Neuf mois de prison ferme requis pour favoritisme contre la maire LR d’Aix-en-Provence

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Dix-huit mois de prison dont neuf mois ferme et 10 ans d'inéligibilité ont été requis lundi contre la maire LR d'Aix-en-Provence...
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Dix-huit mois de prison dont neuf mois ferme et 10 ans d'inéligibilité ont été requis lundi contre la maire LR d'Aix-en-Provence Maryse Joissains-Masini, jugée à Montpellier pour avoir promu indûment son chauffeur et fourni des emplois de complaisance à des proches.

Pour le procureur Dominique Sie, les faits de détournement de fonds publics et de prise illégale d'intérêts pour lesquels l'élue de 75 ans est poursuivie sont "parfaitement caractérisés": ils sont "d'une gravité extrême car ils sont le contraire de la probité attendue d'un élu", a ajouté le procureur.

Douze mois de prison dont six ferme et une interdiction d'exercer dans la fonction publique pendant 5 ans ont par ailleurs été requis contre le fils du chauffeur de la maire, Christophe Achouri, 41 ans, accusé de "concussion" pour avoir bénéficié d'emplois de complaisance aux sein de structures sportives où selon l'enquête il aurait brillé par son absence.

La décision a été mise en délibéré au 18 juillet.

Maire d'Aix-en-Provence et présidente de la Communauté du Pays d'Aix depuis 2001 et députée de 2002 à 2012, elle a été mise en examen en 2014, notamment pour l'embauche d'une collaboratrice chargée de la maltraitance animale, la promotion éclair de son chauffeur et deux emplois pour les enfants de ce dernier.

Alerté en 2012 par une lettre anonyme, le parquet d'Aix-en-Provence avait alors ouvert une enquête. "Pour la bonne administration de la justice", le parquet aixois a demandé que Mme Joissains-Masini ne soit pas jugée dans la ville dont elle est maire, d'où la délocalisation du procès à Montpellier.

Au terme de leurs investigations, les enquêteurs avaient pointé "un somptueux mélange d'autocratie, de népotisme et de désinvolture dans l'engagement des deniers publics", tant à la mairie qu'à la communauté du pays d'Aix.

Avocate à la retraite, l'élue a défendu lundi sa position avec véhémence face à la présidente Carole Daux.

Mme Joissains-Masini avait exigé la promotion d'Omar Achouri, son chauffeur et conseiller, âgé aujourd'hui de 65 ans, alors qu'il figurait à la 50e place sur une liste dressée par ordre de mérite. "Il a un engagement total que j'ai voulu récompenser par une promotion sociale", a assuré la maire, soulignant "la capacité à régler les problèmes" de son chauffeur harki, décrit comme un "personnage clef du système de clientélisme" aixois par différents hauts responsables administratifs de la ville.

"La promotion de M. Omar Achouri était erronée de manière criante", a assené le procureur, estimant que l'élue avait voulu "gratifier un proche" avec lequel elle avait "une relation forte".

Il est également reproché à l'élue l'embauche à son cabinet de la Communauté du Pays d'Aix d'une militante de la cause animale, Sylvie Roche, 50 ans, ce qui n'entrait pas dans les compétences communautaires.

Mme Joissains-Masini, qui défend la cause animale depuis les années 1970, a mis en avant le "savoir-faire avec les animaux maltraités" de Mme Roche, assurant que sa décision d'en faire un collaborateur de cabinet pour la communauté de communes du pays d'Aix relevait de son "pouvoir discrétionnaire" sans avoir à passer par un vote. "L'autorité territoriale, c'est moi, le contrôle, c'est moi", a-t-elle martelé à la barr

Sylvie Roche et Omar Achouri, placés sous le statut de témoin assisté, ont bénéficié d'un non-lieu.

Avant la fin du procès, Mme Joissains-Masini a assuré avoir été une maire "intègre" et "rigoureuse". "Mon territoire a besoin de moi, de mon honnêteté, de ma rigueur...", a-t-elle affirmé. La défense a plaidé la relaxe de la maire d'Aix et du fils de son chauffeur.

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