Municipales : « C’est une bonne chose qu’on sorte de l’incertitude », affirme Patrick Kanner

Municipales : « C’est une bonne chose qu’on sorte de l’incertitude », affirme Patrick Kanner

Le Premier ministre a confirmé la tenue du second tour des municipales le 28 juin. Les sénateurs se réjouissent que cette décision n’ait pas fait l’objet d’un vote consultatif, comme cela avait été évoqué par Édouard Philippe.  
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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« Nous présenterons au président de la République un décret qui appellera les électeurs à se rendre aux urnes pour le second tour des élections municipales, le 28 juin prochain », a annoncé Édouard Philippe ce vendredi. Cette annonce très attendue était conditionnée par l’avis du Conseil scientifique qui appelle toutefois à beaucoup de prudence (voir notre article). Le Conseil scientifique sera amené à se prononcer une seconde fois quant à la tenue de ce scrutin.

Le second tour pourrait donc être reporté si la situation sanitaire l’impose, « une clause de revoyure » sera mise en place. « Il faudrait garder le temps nécessaire à l'examen par le Parlement du cadre légal qui permettrait d'organiser un nouveau report des élections municipales », précise Édouard Philippe. Un projet de loi qui permettrait la tenue des municipales « au plus tard jusqu'en janvier 2021 » serait présenté le 27 mai au conseil des ministres.

« Il faut bien que ces élections aient lieu à un moment ou à un autre »

Comme l’a rappelé le Premier ministre, cette décision n’a pas totalement fait parmi les chefs de partis consultés cette semaine, mais elle reste la plus plébiscitée. « Il faut bien que ces élections aient lieu à un moment ou à un autre », réagit Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat. « On a besoin d’avoir des collectivités qui soient stabilisées, elles sont en première ligne aujourd’hui. Elles ont également un rôle dans la relance économique. On ne peut pas vivre dans l’incertitude », poursuit Hervé Marseille et de préciser que ces élections concernent tout de même près de 5 000 communes et environ 17 millions d’électeurs.  

Le sénateur centriste se réjouit par ailleurs que le Premier ministre ait renoncé à l’organisation d’un vote consultatif pour acter la date du second tour, « le choix de la date leur incombait, comme le prévoit la loi du 23 mars ». Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’était lui aussi prononcé contre un vote consultatif de cette nature.   

« C’est une bonne chose qu’on sorte de l’incertitude », estime également le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner. Une satisfaction qui ne l’empêche pas de garder un œil critique sur la gestion de la crise par le gouvernement. « On a créé un désordre démocratique qui se rajoute au désordre sanitaire. Il fallait annuler le premier tour », soutient Patrick Kanner. Lors de son allocution, le Premier ministre a dit assumer le maintien du premier tour qui a été très critiqué et soupçonné d’avoir favorisé la propagation du virus. « Il assume une décision qui était une mauvaise décision », affirme le sénateur socialiste.

Patrick Kanner note par ailleurs le changement de position du gouvernement vis-à-vis des masques. En effet, s’ils n’étaient pas jugés indispensables le 15 mars, les masques seront obligatoires pour le second tour. « Chaque électeur devra porter un masque de protection qui pourra être un masque grand public » et les membres des bureaux de vote « devront porter un masque chirurgical tout au long de l'opération de vote, tout comme les scrutateurs au moment du dépouillement », a précisé le ministre de l’Intérieur.

« Il va y avoir un divorce entre la sphère politique et nos concitoyens qui n’ont pas la tête à penser aux municipales »

Contrairement à ses collègues, le sénateur LR Philippe Dominati juge que « c’est une décision anormale que de laisser faire campagne » en ce moment. « Il va y avoir un divorce entre la sphère politique et nos concitoyens qui n’ont pas la tête à penser aux municipales », estime le sénateur qui redoute l’installation « d’exécutifs municipaux mal élus » à cause de l’abstention probable le 28 juin. « Les Français ont un fort attachement aux élections municipales, c’est l’instant d’un dialogue », rappelle Philippe Dominati. Selon lui, cette décision du gouvernement est mue par « la volonté de camoufler leur défaite politique » et elle témoigne « du peu de considération pour les collectivités territoriales ».

Philippe Dominati s’interroge également sur les conditions de la campagne électorale, « on ne va quand même pas distribuer des tracts avec des perches ! » Les rassemblements de plus de dix personnes n’étant pas autorisés, des questions se posent effectivement sur cette campagne. Dans son avis, le Conseil scientifique soulignait les risques de reprise de la propagation du virus en cas de campagne électorale et invitait à en modifier l’organisation. « C’est une campagne qui ne sera pas une vraie campagne », abonde Patrick Kanner.

La tenue du second tour le 28 juin devrait également permettre de ne pas avoir à repousser les élections sénatoriales prévues en septembre prochain. « Il n’y a pas de raison de les repousser », estime Patrick Kanner. « Le 14 juillet les grands électeurs devraient être connus. C’est un peu moins confortable, un candidat aux sénatoriales va perdre environ un mois de campagne », souligne-t-il.    

 

    

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