Invités à débattre du budget 2025 sur Parlement hebdo, le rapporteur LR de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, et le député PS Arthur Delaporte, s’opposent sur le sujet. « Il faudra bien faire des efforts », défend le sénateur LR, quand le socialiste dénonce « un effort incommensurable ».
Municipales: dans les campagnes, l’incertaine implantation du macronisme
Par Paul AUBRIAT et Damien STROKA
Publié le
Le macronisme est-il soluble dans les campagnes? A un mois d'élections municipales périlleuses pour la majorité, les candidats du camp présidentiel tentent de mailler les zones rurales où LREM manque d'implantation, quitte à s'affranchir de l'étiquette du parti.
Taxé de "président des villes", Emmanuel Macron avait pu se rassurer au soir des européennes lorsque la liste portée par La République en marche avait décroché une honorable seconde place, certes grâce aux gros pôles urbains, mais aussi aux campagnes: ses troupes étaient notamment arrivées en tête en Mayenne, dans les Deux-Sèvres, l'Aveyron, le Lot ou le Cantal.
Près d'un an plus tard, la défiance à l'égard du pouvoir est passée par là: "Il est certain que le contexte national n'aide pas", euphémise une députée.
A Cernay, une ville de 11.000 habitants de la campagne alsacienne située au pied des ballons des Vosges, l'étiquette Macron n'est toutefois "pas un repoussoir" dans un scrutin ou "les enjeux ne sont pas les mêmes" qu'au niveau national, jure Christophe Meyer, 51 ans, candidat à la mairie et animateur du comité local de La République en marche.
Ce responsable marketing avait déjà conduit une liste en 2014 "ouverte, avec des gens qui votaient extrême droite, extrême gauche, droite, centre", une démarche selon lui similaire à celle d'Emmanuel Macron en 2017.
"Dans une ville comme Cernay, ça a du sens", estime celui qui retente sa chance en 2020, cette fois avec le soutien du parti présidentiel... mais sans étiquette.
Pour ce centriste qui se dit "estampillé Macron", "dans une ville comme Cernay, c'est une hérésie de se limiter" au logo du parti, alors que ses colistiers sont constitués de "pas mal d'En Marche, des gens qui ont voté Macron, des gens qui sont déçus de Macron, des gens qui en sont satisfaits...".
- Objectif sénatoriales -
Encore faut-il définir les contours du futur macronisme municipal - ou "progressisme communal", corrigent certains -, dont les marqueurs semblent encore incertains.
La République en marche d'ailleurs a recensé à l'endroit de ses candidats "300 projets qui marchent" pour les aider à construire corpus et programmes, en s'inspirant de réussites locales, y compris dans les petites villes.
Le promoteur en chef du recueil, Raphaël Bernardin, est d'ailleurs considéré comme le premier maire marcheur post-présidentielle, élu à la tête de Saint-Sulpice-la-Pointe (9.100 habitants), dans le Tarn, en décembre 2017 et candidat à sa réélection.
Parmi les "projets qui marchent" à Saint-Sulpice, des équipements caméras-piétons pour les policiers municipaux, des "commissions de projet extra-municipales rassemblant des citoyens, des experts et des élus" ou davantage de moyens alloués aux activités pour les enfants le mercredi.
"Mais le progressisme, c'est surtout être en mouvement et savoir dépasser les étiquettes. Par exemple, parler à la fois écologie et entreprise", résume Raphaël Bernardin.
Le héraut du progressisme des campagnes reconnaît avoir été contacté ces dernières semaines par de nombreux candidats marcheurs de petits et gros bourgs de toute la France, avides de ses conseils. Il mesure la difficulté de la tâche de ces novices, alors que les municipales ont toujours favorisé les sortants.
La République en marche compte pourtant sur les campagnes: à défaut de prises significatives de communes, le parti table sur l'élection de 10.000 conseillers municipaux - il n'en compte aujourd'hui que 2.000.
Dans le Doubs, la référente LREM Margot Brisson assure de son côté que "tous les candidats soutenus ou investis par LREM auront le logo", même si "dans les petites villes, les gens ont moins besoin de se référer à l'étiquette".
"On est le premier parti qui a commencé avec un président et pas avec des adhérents et des maires, ce qui complexifie l'ancrage territorial", admet la militante. "Mais le vrai test, c'est l'après-municipales: le mouvement va exister face aux partis traditionnels", prédit-elle. En espérant peser dès les sénatoriales de septembre.