Marine Le Pen, l’héritière qui rêve d’une victoire historique du FN
Capitalisant sur le ras-le-bol exprimé par nombre de Français sur le chômage ou l'immigration, portée par une vague nationaliste en Europe, la...

Marine Le Pen, l’héritière qui rêve d’une victoire historique du FN

Capitalisant sur le ras-le-bol exprimé par nombre de Français sur le chômage ou l'immigration, portée par une vague nationaliste en Europe, la...
Public Sénat

Par Béatrice LE BOHEC

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Capitalisant sur le ras-le-bol exprimé par nombre de Français sur le chômage ou l'immigration, portée par une vague nationaliste en Europe, la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen espère une victoire historique à la présidentielle après l'échec de son père voici quinze ans.

Après des années d'efforts pour dédiaboliser son parti Front national (FN), elle compte, à 48 ans, faire mentir les sondages qui la donnent depuis des mois largement qualifiée au premier tour le 23 avril mais battue au second tour le 7 mai du fait d'un report présumé insuffisant des voix.

Marine Le Pen, candidate FN à la présidentielle, en meeting le 26 février 2017 à Saint-Herblain près de Nantes
Marine Le Pen, candidate FN à la présidentielle, en meeting le 26 février 2017 à Saint-Herblain près de Nantes
AFP

La fille du cofondateur du parti en 1972 Jean-Marie Le Pen, mène campagne sur le "patriotisme" et la "préférence nationale". Elle veut sortir de l'euro, taxer les produits importés. Elle promet aussi la suspension des accords de libre-circulation de Schengen au sein de l'UE, l'expulsion des étrangers fichés pour radicalisation, la suppression du droit du sol...

"Au fond si je devais me définir, je crois que je répondrais tout simplement que je suis intensément, fièrement, fidèlement, évidemment française. Je reçois les insultes à la France comme si elles m'étaient adressées directement", dit-elle dans son clip de campagne qui joue sur le registre de l'intime.

Marine Le Pen
Marine Le Pen lors d'une réunion de lancement de sa campagne présidentielle à Lyon le 5 février 2017
AFP

Dans ses réunions publiques, ses paroles, bues par des partisans de tous âges et milieux sociaux, sont traditionnellement ponctuées par un slogan scandé à gorge déployée: "On est chez nous!". Un "cri de xénophobie", selon ses adversaires. "Un cri d'amour" pour la France, répond celle qui a choisi pour slogan "Au nom du peuple".

Pour la sémiologue Mariette Darrigrand, la candidate est dans une posture "mythologique". Elle "brode" autour du concept de patriotisme "des épisodes, comme dans une série: Marine va chez Poutine, Marine ferme les vannes de l'immigration…".

- 'Antisystème' -

Soupçonnée d'emplois fictifs au Parlement européen, elle a refusé de se rendre à une convocation des juges se disant victime d'une "cabale politique". La justice française a demandé au Parlement européen la levée de son immunité parlementaire.

Marine Le Pen en meeting à Bordeaux, le 2 avril 2017
Marine Le Pen en meeting à Bordeaux, le 2 avril 2017
AFP

L'organisation de plusieurs meetings, où elle tonne ses discours dans une posture martiale, a été parfois perturbée par des manifestations d'opposants, comme à Lille (nord), Ajaccio (Corse), Nantes (ouest).

Une récente déclaration rejetant la responsabilité de la France dans une rafle de juifs à Paris sous l'occupation nazie, pourtant officiellement reconnue depuis 1995, a aussi choqué. Elle s'attire les foudres de ses adversaires, d'associations juives et d'Israël.

Pour l'historien Nicolas Lebourg, ces récents propos sur le passé de la France soulignent qu'elle "cherche à se démarquer de nouveau comme candidate antisystème" dans un contexte où les sondages la placent en tête "depuis longtemps mais sans évolution".

Marine Le Pen (g) rencontre le patriarche maronite Bechara Raï, le 21 février 2017 à Bkerké, au nord de Beyrouth
Marine Le Pen (g) rencontre le patriarche maronite Bechara Raï, le 21 février 2017 à Bkerké, au nord de Beyrouth
AFP

Depuis son accession à la tête du FN en 2011, à la suite de son père avec lequel elle est désormais officiellement brouillée, elle a écarté les cadres les plus marqués, militants antisémites, nostalgiques de l'Algérie française - voire de la collaboration avec l'Allemagne nazie - ou catholiques intégristes.

Cette stratégie a payé: le parti est en progression constante à chaque élection.

En quête de crédibilité internationale, elle a organisé plusieurs déplacements qui lui ont permis quelques coups d'éclat.

Le président russe Vladimir Poutine reçoit au Kremlin la candidat d'extrême droite à la présidentielle française Marine Le Pen, le 24 mars 2017
Le président russe Vladimir Poutine reçoit au Kremlin la candidat d'extrême droite à la présidentielle française Marine Le Pen, le 24 mars 2017
SPUTNIK/AFP

En janvier, elle s'est affichée dans le hall de la Trump Tower à New York, sans pour autant rencontrer le président élu. Au Liban en février, elle a refusé de porter le voile pour rencontrer le mufti de la République. Fin mars, elle rencontre Vladimir Poutine à Moscou, porteur selon elle d'une "nouvelle vision" d'un "monde multipolaire".

La benjamine des trois filles Le Pen, mère de trois enfants, deux fois divorcée et aujourd'hui en couple avec l'un des vice-présidents du parti Louis Aliot, n'était pas destinée à la politique. Sa soeur Marie-Caroline devait à l'origine reprendre le flambeau d'un parti dominé pendant près de quarante ans par leur père.

Mais la vie politique tumultueuse du FN et les brouilles familiales ont ouvert la voie à cette avocate de formation au tempérament volcanique.

Elle fait surface en mai 2002, au soir du second tour de la présidentielle, pour défendre bec et ongles son père, défait par Jacques Chirac.

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Marine Le Pen, l’héritière qui rêve d’une victoire historique du FN
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le