Ce mardi, Frédéric Valletoux, député Horizons de Seine-et-Marne, ancien ministre de la Santé, était invité de la matinale de Public Sénat. Au lendemain de l’engagement de la responsabilité du gouvernement par Michel Barnier, et à la veille du vote d’une motion de censure, il est revenu sur la méthode adoptée par le Premier ministre depuis sa nomination. Il pointe notamment un manque de dialogue entre les députés du socle commun et le gouvernement.
Marine Le Pen, une discrétion qui pose question
Par Anne RENAUT
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La présidente du FN Marine Le Pen, en difficulté depuis son échec à la présidentielle face à Emmanuel Macron, a assuré mercredi soir qu'elle n'arrêtait pas la politique malgré une discrétion dans les médias ou à l'Assemblée qui suscite beaucoup d'interrogations jusque dans son camp.
Départ de son ancien bras droit Florian Philippot, défection d'un député, critiques d'élus proches, mise en examen de son parti pour emplois fictifs au Parlement européen, Marine Le Pen encaisse les coups depuis le débat qu'elle a admis "raté" face à Emmanuel Macron et son échec au second tour.
Pourtant Marine Le Pen, invitée du journal télévisé de TF1, a assuré qu'elle n'avait "pas du tout" l'intention d'arrêter la politique. "Tant que mon pays aura besoin de moi, je serai là", a-t-elle ajouté, dénonçant un "grand déclassement" de la France, conséquence des politiques menées par M. Macron et, avant lui, la droite et la gauche pendant 20 ans.
"Elle a pu être déçue" après la présidentielle mais "je ne la sens pas du tout déprimée", affirme Sébastien Chenu, porte-parole du FN. N'a-t-elle pas "ri" au spectacle de l'humoriste Gaspard Proust ?
Mais à l'Assemblée, "on ne voit pas beaucoup" la députée du Pas-de-Calais, "elle a l'air fatiguée", confiait il y a quelques semaines un député LR de la jeune garde.
Peu présente à la commission des Affaires étrangères, elle s'est même trompée lundi d'amendement, avouant s'être "perdue dans ses documents".
- Question du leadership posée -
Marine Le Pen a pourtant engrangé au second tour de la présidentielle un nombre record de voix pour le FN (10,6 millions). Elle ne va donc pas livrer des batailles d'amendements, "elle est là pour porter une voix, elle n'est pas là pour ergoter", note M. Chenu.
"Ce n'est pas la première fois qu'on n'entend plus le Front national", déjà très absent après la scission des partisans de Bruno Mégret en 1998, rappelle le sociologue Sylvain Crépon. Reste à savoir si la discrétion de Mme Le Pen "est une stratégie, un coup de déprime ou si elle va rebondir".
La nouveauté, c'est que "la question du leadership est aujourd'hui posée dans son entourage", selon ce spécialiste du FN: "Marine Le Pen était l'atout majeur du FN et certains commencent à se demander en interne si ce n'est pas le principal problème".
"On a un leader dont l'image est écornée", admet un autre cadre frontiste.
"Est-ce que Marine Le Pen est en capacité de redorer son blason et d'apparaître à nouveau comme une locomotive dans la perspective d'échéances nationales, ou est-ce que ce sera plus durable, ce qui poserait la question à terme du leadership?", se demande-t-il.
- Alliances ou luttes à mort ? -
Sylvain Crépon ne voit pas pour autant "qui peut succéder à Mme Le Pen", seule candidate à sa succession à la tête du FN au congrès de mars, "car personne n'a le charisme ou la légitimité pour lui contester son leadership". En outre, difficile d'imaginer un autre nom que celui des Le Pen, tellement "consubstantiel au parti".
Or pour la première fois depuis la création du FN il y a 45 ans, la liste aux européennes ne sera pas conduite par quelqu'un qui s'appelle Le Pen. Une révolution culturelle.
Quant au parti lui-même, qui a "une histoire d'hétérogénéité idéologique très forte", va-t-il "refaire du Philippot ou faire pencher la balance à droite?" se demande Joël Gombin, spécialiste du vote frontiste.
Si le parti se droitise en se recentrant sur ses fondamentaux comme la sécurité et l'immigration, "est-ce que ça va aboutir à des alliances ou des luttes à mort ? C'est la question", note M. Crépon.
Marine Le Pen a tendu la main en vain au nouveau patron des Républicains Laurent Wauquiez. Mais il s'agissait d'un "test de sincérité" pour elle.
Mais "il faut se méfier des gens qui enterrent rapidement. Marine Le Pen en a sous le pied", estime M. Chenu.
Le socle électoral du FN est aussi toujours là, il faut juste "qu'il puisse être mobilisé", selon M. Gombin.
Dans une enquête Ifop/JDD réalisée en octobre simulant une nouvelle élection présidentielle, 21,5% des Français votaient encore pour Mme Le Pen, comme au premier tour de mai.