Musique classique : « En banlieue ou dans les milieux ruraux les gens n’attendent que ça ! » pour la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani

Musique classique : « En banlieue ou dans les milieux ruraux les gens n’attendent que ça ! » pour la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani

Son parcours est à ce point singulier qu’il a donné lieu à une adaptation cinématographique. A l’heure où sort en salle le film « divertimento », retour sur l’histoire singulière de Zahia Ziouani, l’une des rares femmes cheffes d’orchestre en France. Elevée dans un milieu modeste de parents venus de Kabylie, Zahia Ziouani a grandi à Stains et elle a dû lever tous les obstacles pour diriger aujourd’hui sa propre formation symphonique. Au micro de Rebecca Fitoussi, dans l’émission « Un monde, un regard » elle évoquait en 2021 son travail, mais aussi le chemin qu’il lui reste à parcourir pour que la musique classique devienne une musique populaire.
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Elle a connu la musique classique à la maison. Son père venu de Kabylie, curieux de toutes les expressions musicales l’initie. Au milieu de la musique algérienne de son enfance, s’intercalent des morceaux de musique classique. Si c’est par la guitare que Zahia Ziouani va commencer son apprentissage musical elle va rapidement opter pour l’alto.

Une destinée de femme dans un monde d’hommes

Soliste dans un orchestre elle se retrouve naturellement face au chef d’orchestre et décide, par goût et tempérament, qu’elle dirigera un jour, elle aussi, une formation. Un parcours hors normes dans un monde masculin détaille-t-elle « Pendant très longtemps les femmes n’étaient pas du tout présentes -dans les orchestres- en Europe. Il y a trente ans les femmes et les musiciens d’origine étrangère étaient interdits dans certains orchestres. C’est vrai que ça montre que c’est un univers qui a besoin de progresser. Du coup, si dans les orchestres, on avait si peu de présence de femmes c’est difficile dans le poste qui incarne par excellence l’autorité la décision d’avoir des femmes. » poursuit-elle.

La même musique partout

Elle qui a grandi à Stains a décidé d’y rester et se bat pour que le « beau » soit accessible à tous. Si la Seine-Saint-Denis manque d’équipements sportifs, le département manque également de structures culturelles capables d’accueillir des orchestres symphoniques. « Il existe bien des salles de grandes tailles, mais pas suffisamment grandes pour qu’un orchestre symphonique joue. Je me bats pour que la banlieue ait droit à la musique de même dimension. Quand je dirige d’un côté du périphérique ou de l’autre, ça doit être la même musique dans les mêmes conditions d’exécution » lâche-t-elle avant de poursuivre.

« Aujourd’hui on ne peut pas continuer à injecter autant d’argent dans certains établissements qui n’ont pas de rayonnement au-delà des abonnés de ces établissements […] On a eu trop l’habitude dans certains établissements parisiens ou en région, de penser qu’il y avait qu’une seule façon de faire de la musique : c’est-à-dire de l’incarner à l’Opéra de Paris ou dans un orchestre en région. Aujourd’hui, si vous allez un peu plus loin, en banlieue ou dans les milieux ruraux les gens n’attendent que ça ! »

Une ouverture sur le monde, qui éviterait selon elle, le repli sur soi de certaines populations dans des quartiers qui ont besoin de croire que le beau est accessible à tous.

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