Mélenchon reconnaît l’échec du mouvement anti-Macron

Mélenchon reconnaît l’échec du mouvement anti-Macron

C'est Emmanuel Macron qui "a le point". En concédant une première victoire au président, Jean-Luc Mélenchon a reconnu une forme d...
Public Sénat

Par Lucile MALANDAIN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

C'est Emmanuel Macron qui "a le point". En concédant une première victoire au président, Jean-Luc Mélenchon a reconnu une forme d'échec après six mois d'opposition tous azimuts mais il l'attribue également aux syndicats qui n'ont pas accepté la main tendue par La France insoumise pour mener la contestation sociale.

"Non, aucune condition n'est réunie pour mettre un million de personnes sur les Champs-Elysées": interrogé sur le succès de la mobilisation contre le "coup d'Etat social" du chef de l'Etat, Jean-Luc Mélenchon n'a pas tergiversé. Son appel du 23 septembre a fait chou blanc.

A Athènes, où il a passé le week-end, le leader de La France insoumise l'avoue: Macron a remporté la première manche malgré l'"état surcritique" de la France. "Normalement, l'avalanche devrait avoir lieu (mais) on ne va pas chercher à le cacher, pour l'instant, il ne se passe rien".

L'ancien candidat à la présidentielle traverse-t-il une phase de déprime ? Difficile à dire tant l'homme a été coutumier, tout au long de ses quelque 40 ans de vie publique, des sautes d'humeur et d'entrain.

"Mélenchon était resté sur l'impression très forte de la mobilisation contre la loi El Khomri et imaginait qu'il pourrait canaliser le même type de mobilisation en utilisant une dynamique similaire", analyse l'historien Jean Garrigues.

C'était oublier la "lassitude" des Français, "la méthode Macron de division des syndicats", la façon dont il a "surestimé sa propre capacité à mobiliser" et la désaffection des Français pour le style Mélenchon" basé sur l'occupation de l'espace public à coups d'"outrances" et de "provocations", poursuit-il.

Mais le député des Bouches-du-Rhône distille un second message, en renvoyant la balle aux syndicats. L'appel à la journée d'action syndicale du 16 novembre, "bon, on va y aller", souffle-t-il, bien que ce soit "un jour de semaine" et que LFI n'ait "pas été consultée".

- "Pas le blues du tout" -

"C'est pas que ça nous vexe mais on trouve que c'est du gâchis", soupire encore le responsable politique pour qui le leadership des syndicats sur le mouvement a été "décevant". La France insoumise souhaite une "large action commune de tout le champ impliqué dans la lutte", politique compris, rappelle M. Mélenchon, mais, il est "clair que les confédérations CGT, FO et CFDT n'en veulent pas".

"Je ne jette pas la pierre aux syndicats", nuance la députée LFI Clémentine Autain, "c'est normal que chacun essaie de jouer sa partie". "On a besoin de combativité et d'un front social et politique large et dynamique qui ait un effet d'entraînement", résume-t-elle.

"On n'a pas le blues du tout", renchérit le député Eric Coquerel, voyant dans les paroles de M. Mélenchon un "signal" sur la nécessité que "les uns et les autres ne restent pas dans leur couloir", syndicats, mouvements de jeunesse et "même nous, à LFI".

Difficilement audible côté syndicats. "On n'a pas de leçon à recevoir de lui ou d'autres, il est dans un rôle politique, nous on fait du syndicalisme", s'est indigné Jean-Claude Mailly, le patron de FO.

Si le constat d'échec est évident, il est plutôt lié à la désunion syndicale et à la fatigue de salariés après le mouvement de 2016, estime de son côté un responsable de la CGT. "Jean-Luc Mélenchon ne peut pas à lui tout seul remettre en cause 100 ans de séparation entre les syndicats et le politique", explique-t-il.

Le même précise que toute alliance objective entre le patron de la CGT Philippe Martinez et celui de La France insoumise est délicat. "La CGT a opéré une vraie coupure avec le PCF mais il y a encore beaucoup de cadres intermédiaires qui sont au PCF et Martinez ne veut pas ouvrir la boîte de Pandore", alors que les relations entre LFI et PCF sont exécrables, analyse-t-il.

"Il est temps de dire qu'il faut que la séparation entre le social et le politique s'arrête en France", a affirmé, comme en conclusion, M. Mélenchon à Athènes.

Dans la même thématique

Mélenchon reconnaît l’échec du mouvement anti-Macron
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Mélenchon reconnaît l’échec du mouvement anti-Macron
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le