Marseille : c’est officiel, Michèle Rubirola a démissionné de ses fonctions de maire

Marseille : c’est officiel, Michèle Rubirola a démissionné de ses fonctions de maire

L’édile de la cité phocéenne a annoncé sa démission en conférence de presse pour raisons « de santé ». Elle souhaite inverser les rôles avec son premier adjoint, Benoît Payan, pour que ce dernier « devienne maire ».
Public Sénat

Par Pierre Maurer

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Comme l’avait annoncé Public Sénat, la maire écologiste de Marseille, Michèle Rubirola, a annoncé sa démission cet après-midi, mardi 15 décembre, en conférence de presse. « J’ai pris la décision de quitter mes fonctions de maire de Marseille, j’ai présenté ma démission au préfet », a-t-elle confirmé depuis la salle de presse de l’hôtel de ville. « Il n’y a pas d’homme ou de femme providentielle, nous sommes une équipe. Le Printemps marseillais est un collectif. Le duo que nous formons avec Benoît Payan interroge, je le sais. Nous gouvernons en duo, et je veux désormais que ce duo s’inverse », a annoncé Michèle Rubirola, qui propose donc à son adjoint de prendre sa place.

« J’ai connu dès l’été les premières difficultés liées à ma santé. […] Ces épreuves (de santé) limitent l’énergie que je peux mobiliser. Etre maire de Marseille c’est 300 % de son temps », a-t-elle justifié. Elle a dit ensuite avoir découvert l’état financier de la ville, « prête à sombrer ». « Il y a les médecins du temps longs et des urgentistes. Je suis de la première catégorie et il faut à Marseille un urgentiste », a-t-elle estimé, assurant qu’elle « restait » aux côtés de l’équipe municipale.

L’annonce avait déjà été faite lors d’une réunion à 14 h 30 avec les élus du Printemps Marseillais, l’attelage politique qui a gagné les municipales. « Il est prévu que sa démission serait annoncée aujourd’hui à 15 heures », assurait plus tôt le sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône, Guy Benarroche. Le chef de file des écologistes au niveau national, Julien Bayou, l’avait également confirmé à l’AFP. La « cause numéro un » est une raison médicale assurait déjà Guy Benarroche. « Ce n’est pas sujet à interrogation. On ne peut pas dire précisément ce qu’il en est. On sait déjà qu’elle avait été absente pendant un peu plus d’un mois pour un problème de santé. On ne peut pas non plus exclure le fait que ce soit lié à ses responsabilités actuelles », abondait Guy Benarroche. Il accueille cette décision avec « résignation ». « On ne peut pas dire que l’on soit ravi. On aurait préféré que ce soit Michèle Rubirola qui reste maire de Marseille. Mais si elle a jugé avec ses proches que c’est la réalité, il vaut mieux qu’elle le dise au lieu d’exercer un simili pouvoir pendant des années. »

Benoît Payan, l’actuel premier adjoint à la mairie de la cité phocéenne doit donc devenir le nouveau maire. « La réunion en cours va acter sa succession », confirmait un membre du Printemps Marseillais. Mais Guy Benarroche prévient : il faudra d’abord passer par un nouveau vote du conseil municipal. Le dernier conseil municipal de l’année se tiendra lundi 21 décembre à Marseille.

Au mois d’octobre, Le Monde rapportait déjà les envies d’ailleurs de cette novice en politique âgée de 64 ans, auparavant médecin dans les quartiers populaires. L’édile aurait en effet confié à l’ancien ministre socialiste, François Lamy, lors de la campagne des municipales : « Tu es au courant que je ne reste que trois mois ? ». Interrogée, Michèle Rubirola avait alors balayé : « Carpe diem ! Si je me fais écraser demain, je ne serai pas là. Si je ne me fais pas écraser, je serai toujours là ». Dans un entretien à Libération, elle avait ensuite assuré qu’elle entendait bien rester à l’Hôtel de ville. « Mais oui, je reste, la preuve, je suis là. Aujourd’hui, je suis ici et j’y reste », avait-elle déclaré.

« Benoît Payan avait pris l’ascendant sur Michèle Rubirola dès le début du mandat »

« Je suis dans l’incompréhension la plus totale », réagit Stéphane Le Rudulier. Le sénateur Les Républicains des Bouches-du-Rhône regrette cette décision.  « On a peut-être d’autres sentiments que de démissionner lorsque l’on est maire de Marseille ». La raison tient selon lui plus à un « un malaise profond » dans la majorité municipale, qui se compose de communistes, de socialistes et d’écologistes. « Avec une telle coalition, ce n’est pas étonnant », raille-t-il. « La raison médicale je la partage, mais on sentait déjà qui était le maire de Marseille. Benoît Payan avait pris l’ascendant sur Michèle Rubirola dès le début du mandat », estime-t-il. Il fustige « les tractations qui ont eu lieu toute la journée, notamment de la part Samia Ghali (2e adjointe) qui veut sauver sa place », croit-il savoir. « Ce sont les Marseillais qui vont en payer le prix fort », conclut-il. Son collègue LR, Patrick Boré, lui aussi sénateur des Bouches-du-Rhône observe deux possibilités. La première, « c’est qu’elle n’assume pas son rôle de maire, c’est la débandade, et c’est catastrophique de partir comme ça au bout de trois mois ». La seconde, si c’est une question de maladie, « on ne peut avoir que de l’empathie ». « Mais si elle prend un poste de première adjointe et qu’elle est malade, je ne comprends pas ». Quant au futur de la municipalité, il en préfigure déjà les secousses : « ça va remuer des épaules dans la majorité ! »

Dans la même thématique

SIPA_01112686_000045
4min

Politique

Pourquoi commémore-t-on l’abolition de l’esclavage le 10 mai en Métropole ?

Depuis 2006, le 10 mai est la date de la journée nationale officielle de commémoration des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. Une cérémonie à laquelle participe le président de la République ou le Premier ministre. Dans les territoires d’Outre-mer, les commémorations ont lieu à d’autres dates. Explications.

Le

Marseille : c’est officiel, Michèle Rubirola a démissionné de ses fonctions de maire
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Marseille : c’est officiel, Michèle Rubirola a démissionné de ses fonctions de maire
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le