Maracineanu tente d’éteindre l’incendie des suppressions de postes

Maracineanu tente d’éteindre l’incendie des suppressions de postes

Pour sa première sortie publique dimanche, la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a tenté d'éteindre l'incendie...
Public Sénat

Par Andréa BAMBINO

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Pour sa première sortie publique dimanche, la nouvelle ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a tenté d'éteindre l'incendie provoqué par la publication, qu'elle a jugée "très brutale", de la lettre de cadrage de Matignon fixant un objectif de 1.600 suppressions de postes dans son ministère.

"Je pense que cette annonce" vendredi "est vraiment très brutale et ce ne sont pas les bons mots qui ont été employés", a déclaré la ministre, au pied du pont d'Iena, en marge de la course "La Parisienne" qu'elle était venue soutenir pour montrer son attachement au développement du sport féminin.

"Je suis en train de chercher des solutions", a ajouté l'ancienne championne de natation, qui, à son cinquième jour à la tête du ministère, a concédé que le problème lui était "tombé un peu dessus".

Vendredi, l'AFP a révélé que dans une lettre de cadrage envoyée le 26 juillet à son prédécesseur, Laura Flessel, Matignon demande au ministère d'"appliquer un schéma d'emplois de moins 1.600 ETP (équivalent temps plein) au cours de la période 2018-2022".

Dans le courrier, Matignon compte "sur une transformation du mode de gestion des conseillers techniques sportifs (CTS) et sur la réduction de leur nombre, ainsi que sur une rationalisation des services déconcentrés".

- "Base de discussion" -

"C'est une base de discussion, à l'évidence, et après, c'est dans la discussion qui se fera avec le Premier ministre que les choses se stabiliseront", a souligné Bejamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, lors de l'émission BFM Politique (BFMTV, Le Parisien), rappelant que le projet de loi de finances "complet" serait présenté "à la fin du mois".

La révélation de la lettre de cadrage a mis le feu aux poudres dans un mouvement sportif qui s'inquiète déjà de voir l'Etat se désengager, avec un budget du ministère qui s'annonce à la baisse pour la seconde année consécutive. Et ce d'autant que les CTS, rémunérés par l'Etat et au nombre de 1.600 justement, sont essentiels au fonctionnement des fédérations sportives, à la fois pour le haut niveau et pour le développement des pratiques. Il s'agit des directeurs techniques nationaux, entraîneurs nationaux et conseillers techniques nationaux ou régionaux.

Roxana Maracineanu a aussi assuré que la réduction des effectifs était "un objectif qui vient d'en haut, sans forcément connaître les spécificités vraiment précises du sport, et c'est à moi de les expliquer maintenant". Mais elle a immédiatement rappelé qu'elle faisait partie "d'un gouvernement" dont elle devait suivre "les directives", en évoquant "les problèmes de réduction de budget" du pays.

"Je pense que cet objectif n'a pas été clairement exprimé, (...) c'était uniquement un document de travail interne", a insisté la nouvelle ministre.

- "Décisions au plus près du terrain" -

"On n'est pas dans des décisions qui viennent d'en haut et que les ministres appliquent de manière uniforme, il y a un échange, il y a des positions qui peuvent bouger", a répondu Benjamin Griveaux.

"Ce que j'entends de la réaction de Roxana Maracineanu, c'est que d'abord elle connaît bien le milieu du sport et on sait que sans doute le sport français a besoin d'avoir des décisions qui sont prises au plus près du terrain et peut-être un peu moins dans des administrations centrales à Paris", a poursuivi le porte-parole du gouvernement.

L'entourage de Roxana Maracineanu a précisé à l'AFP que la nouvelle ministre s'inscrivait "dans une démarche collective avec le gouvernement" et que "ses échanges avec le Premier ministre sont très constructifs.

L'ancienne championne du monde de natation (1998) a indiqué qu'elle avait justement rendez-vous avec Edouard Philippe lundi pour "essayer de plaider notre cause et nous en sortir par le haut le mieux possible".

Elle doit aussi rencontrer le patron de l'association des directeurs techniques nationaux (DTN), Philippe Bana, qui a dénoncé une "volonté de destruction humaine massive", "stupéfiante et atterrante": "je vais lui faire part des quelques réflexions qu'on a pour justement que ce mot suppression n'existe plus, que ce ne soit pas ça qu'on veuille faire mais autre chose", a expliqué Roxana Maracineanu.

Mais elle a indiqué qu'il fallait "commencer à réfléchir à une réinvention de ce que peut être le corps des CTS et de ces personnes de grande valeur qui sont mises à disposition des fédérations aujourd'hui et qui, effectivement, vont devoir changer d'orientation, ça c'est certain".

La crise intervient en plein chantier sur une réforme du modèle sportif français, qui doit aboutir l'année prochaine à la création d'une agence nationale du sport, chargée de piloter le haut niveau et le développement des pratiques sportives.

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