Municipales : LR perd de gros bastions, mais garde son ancrage local
Malgré les pertes de Bordeaux, Marseille et Perpignan, Les Républicains veulent se voir vainqueur des élections municipales. « On a gagné les élections avec le premier tour », réagissent des sénateurs de droite, qui soulignent que la faible participation a eu un impact net sur les résultats.

Municipales : LR perd de gros bastions, mais garde son ancrage local

Malgré les pertes de Bordeaux, Marseille et Perpignan, Les Républicains veulent se voir vainqueur des élections municipales. « On a gagné les élections avec le premier tour », réagissent des sénateurs de droite, qui soulignent que la faible participation a eu un impact net sur les résultats.
Public Sénat

Par Ariel Guez

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6 min

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En 2014, Les Républicains avaient réussi une « vague bleue ». En 2020, les écologistes les ont devancés et ont réalisé une « vague verte ». Mais qu'importe, du côté de la droite française, on veut avoir le sourire, dimanche soir, à l'issue du second tour des élections municipales. La République en marche, la force centrale qui les avait empêchés d'accéder au second tour de la présidentielle en 2017 puis qui avait attiré leurs électeurs en 2019 à l'occasion des Européennes, a vécu ce que certains ont qualifié de « crash ». Aucune grande ville ou presque, à l'exception du Havre, n’a été conquise par LREM, et lorsque la formation présidentielle était en tête des résultats, c'est qu'elle avait dû fusionner ses listes avec celles des Républicains.

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LR conquiert Lorient, mais perd Marseille, Perpignan et Bordeaux

Pour autant, le champagne n'a pas coulé à flots du côté de la droite. À Marseille, après 25 ans de règne, c'est une candidate écologiste et soutenue par La France insoumise qui devrait succéder à Jean-Claude Gaudin. À Bordeaux, Nicolas Florian, successeur d'Alain Juppé, a dû s'incliner face à Pierre Hurmic (EELV-PS-PCF). Choc historique : pour la première fois depuis plus de 70 ans, la ville sera à gauche. À Perpignan, laissant craindre une disparition du Front Républicain, Jean-Marc Poujol a perdu face à Louis Aliot, du Rassemblement national.

 Les Républicains renouent avec la victoire 

Parmi les grandes villes du Sud, Toulouse (la ville rose, ndlr) reste aux mains de la droite. D'un cheveu, Jean-Luc Moudenc bat Antoine Maurice de l'Archipel Citoyen. Dans le même temps, à Biarritz, Orléans, Auxerre ou Montélimar, Les Républicains peuvent se targuer de « belles victoires » disait en conférence de presse le patron du parti, le député Christian Jacob. Y compris celle de François Grosdidier, sénateur LR de Moselle, qui est élu maire de Metz avec une très légère avance de 188 voix. Contacté par publicsenat.fr, mais injoignable dimanche soir, l'élu assurait que « la crédibilité nous a permis de l'emporter à l'arraché » à la sortie des résultats.

Alors, quelles leçons tirer de ce scrutin ? « Beaucoup de repères ont été brouillés » analyse Sophie Primas, sénatrice des Yvelines, qui qualifie « d'incroyable » cette soirée électorale. À publicsenat.fr, elle donne l'exemple de la Bretagne, où Lorient passe à droite pour la première fois depuis des années. « Mais à côté de ça, on perd Morlaix ou Quimper, villes qui avaient été gagnées en 2014 ».

« Les Français sont à la recherche de cadres, et le message des écologistes est clair »

De là à désapprouver Christian Jacob, qui affirme que le parti « renoue avec la victoire » ? « On a gagné les élections avec le premier tour », répond Sophie Primas, qui souligne « la présence territoriale extrêmement forte » des Républicains. Même son de cloche pour René-Paul Savary, le sénateur de la Marne explique qu'il ne faut pas seulement se baser sur les photographies des grandes villes. Globalement, selon lui, « les résultats sont encourageants » et le parti gaulliste résiste bien aux écologistes, « qui tirent leur épingle du jeu ».

Car les Républicains ont aussi mesuré l’impact d’EELV dans ce scrutin. « Les Français sont à la recherche de cadres, et le message des écologistes est clair », souligne Sophie Primas, qui reconnaît que dans certaines villes,  « le message de LR était brouillé ». «La droite a réussi à incarner les territoires, il lui reste désormais à incarner l’écologie pour reconquérir les grandes villes et les citadins», glisse au Figaro Damien Abad, le président du groupe LR à l’Assemblée.

Avec l’abstention, « ce soir, il n'y a pas de vainqueur »

Dans son département, confie Jean-Paul Savary, « on a stabilisé », malgré le taux d'abstention historique. « Il m'interroge beaucoup », explique Sophie Primas, qui rappelle que le maire est l'élu préféré des Français. « Le lien entre un maire et la population, c'est ce qu'il y a de plus intime en politique ». Alors, comment expliquer un tel désamour des Français pour le scrutin de ce dimanche ? Selon René Paul Savary, ce n'est pas seulement la crainte d'une contamination au nouveau coronavirus qui explique un taux historique.

« Les inter-communalités ont pris de plus en plus de place en termes de compétences », explique le sénateur de la Marne, qui avance une sorte de « perte d'influence » des maires pour expliquer un moins fort intérêt des Français au scrutin municipal. Cette situation inédite pousse l'élu à dire que « ce soir, il n'y a pas de vainqueur ». Surtout que certaines villes ancrées à droite ont basculé à gauche pour à peine quelques dizaines de voix, à l'image d'Annecy, où le maire sortant perd au profit d'un écologiste pour 27 voix.

La faible participation a ému d'autres élus de droite au Palais du Luxembourg, à l'image de Marc-Philippe Daubresse, sénateur du Nord, qui déplorait que seulement 31,9 % des électeurs se soient déplacés. « Un maire élu avec 55 % représentera donc 18 % des électeurs inscrits : drôle de légitimité ! » tacle-t-il dans un tweet, pointant aussi du doigt l'éventuel report des élections régionales par Emmanuel Macron.

 

Pour les sénatoriales en septembre, des évolutions, « mais pas de révolution »

Malgré l'abstention, pour Christian Jacob, les résultats annoncent même d'autres victoires aux « sénatoriales, départementales et régionales, parce qu'on conforte là où on est solide, notre ancrage sur le terrain. » Les élus joints par publicsenat.fr confirment, car si la vague écologiste est nationale, les élections sénatoriales sont territorialisées. Le scrutin, qui sera maintenu en septembre comme l'a annoncé Christophe Castaner, ne concernera pas toute la France. Ainsi, prédit Sophie Primas, « il y aura des évolutions, mais pas de révolution ». Selon elle, la majorité sénatoriale se verra renforcée, même si la porte est potentiellement ouverte au retour d'un groupe écologiste. « On a une implantation des sénateurs qui est importante, pas sûr que ça soit bouleversé », résume Jean-Paul Savary.

En attendant, Les Républicains peuvent se réjouir d'avoir toujours les quatrième et cinquième ville de France, voir bien plus. Selon le patron du parti, plus de la moitié des villes de 9.000 habitants seront contrôlées par la droite pour les six prochaines années. À voir maintenant si Christian Jacob et ses collègues arrivent à créer une nouvelle vague.

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