Aux urnes, malgré tout : le premier tour des municipales se profile dimanche dans une France qui, comme le reste du monde, s'enferme toujours...
Municipales: les Français appelés aux urnes dans un pays fermé par la pandémie
Aux urnes, malgré tout : le premier tour des municipales se profile dimanche dans une France qui, comme le reste du monde, s'enferme toujours...
Par Le service politique de l'AFP
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Aux urnes, malgré tout : le premier tour des municipales se profile dimanche dans une France qui, comme le reste du monde, s'enferme toujours plus pour tenter de freiner la pandémie du coronavirus.
Edouard Philippe a confirmé samedi soir la tenue du scrutin, au moment-même où il prenait de nouvelles mesures drastiques de fermeture, dès minuit, de tous les "lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays".
Restaurants, bars, discothèques, cinémas ferment leurs portes jusqu'à nouvel ordre, tout comme un grand nombre de commerces. Mais les experts, a expliqué le chef du gouvernement, ont "confirmé que le premier tour pouvait se dérouler demain (dimanche) en respectant strictement les consignes de distanciation et de priorisation des personnes âgées et fragiles".
En conséquence, a-t-il poursuivi, "les opérations de vote se dérouleront demain comme prévu, et je sais que les Français démontreront à cette occasion leur calme et leur civisme".
La crise sanitaire, dont le bilan a passé samedi les 91 morts, écrase toujours plus un scrutin maintenu in extremis, et dont certains observateurs redoutent qu'il pâtisse d'une abstention record, alors que le taux de participation aux municipales - 63,55% au premier tour en 2014 - diminue déjà depuis 30 ans.
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, en déplacement samedi matin dans les Yvelines, a admis "craindre" une participation en baisse. Il a également reconnu que certaines communes avaient eu du mal à constituer leurs bureaux de vote.
"Le maire a un pouvoir d'injonction sur les conseillers municipaux", a rappelé au passage celui dont le ministère est chargé d'organiser le scrutin. "En cas de constat de carence, le maire peut se tourner vers le préfet qui peut contraindre un certain nombre de personnes à tenir les bureaux de vote."
D'après un sondage Elabe diffusé vendredi, 58% des Français estiment qu'Emmanuel Macron a eu raison jeudi de maintenir les élections. Mais ils sont désormais aussi 61% à se dire "inquiets" de la propagation du virus, soit 13 points de plus que lors d'une précédente enquête réalisée en début de semaine.
Dans les bureaux de vote, on se prépare à accueillir les électeurs dans les meilleures conditions possibles: poignées de porte, tables, isoloirs... tout doit être nettoyé avant le vote et des mesures sont prises pour éviter les files d'attente et faire respecter les distances de sécurité.
Le gouvernement diffuse de son côté des messages préconisant de voter de préférence avec un bulletin reçu par courrier, d'émarger avec son propre stylo - bleu ou noir -, et de privilégier les horaires de moindre affluence, entre 9h et 11h et de 13h à 16h.
- Record d'abstention ? -
Personnalités en lice aux élections municipales de mars 2020
AFP/Archives
Cela suffira-t-il à inciter à voter les près de 47,7 millions d'électeurs - dont 330.000 ressortissants d'autres pays de l'UE- ? Notamment les plus âgés que le chef de l'Etat a justement encouragés jeudi à rester chez eux ?
Le Covid-19 a relégué les enjeux politiques du vote, avec des candidats macronistes en position difficile et l'occasion pour les partis traditionnels de gauche et de droite de redresser la tête, à deux ans de la présidentielle.
A Paris, l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn (LREM) paraît à la traîne derrière la sortante Anne Hidalgo (PS) et sa rivale LR Rachida Dati, qui font la course en tête. A Marseille, le macroniste Yvon Berland stagne à moins de 10%. Résultat très attendu également au Havre, où Edouard Philippe, Premier ministre et candidat, a dû annuler son dernier meeting pour cause de crise sanitaire et joue son avenir à Matignon.
La droite a au contraire l'occasion de réparer sa déroute des européennes. Les Républicains pourraient conserver nombre de leurs villes prises à la gauche en 2014. LR part toutefois divisé à Marseille, où le Rassemblement national espère sortir en tête au premier tour.
- Résultats difficiles à lire -
Les Français sont appelés aux urnes dimanche pour le premier tour des élections municipales dans quelque 35.000 communes, dans un contexte bouleversé par la pandémie du coronavirus
AFP
A gauche, c'est le rapport de force entre les écologistes d'EELV et les socialistes qui se joue aux municipales. Les Verts espèrent profiter de la prise de conscience de l'urgence écologique et ambitionnent de s'imposer à Besançon, Tours, Rouen ou bien sûr Grenoble, quand le PS tentera surtout de conserver ses bastions de Paris, Lille, Rennes ou Nantes.
Le RN semble quant à lui en passe de conserver ses mairies conquises en 2014 et tentera de renforcer son implantation dans le Sud et les Hauts-de-France avant les régionales de 2021.
Les soirées électorales prévues dimanche se tiendront en petit comité afin de respecter l'interdiction de rassemblement de plus de cent personnes.
La barre relativement basse (10% des suffrages exprimés au premier tour) au-dessus de laquelle une liste peut se maintenir devrait se traduire par une multiplication des triangulaires, voire des quadrangulaires, au second tour.
Avec l'effacement du clivage droite/gauche et la multiplication des listes "sans étiquette", les résultats du scrutin s'annoncent particulièrement difficiles à décrypter et les discussions d'entre-deux-tours cruciales.
A l'issue du vote dimanche, les candidats autorisés à se maintenir auront jusqu'à mardi 18H00 pour trouver des alliés ou fusionner leurs listes en vue du second tour. Un rendez-vous dont la tenue dépendra encore de l'évolution sur le front du coronavirus.
Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.
Avec le non-recours au 49.3, les socialistes ont été entendus par Sébastien Lecornu. Mais ils sont désormais contraints à voter le budget de la Sécurité sociale pour valider la suspension de la réforme des retraites. Un véhicule législatif confirmé par le Premier ministre, ce mercredi. Sans cette arme du parlementarisme rationalisé, les budgets de la Sécurité sociale comme celui de l’Etat seront également amendés par la droite. Ce qui pourrait amener à des copies finales difficiles à assumer pour les socialistes.
Le Premier ministre s'est exprimé devant les sénateurs pour sa déclaration de politique générale. Suspension de la réforme des retraites, décentralisation, budget...Le discours de Sébastien Lecornu était différent de celui prononcé à l'Assemblée la veille. Si l'ambiance était plus calme qu'au Palais Bourbon, l'accueil des sénateurs n'en était pas pour autant très enthousiaste.
« Le scénario économique pour l’année 2026 repose sur une hypothèse optimiste », affirme devant le Sénat Pierre Moscovici, président du Haut conseil des finances publiques. Il doute de la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs, avec un budget dont la copie finale est très incertaine. Seule « bonne nouvelle » : « Un début d’amélioration de nos finances publiques » en 2025, après « le bug majeur de 2024 ».