Mutuelles de Bretagne: Ferrand mis en examen pour « prise illégale d’intérêts », entend rester à son poste
Le président LREM de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a été mis en examen dans la nuit de mercredi à jeudi à Lille pour ...

Mutuelles de Bretagne: Ferrand mis en examen pour « prise illégale d’intérêts », entend rester à son poste

Le président LREM de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a été mis en examen dans la nuit de mercredi à jeudi à Lille pour ...
Public Sénat

Par Anne-Pascale REBOUL, Julia PAVESI et Frédéric DUMOULIN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le président LREM de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a été mis en examen dans la nuit de mercredi à jeudi à Lille pour "prise illégale d'intérêts" dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne.

Le quatrième personnage de l'Etat a aussitôt annoncé, dans un communiqué transmis à l'AFP, être "déterminé à poursuivre (sa) mission" à la tête de l'Assemblée.

Ce coup dur pour la majorité intervient alors que, hasard du calendrier, deux autres poids lourds, François Bayrou et Marielle de Sarnez, ont été entendus le même jour par la police judiciaire dans le cadre de l'affaire des emplois présumés fictifs des assistants d'europarlementaires MoDem.

A l'issue d'un "interrogatoire de première comparution" de près de 15 heures au tribunal de grande instance de Lille, où l'affaire a été dépaysée il y a un an, "les trois juges d'instruction saisis du dossier ont décidé de mettre en examen Richard Ferrand pour prise illégale d'intérêts", a indiqué dans la nuit à l'AFP le parquet de Lille.

M. Ferrand a dans la foulée pris "acte de cette mesure procédurale qui va lui permettre de pouvoir se défendre dans ce dossier" et a assuré "rester serein sur l’issue de la procédure, au regard du classement sans suite de l’ensemble des griefs de la première plainte" en octobre 2017, "d’autant plus qu'aucun élément nouveau n’a été versé à ce dossier dans lequel il n’y a ni préjudice ni victime".

Attendue depuis des mois, l'audition libre du président de l'Assemblée nationale - que l'immunité parlementaire n'empêche pas - a débuté en milieu de matinée pour s'achever vers 00H30.

L'affaire des Mutuelles de Bretagne avait conduit ce fidèle de la première heure d'Emmanuel Macron à quitter le gouvernement en juin 2017. A peine nommé ministre de la Cohésion des territoires, il avait été épinglé par Le Canard enchaîné qui avait révélé qu'en 2011 les Mutuelles de Bretagne, qu'il dirigeait alors, avaient décidé de louer des locaux commerciaux appartenant à sa compagne. M. Ferrand conteste toute irrégularité.

Le procureur de Brest avait ouvert une enquête préliminaire en juin 2017, classée sans suite en octobre. Il avait invoqué la prescription s'agissant d'un éventuel délit de prise illégale d'intérêts et jugé que les infractions d'abus de confiance et d'escroquerie n'étaient "pas constituées".

L'association anti-corruption Anticor avait alors déposé une seconde plainte avec constitution de partie civile.

Après avoir présidé le groupe des députés LREM, Richard Ferrand a pris la succession de François de Rugy à la présidence de l'Assemblée en septembre 2018.

Dès son élection au perchoir, il avait déjà averti à demi-mot qu'il ne démissionnerait pas en cas de mise en examen.

- "Toujours présumé innocent" -

"Le Parlement a son indépendance. Par conséquent, les parlementaires n'ont pas à être dans la main de l'autorité judiciaire", avait-il déclaré en soulignant qu'un "certain nombre de parlementaires mis en examen" continuaient à "exercer leur mandat".

Interrogée mercredi midi à l'issue du Conseil des ministres sur l'audition alors en cours, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a refusé tout "commentaire avant d’avoir connaissance de l’objet de cette convocation".

"Ce rendez-vous aurait dû avoir lieu il y a un an mais M. Ferrand avait réussi à gagner un peu de temps en faisant dépayser son dossier à Lille. On souhaite désormais qu'il s'explique sur les faits qui lui sont reprochés et qui ne sont pas prescrits", a déclaré pour sa part à l'AFP le président d'Anticor, Jean-Christophe Picard.

Dès l'annonce de l'audition de M. Ferrand, plusieurs députés de la majorité lui ont apporté leur soutien et tenté par avance de minimiser la portée d'une éventuelle mise en examen.

Ainsi, Bruno Bonnell (LREM) a déclaré "ne pas douter de son honnêteté" et, selon lui, "la vérité sortira sereinement". "Évidemment, il peut rester à son poste", a-t-il assuré.

Une mise en examen n'aurait "aucune incidence", avait renchéri auprès de l'AFP Alain Tourret (LREM), avocat de profession.

La mise en examen d'un président de l'Assemblée nationale pendant son passage au perchoir est inédite. Laurent Fabius était déjà mis en examen dans l'affaire du sang contaminé au moment où il est redevenu président de l'Assemblée en 1997.

Richard Ferrand "est présumé innocent" et "quand bien même il serait" mis en examen, "il serait toujours présumé innocent", a réagi pour sa part Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national sur BFMTV.

bur-reb-jpa-frd/am

Dans la même thématique

Mutuelles de Bretagne: Ferrand mis en examen pour « prise illégale d’intérêts », entend rester à son poste
2min

Politique

Rapport sur les Frères musulmans : « Cet entrisme islamiste est une menace pour la République et notre cohésion nationale », déclare Bruno Retailleau

Un rapport sur le mouvement des Frères musulmans doit être présenté lors d’un Conseil de défense présidé par Emmanuel Macron, mercredi 21 mai. Réalisé par deux fonctionnaires, son contenu est classifié secret défense. Pour Bruno Retailleau, le document montre que « cet entrisme islamiste est une menace à la fois pour la République, mais aussi notre cohésion nationale ».

Le

Mutuelles de Bretagne: Ferrand mis en examen pour « prise illégale d’intérêts », entend rester à son poste
3min

Politique

Congrès du PS : « Il y a eu trop de sifflets, trop de querelles de clans », estime Nicolas Mayer-Rossignol

Candidat au poste de Premier secrétaire du PS, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol appelle à « retrouver l’aspect collectif » au sein des rangs socialistes. « Il y a eu trop de sifflets, trop de querelles de clans, trop d'exclusions et d'excommunications », souligne l’édile, invité de la matinale de Public Sénat. Il est opposé à Olivier Faure et Boris Vallaud dans la course à la tête du parti à la rose.

Le

SIPA_01213611_000031
7min

Politique

LR : avec Bruno Retailleau, la droite tient-elle son présidentiable pour 2027 ?

Après son large succès face à Laurent Wauquiez à la présidence de LR, Bruno Retailleau a promis, dimanche soir, à sa famille politique d’autres victoires à venir, avec en ligne de mire les municipales et bien sûr la présidentielle. Vœu pieux ? Ou première marche vers le retour de la droite au pouvoir ?

Le