Alors que le gouvernement s’apprête à tomber, chacun réfléchit à la suite. A droite, « le nom de François Baroin recircule », glisse le sénateur LR Roger Karoutchi. Au PS, on tend la main. « Nous sommes à la disposition du président de la République », avance Patrick Kanner, à la tête du groupe PS du Sénat. Pour le centriste Hervé Marseille, il faut « trouver une plateforme d’action, comme disent les socialistes, de non censurabilité, pour essayer de trouver un accord ». Les grandes manœuvres ont commencé.
Marée noire à l’île Maurice : « Cette tragédie aurait pu être évitée », accuse Nassimah Dindar
Par Michael Pauron
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Le 25 juillet, le vraquier japonais « MV Wakashio » s'est échoué sur un récif corallien au large de l'île Maurice, située à moins de 300 kilomètres de la Réunion. Douze jours plus tard, le 6 août, une brèche dans la coque du navire a commencé à laisser s'échapper des tonnes de fuel.
Si le terme « marée noire » n'est pas encore utilisé, le Premier ministre mauricien Pravind Kumar Jugnauth se prépare au « pire des scénarios » : quelque 1 000 tonnes de carburant ont déjà fuité, et il en resterait encore 2 000 à bord. Même si les conditions météorologiques ont permis d'aller pomper une partie du fuel, le Premier ministre craint que la coque ne rompe : « Il est clair qu'à un certain stade, le navire se brisera »
Les Réunionnais sont consternés
Les mots manquent à Nassimah Dindar, sénatrice de la Réunion, pour qualifier la tragédie écologique qui frappe l'île Maurice : « Les Réunionnais sont consternés et ressentent une grande tristesse, pour cette "île sœur" et l'un des plus beaux sites de la planète, classé patrimoine de l'Unesco. » « Tout porte à croire que l'île de la Réunion sera épargnée, même si les Réunionnais restent inquiets », poursuit la sénatrice centriste.
« Ils sont nombreux à s'être mobilisés pour aller aider les Mauriciens », explique celle qui préside par ailleurs le groupe France-Madagascar et pays de l'Océan indien. « Les Mauriciens font preuve d'un courage exceptionnel, même avec peu de moyens. Des gens donnent leurs cheveux pour fabriquer des digues absorbantes ! »
De nombreux bâtiments sous pavillons de complaisance naviguent en mauvais état
Au-delà de la compassion, la colère contre les raisons de cette tragédie anime la sénatrice : « Il faut que ce genre de tragédie ne soit plus possible, et elle aurait pu être évitée », accuse Nassimah Dindar. « Pour cela, il faut que les règles internationales de navigation soient revues, et appliquées par tous. Il faut que la France et l'Union européenne se saisissent du sujet », demande-t-elle.
Un quart du commerce mondial passe par l'Océan indien, notamment en direction de l'Afrique. C'était le cas du « Rhosus », ce bateau-poubelle sous pavillon moldave qui devait se rendre au Mozambique, mais bloqué à Beyrouth en 2013 et dont la cargaison de nitrate d'ammonium, déchargée dans le port, est responsable de la double explosion du 6 août.
« De nombreux bâtiments, sous pavillon de complaisance, naviguent en mauvais état. Il faut que l'Organisation mondiale du commerce, comme l'Union européenne, mette un terme à cette situation », dit la sénatrice. Et de proposer que « la Réunion devienne un hub portuaire pour contrôler la zone sous pavillon français »