Migrants à Paris: le ton monte entre Hidalgo et l’exécutif après une noyade

Migrants à Paris: le ton monte entre Hidalgo et l’exécutif après une noyade

La noyade accidentelle d'un migrant à Paris a encore un peu plus envenimé mercredi les relations déjà tendues entre Anne Hidalgo...
Public Sénat

Par Gregory DANEL et Katell PRIGENT

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La noyade accidentelle d'un migrant à Paris a encore un peu plus envenimé mercredi les relations déjà tendues entre Anne Hidalgo et l'exécutif sur la gestion des campements de migrants, à l'insalubrité alarmante, réapparus dans la capitale.

Survenu dans la nuit de lundi à mardi, le drame a coûté la vie à un jeune migrant qui a sauté volontairement dans le canal Saint-Martin au niveau du quai de Valmy, selon une source policière.

D'après les témoignages sur place recueillis par la police, le jeune homme, probablement âgé de 20 à 25 ans, serait de nationalité afghane. "Fortement alcoolisé", il aurait "par jeu ou par défi" voulu traverser le canal, selon ces mêmes témoignages.

Pour Anne Hidalgo qui, depuis plusieurs semaines, n'a de cesse d'interpeller l'Etat face à la situation "indigne" de plusieurs campements de migrants installés dans le nord de Paris, ce drame impose de mener "au plus vite" une opération de "mise à l'abri des migrants présents dans ces campements parisiens".

"Des vies sont en jeu", a tweeté la maire PS de Paris.

"Nous craignions le pire, et le pire est arrivé. Nous sommes présents tous les jours avec nos équipes, et nous demandons depuis des mois aux autorités de prendre leurs responsabilités et de mettre les personnes à l'abri de toute urgence et en toute dignité", a tweeté pour sa part Terre d'Asile.

Dans un courrier adressé le 27 mars au ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, Mme Hidalgo dénonçait, entre autres, "la densité des campements" et "l'étroitesse de certains passages entre les tentes et les canaux, parfois réduite à 50 centimètres", générant "des risques très significatifs de noyade".

Mercredi, après les nouvelles critiques de l'élue parisienne, la réaction de l'exécutif a pris la forme d'une sèche réponse de Gérard Collomb, via un courrier adressé à la maire et dont l'AFP a eu également copie.

M. Collomb y défend la mobilisation "sans faille" de l'Etat et opppose un total "désaccord" aux critiques d'Anne Hidalgo.

Le ministre de l'Intérieur, tout juste sorti des débats à l'Assemblée nationale sur son projet de loi controversé sur l'asile et l'immigration adopté le 22 avril en première lecture, s'est notamment refusé à lier la fin du "centre de premier accueil" et la résurgence des campements. Situé non loin, porte de la Chapelle, le centre d'accueil servait de "sas" aux migrants depuis novembre 2016 et a été démonté pour laisser place à une future université.

- Evacuation prochaine? -

M. Collomb tacle également "la politique d'hébergement indifférencié des personnes arrivant à Paris, telle qu'elle a été mise en oeuvre" durant le quinquennat précédent.

A propos de la gestion d'un imposant campement insalubre de migrants installé près de la porte de la Villette, le ministre renvoie la balle dans le camp de la mairie.

Ce campement, dit du "Millénaire" car installé près du centre commercial éponyme, est au coeur du bras de fer entre gouvernement et mairie. Installé depuis plusieurs mois le long du canal Saint-Denis, il compte quelque 1.500 personnes vivant dans des conditions insalubres.

"La commune reste garante de la salubrité et la propreté de son espace", écrit Gérard Collomb, invitant Anne Hidalgo à faire usage de ses "compétences" et "d'entamer les procédures judiciaires" pour permettre à l'Etat de "mener à bien" l'évacuation.

Celle-ci pourrait intervenir "dans les semaines à venir", avait indiqué le 3 mai le préfet d'Ile-de-France Michel Cadot, précisant qu'"il n'y a pas encore de décision prise".

Le 6 mai, un autre corps avait été repêché dans le canal Saint-Denis, à hauteur d'Aubervilliers, selon deux sources policières. Il s'agit "d'un homme mais le corps en état de décomposition n'a pas été identifié", a relevé l'une de ces sources, précisant que "rien ne permet de dire s'il s'agit d'un migrant".

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