Martial Bourquin : « La mairie : un bouclier sanitaire, social et économique »

Martial Bourquin : « La mairie : un bouclier sanitaire, social et économique »

En première ligne dans la crise sanitaire que traverse la France à travers l'épidémie de Covid-19, le sénateur PS du Doubs, Martial Bourquin a été élu dès le premier tour à la mairie d'Audincourt dimanche 15 mars. Depuis son élection, il s'attelle à faire de sa mairie un bouclier sanitaire, social et économique. En attendant de démissionner dans les prochaines semaines de son mandat de sénateur. Entretien.
Public Sénat

Par Flora Sauvage

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Flora Sauvage : Depuis la mise en place du confinement pour lutter contre l’épidémie de coronavirus, de quelle façon vous impliquez-vous dans cette crise sanitaire ?

Martial Bourquin : Après mon élection dès le 1er tour dimanche 15 mars comme maire d’Audincourt (Doubs), nous avons mis en place une cellule de crise. L’objectif est d’apporter une réponse aux habitants qui ont de nombreuses questions au sujet du confinement et de faciliter leur vie quotidienne. Hier 173 personnes nous ont téléphoné, on essaie de leur apporter des réponses. Notre première priorité ce sont les plus démunis. On doit faire en sorte d’assurer la continuité des repas distribués par les Restos du cœur. Car la majorité des bénévoles de l’association ont plus de 70 ans et ils sont confinés chez eux. La mairie a proposé de mettre en place un sas à l’entrée des Restos du cœur afin que les kits alimentaires puissent y être déposés par les bénévoles en limitant les contacts avec les bénéficiaires. Quand on connaît l’impact des Restos du cœur à Audincourt – une ville de 14 000 habitants- on s’est dit que ce n’était pas possible de ne rien faire. Ici à Audincourt le revenu annuel est de 9 000 euros par habitant. Autre exemple : je suis en lien avec le directeur du Super U pour mettre en place des horaires réservés aux personnels soignants et aux personnes fragiles. Les personnels de santé travaillent parfois jusqu’à 22h en ce moment et on souhaite leur réserver un créneau de 8h à 8h30 pour qu’ils puissent faire leurs courses sans avoir à patienter dans la queue à l’entrée du supermarché.

 

Quelle est la situation sanitaire dans votre département ?

M. B. : La situation sanitaire est préoccupante, des tas d’habitants du Doubs vont travailler tous les jours dans le Haut Rhin, l’un des territoires les plus touchés par l’épidémie. Il y a à l’heure actuelle un manque cruel de moyens, de gels hydroalcooliques et de masques. Je suis en contact avec l’Agence régionale de santé pour fournir en masques Soli-cité, une association d’aide et de soins à domicile pour des personnes malades, âgées ou dépendantes qui emploie près de 500 personnes. Il n’est pas envisageable que ces personnels qui se déplacent auprès d’un public fragile travaillent sans aucune protection. Je suis aussi en lien avec une société d’ambulanciers afin de leur fournir des masques car si on ne leur fournit pas les protections nécessaires, les personnels risquent d’utiliser leur droit de retrait.

 

Les mesures économiques annoncées par le gouvernement sont-elles suffisantes à vos yeux ?

M. B. : J’ai entendu le ministre de l’économie et des finances Bruno le Maire, qui ne rejette pas l’idée de nationaliser certaines entreprises françaises. C’est une mesure de bon sens, mais il faut que les déclarations faites aujourd’hui soient traduites par des actes. Les librairies indépendantes par exemple ont peur de disparaître, si les Français prennent l’habitude pendant le confinement de commander leurs livres chez Amazon, quid de l’avenir des libraires indépendantes ? Elles risquent de ne pas survivre à cette crise car la concurrence est forte face au géant Amazon. Il faut rouvrir les librairies, ce sont des commerces de premières nécessité à mes yeux. Si on est en guerre, comme l’a déclaré Emmanuel Macron, pourquoi ne réquisitionne-t-on pas les entreprises de textile qui n’ont pas encore été délocalisées à l’étranger pour fabriquer des masques ? J’ai écrit au Premier ministre à ce sujet. Mon souci c’est qu’après la crise, aucun commerce ni artisan ne reste sur le pavé.

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