Un débat marathon avec un Mélenchon très bon, un Fillon solide, un Macron inégal, un Hamon un peu en retrait et une Le Pen très rodée : tel était lundi soir le verdict de trois experts en communication politique.
Premier constat, un débat si long que beaucoup de gens ont lâché avant la fin.
"Sur les réseaux sociaux tout le monde a décroché à la troisième partie, un tweet disait que seuls restaient les journalistes et les communicants", a commenté la spécialiste Anne-Claire Ruel, du blog "Fais pas Com Papa".
"Les émissions de commentaires ont même démarré avant la fin du débat ! La durée a neutralisé l'effet positif ou négatif", a renchéri Thierry Herrant, du cabinet Equancy.
Benoît Hamon avant le débat TV sur TF1 le 20 mars 2017 à Aubervilliers
POOL/AFP
"Les candidats ont eu le temps de répondre", s'est au contraire félicité Philippe Moreau-Chevrolet, président de MCBG Conseil. "Dans cette campagne où on a jamais eu le temps de parler du fond, c'était bienvenu".
Le débat a tardé à décoller. "Pendant une heure chacun courait en solitaire et déroulait son programme sans se regarder", regrette Thierry Herrant.
Puis dans un deuxième temps, tout s'est animé, avec plusieurs confrontations, notamment sur la laïcité entre Macron et Le Pen, ou encore sur les sujets du chômage et du travail. A la toute fin est venu l'international, où tous étaient "un peu éteints", estime l'analyste.
Poignée de mains entre Emmanuel Macron et François Fillon Emmanuel Macron et François Fillon avant le débat TV sur TF1 le 20 mars 2017 à Aubervilliers
POOL/AFP
Tous jugent que François Fillon s'en est bien sorti. "Fillon avait besoin de montrer sa présidentialité, et a eu sa posture habituelle, calme, en laissant s'écharper les autres pour ensuite conclure les discussions. Il a eu un moment difficile sur ses affaires, mais les autres ont été plutôt gentils, sauf Mélenchon qui a dit tout haut ce que tous pensaient tout bas", remarque Thierry Herrant.
Même avis pour Philippe Moreau-Chevrolet : "Fillon a cette petite musique qui fonctionne, une sobriété, une hauteur de vue, malgré les affaires. On a retrouvé le Fillon de la primaire".
L'autre gagnant, estiment les trois experts, est Jean-Luc Mélenchon: "il sait s'adresser aux gens avec un langage direct et un brillant sens de la formule. Il a généré le plus de conversations sur les réseaux", note Thierry Herrant. "Il a été très drôle et a dominé le show", ajoute Philippe Moreau-Chevrolet.
Jean-Luc Mélenchon avant le débat TV sur TF1 le 20 mars 2017 à Aubervilliers
POOL/AFP
"Il a donné les respirations, a été moins agressif et a même échangé un sourire avec Marine Le Pen", renchérit Anne-Claire Ruel.
Derrière lui, ses fans hilares tranchaient avec les postures compassées des soutiens de François Fillon, a-t-elle souligné.
Nouveauté dans un débat politique, les nombreux plans de coupes, où les candidats laissaient sciemment transparaître leur approbation ou leur mépris des positions de leurs adversaires.
- Le Pen intégrée -
Tous estiment que Marine Le Pen a pu mettre en avant sa rhétorique rodée sur ses thèmes habituels, et réalisé une bonne opération.
Poignée de mains entre Marine Le Pen et Jean-Luc Melenchon avant le débat TV sur TF1 le 20 mars 2017 à Aubervilliers
POOL/AFP
"Pour Marine le Pen c'est historique: elle a été intégrée dans le jeu démocratique, a ri de blagues de Mélenchon, était en empathie avec les autres, ce que son père n’aurait jamais pu faire", a relevé Philippe Moreau-Chevrolet.
Emmanuel Macron a en revanche été jugé plus mitigé. "Il ne s'en est pas mal sorti mais a des tics de langage et du mal à s'exprimer simplement, il veut trop ménager la chèvre et le chou et un langage trop techno. Mais poussé dans ses retranchements il a été meilleur, notamment quand il a été attaqué par Marine le Pen sur l'Europe", juge Thierry Herrant.
Emmanuel Macron et le journaliste Gilles Bouleau avant le débat TV sur TF1 le 20 mars 2017 à Aubervilliers
POOL/AFP
"Macron a un peu déçu, à cause de son manque d'expérience, avec des colères parfois un peu artificielles mais aussi parce qu'il y avait de telles attentes sur sa performance", a renchéri Philippe Moreau-Chevrolet.
Hamon a lui été jugé un peu décevant. Pour Thierry Herrant, "il était un peu absent des moments animés du débat et a du mal à trouver d'autres marqueurs que celui du revenu universel", selon Thierry Herrant. "Il a lâché assez vite quand il s'est fait attaquer sur le revenu universel", a également estimé Anne-Claire Ruel.
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