Bonne entente entre les communautés religieuses, intégration sans histoire: les musulmans de Bayonne voyaient mardi dans l'attaque de leur mosquée, qui a fait deux blessés, un "acte isolé", mais nourri par un "climat" et des débats "hystériques" sur l'islam.
Mardi soir peut-être, "mercredi en tout cas, j'espère bien récupérer les clefs de la mosquée", lance Abdellatif Boutaty, récent président de l'Association des musulmans de la Côte basque, dont la mosquée, inaugurée en 2014, a été la cible de l'attaque lundi.
Les abords de la mosquée de Bayonne bouclés par la police pour les besoins de l'enquête sur l'attaque qui a fait deux blessés le 28 octobre 2019
AFP
Celle-ci restait fermée mardi pour les besoins de l'enquête de police judiciaire, son accès barré et une voiture de police, avec deux officiers en faction le visage dissimulé. Le bas de la porte d'entrée en bois est noirci par les flammes, résultat de la tentative d'incendie.
Les deux septuagénaires blessés par les tirs de l'assaillant étaient mardi dans un état "stable".
"La République fait bloc" autour des victimes de l'attaque, a assuré mardi soir Emmanuel Macron, utilisant la même formule que lorsqu'il avait appelé le 8 octobre la nation "à faire bloc" après l'attaque islamiste contre la préfecture de Paris.
"Vrai choc", "peine", "surprise", reviennent dans les mots des fidèles, dont une douzaine à peine ont profité, à la mi-journée, de la salle de quartier mise à disposition par la mairie comme lieu de culte temporaire, à 2 km à peine de la mosquée.
"C'est une communauté discrète, qui essaie de retrouver sa sérénité. Ils ne sont pas rassurés du tout", explique à la sortie Kader Bouazza, envoyé par le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) en soutien de la communauté locale. "Cette mosquée n'a jamais fait parler d'elle", insiste-t-il.
"Nous n'avons absolument jamais eu de problème avec la communauté musulmane, très intégrée à la vie de la cité, et aucun problème avec des éléments exogènes", appuie le maire Jean-René Etchegaray.
"Il faut arrêter de parler d'intégration, cela n'a rien à voir avec l'intégration", s'agace Abdellatif Boutaty, soulignant à l'AFP que la communauté musulmane de l'agglomération Bayonne-Anglet-Biarritz, forte de "600, 700 fidèles peut-être", installée depuis deux, trois générations, "n'a jamais eu de problème".
L'intégration, cet ancien rugbyman l'incarne. Professionnel pendant 15 ans, dont cinq avec l'Aviron bayonnais, il dit se sentir "plus basque que les Basques".
- "Climat catalyseur" -
Photo de l'intérieur de la mosquée de Bayonne prise en mars 2015
AFP/Archives
Certes il y eut quelques précédents, mineurs, à la mosquée. Comme en août 2017, lorsqu'un engin incendiaire avait été lancé une nuit, endommageant un climatiseur extérieur. Ou des tags haineux et racistes les jours suivant l'attentat de Charlie Hebdo. Mais Bayonne fut alors loin d'être la seule cible.
"La ville de Bayonne n'est pas connue pour ses quartiers chauds ni pour son communautarisme musulman", insiste Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux et figure progressiste de l'islam français. "Mais la bêtise ne connaît ni le temps, ni la géographie".
La mosquée de Bayonne où deux fidèles ont été blessés lundi par un ancien candidat du Front national, à Bayonne, le 5 mars 2015
AFP/Archives
A mesure que des témoignages confirmaient le profil "perturbé", "glacial", "colérique", "en besoin de conflits" de l'octogénaire tireur, les musulmans de Bayonne pointent du doigt "l'acte isolé" de quelqu'un "en marge de la société".
"On ne va pas mettre tout le monde dans le même sac, cette personne ne représente que lui-même", soupire Mohammed, fidèle de la mosquée de Bayonne.
Acte isolé peut-être, mais nourri de débats qui peuvent "créer la psychose dans la société française", se désole Tareq Oubrou. En mélangeant islam, foulards, communautarisme, "la parole politique peut favoriser la violence. La confusion sémantique conduit à la confusion mentale, surtout pour un citoyen à l'esprit instable",
"Ce n'est pas un problème d'intégration, c'est un problème des politiciens, des médias, qui stigmatisent les choses en parlant sans cesse de foulard, de voile", tonne M. Boutaty, déplorant "une hystérie artificiellement créée".
Ces cas, appuie le responsable Aquitaine du CFCM, Fouad Saanadi, "se nourrissent de l'actualité politique et médiatique". Et "quand bien même l'enquête révélerait que l'agresseur est atteint d'instabilité psychologique, cela n'empêche pas que le climat actuel est un catalyseur".
"Ici c'est une communauté discrète, mais depuis un mois, avec l'affaire du voile, on sent que la tension remonte", glisse un fidèle à la sortie de la prière mardi.
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