Masques gratuits pour les élèves : les collectivités se mobilisent

Masques gratuits pour les élèves : les collectivités se mobilisent

Face au refus du gouvernement de fournir gratuitement des masques aux élèves, des dizaines de collectivités font savoir qu’elles le feront sur leur budget. Geste « symbolique » ou réelle volonté politique ?
Public Sénat

Par Hugo Lemonier

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Le jour de la rentrée, il sera impossible de les rater. Les collégiens et les lycéens de Proissans (Dordogne) se rendront en cours avec le nom de leur village écrit sur la mâchoire. « C’est un cadeau symbolique pour souhaiter une bonne rentrée à nos adolescents et qu’ils sachent que leur commune est à leur côté dans un contexte assez particulier », explique le maire, Benoît Secrestat, également suppléant de la candidate aux sénatoriales (DVG).

Chaque famille du village de Proissans, environ 1 000 habitants, a reçu deux masques de la part de la municipalité : « S’il faut refaire une distribution, on le fera. On a encore du stock », prévient l’édile, qui a confié à une couturière de la commune la confection de masques durant le confinement. Le département avait fait don de tissus aux communes pour qu’elles équipent leurs habitants.

« Au moment du déconfinement on a distribué un masque par Proissanais et on a fait une deuxième distribution avant l’été », raconte Benoît Secrestat. « On est dans un territoire plutôt pauvre où les salaires ne sont pas extraordinaires. »

À raison de deux masques par jour, lavables dix à soixante fois en fonction du tissu, cela représente « un sacré budget pour les familles », estime le maire. Entre 70 et 120 euros par an et par enfant.

Au moins 46 départements concernés

Le candidat aux sénatoriales (en tant que suppléant de Marie-Claude Varaillas) en fait une affaire de principe : « À partir du moment où les masques sont imposés par un protocole sanitaire, ils devraient être fournis gratuitement aux élèves. »

La Dordogne a lui aussi fait don de deux masques pour la rentrée à chaque collégien, comme au moins 46 départements de France. « Pour l’instant, c’est la Marne qui détient le record avec six masques par élève », précise le directeur général de l’Assemblée des départements de France, Pierre Monzani.

Mais d’une collectivité à l’autre, la situation change du tout au tout… De là à parler d’inégalités entre les territoires ? « Dès lors que l’État ne prend pas cela à sa charge, chaque département est libre de décider, explique Pierre Monzani. C’est le propre de la décentralisation : soit l’État assume tout, soit on a des différences entre les collectivités. Cela ne me choque pas. »

« Aucun pays au monde ne fait la gratuité des masques à l'école »… pas vraiment

Pour la plupart, la mesure reste cependant « symbolique », comme en Charente-Maritime, où chaque collégien se verra remettre un masque le jour de la rentrée. « Une aide ponctuelle », concède Brigitte Rokvam, vice-présidente en charge des affaires scolaires du département : « C’est un coup de pouce aux familles mais ce n’est pas notre rôle d’allouer des masques à tous les élèves pendant toute l’année. »

L’élue abonde dans le sens du gouvernement, qui met en avant la majoration de 100 euros de l’allocation de rentrée scolaire, supposée couvrir l’achat de masques. Une position attaquée par l'opposition qui estime qu'à partir du moment où l'école est gratuite, et le port du masque obligatoire, c'est à l'État de payer.

« Aucun pays au monde ne fait la gratuité des masques à l'école, affirmait Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, sur France Inter. En revanche nous avons envoyé des masques aux familles qui avaient des besoins sociaux. » L’assertion a depuis été battue en brèche par CheckNews de Libération, qui cite l’exemple de la Grèce, de l’Italie ou encore de la Suisse.

« Il y a d’autres choses qui ne se font pas ailleurs et que la France fait, argue en outre Kamel Chibli, vice-président du conseil régional d’Occitanie, en charge de l'Éducation jeunesse & sport. Tous les pays n’ont pas mis en place le chômage partiel durant le confinement, alors il n’aurait pas fallu aider nos entreprises ? », demande-t-il.

Une question de « volontarisme politique »

La présidente de la région, Carole Delga, a décidé de fournir deux masques par mois à chaque lycéen et apprenti. Lavables 30 fois chacun, ils peuvent couvrir les besoins de l’élève pour sa scolarité. « Cela représente un budget d’environ 500 000 euros par mois, 6 millions d’euros par an », calcule Kamel Chibili. « C'est un gros budget, alors espérons que la crise passe rapidement et que l’État prenne ses responsabilités. »

À l’écouter, la question des masques est devenue éminemment politique : « Certaines collectivités considèrent que ce n’est pas leur rôle, je comprends. Mais considérer que c’est aux familles de supporter l’achat des masques, pour nous, ce n’est pas possible. »

522 000 lycéens franciliens recevront un masque gratuit

La région met en avant, depuis le début de la mandature de Carole Delga, son « volontarisme politique » en matière d’éducation. À sa prise de fonction, la présidente du conseil régional avait décidé de la fourniture d’un ordinateur portable à chaque lycéen, dont la famille perçoit l’allocation de rentrée scolaire. Plus de 190 000 ont été distribués jusqu’ici.

La région Ile-de-France fournira, elle aussi, deux masques en tissu à quelque 522 000 lycéens franciliens, dans le public comme dans le privé. « Nous renouvellerons les masques aussi souvent que possible », a précisé Valérie Pécresse, lors d'une conférence de presse.

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