemblée durent une vingtaine de minutes, avant que le cortège se remette en route vers le boulevard Saint-Germain.

- Qui est la victime ? -

Ce trentenaire originaire d'Argenteuil, dans le Val-d'Oise, s'appelle Sébastien Maillet, selon des médias et "gilets jaunes", ce qu'a confirmé une source proche du dossier.

Selon son père, Bernard Maillet, interviewé dimanche sur la chaîne RT France, ce plombier de profession manifestait "en tant que citoyen".

Alors que le témoin Cyprien Royer avait dit à l'AFP qu'il s'agissait d'un "photographe +gilet jaune+" qui prenait des photos des tensions, son père a assuré qu'il n'est "pas un photographe" et ne sortait pas son téléphone de son sac.

Sur les vidéos de la scène, le jeune homme, vêtu de couleur sombre, baskets blanches, visage partiellement masqué, sac au dos et simple brassard jaune au bras, ne brandit ni téléphone, ni appareil photos.

"C'était pas son genre de ramasser quoi que ce soit, au pire peut-être repousser" la grenade, a affirmé son père. "Il a quelques flashs qui lui reviennent mais il ne sait pas trop encore" ce qu'il s'est passé, a-t-il ajouté.

- Quelles suites ? -

Le manifestant a été opéré et une enquête a été confiée à l'Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGGN).

"L'opération a été longue ce matin, c'est un travail méticuleux, c'est une blessure grave que je regrette", a déclaré Christophe Castaner.

Selon son père, Sébastien Maillet "n'a plus sa main" et souffre également d'une blessure superficielle à l'oeil.

L'enquête devra notamment préciser quel type de grenade l'a blessé, une grenade GLI-F4 ou une grenade à main de désencerclement (GMD), deux armes jugées inutilement dangereuses par les manifestants qui réclament, comme pour le lanceur de balles de défense (LBD), leur interdiction.

Bernard Maillet a annoncé son intention de porter plainte.

A ses côtés, un "gilet jaune" prénommé Boudjema, se présentant comme membre du "collectif des gilets jaunes d'Argenteuil", a appelé à une mobilisation en soutien à Sébastien Maillet, mercredi à 18H00 devant la mairie de cette commune.

Partager cet article

Dans la même thématique

Orleans: TARANIS 2025 transport aerien militaire de haute intensite
6min

Politique

« Accepter de perdre nos enfants » : « S’il faut employer de tels propos pour que chacun prenne conscience de la situation, le chef d’état-major a raison », selon Cédric Perrin

En appelant à « accepter de perdre nos enfants » en cas de guerre avec la Russie, le chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, crée la polémique. Si ses propos sont « peut-être un peu maladroits », selon le président LR de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, Cédric Perrin, il les juge nécessaires face au « risque de confrontation majeure à l’est de l’Europe ».

Le

Main arrachée d’un manifestant « gilet jaune » samedi à Paris: ce que l’on sait
2min

Politique

« Accepter de perdre nos enfants » : « Nous devons écouter » le chef d’état-major des armées, soutient Gérard Larcher

Au congrès des maires de France, le président du Sénat, Gérard Larcher a apporté son soutien au général Fabien Mandon. Mercredi devant les élus, le chef d’état-major des Armées a suscité la polémique en considérant que la France allait devoir « accepter de perdre ses enfants » dans la perspective d’un conflit prochain avec la Russie.

Le