Nomination des secrétaires d’Etat  : les sénateurs sont peu convaincus
Ils sont onze, dont six nouveaux : il a fallu attendre trois semaines pour que l’Elysée nomme enfin ses secrétaires d’Etat. Au lendemain de cette annonce réalisée en toute discrétion, certains sénateurs pointent du doigt un « non-événement », et regrettent l’absence d'un changement d’orientation.

Nomination des secrétaires d’Etat  : les sénateurs sont peu convaincus

Ils sont onze, dont six nouveaux : il a fallu attendre trois semaines pour que l’Elysée nomme enfin ses secrétaires d’Etat. Au lendemain de cette annonce réalisée en toute discrétion, certains sénateurs pointent du doigt un « non-événement », et regrettent l’absence d'un changement d’orientation.
Public Sénat

Par Marylou Magal

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Trois semaines après la nomination des ministres du gouvernement Castex, onze secrétaires d’Etat ont finalement été nommés dimanche 26 juillet. Parmi eux, cinq faisaient déjà partie du précédent gouvernement, et six nouvelles personnalités font leur entrée. « L’annonce a été faite de manière très discrète », note le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur. « Un dimanche, à 21h, au plus profond de l’été, après le journal télévisé, c’est comme si le gouvernement voulait en faire un non-événement, et à raison, car il s’agit bien d’un non-événement », poursuit-il.

Parmi les secrétaires d’Etat qui conservent leur poste, Sophie Cluzel, chargée des personnes handicapées, Jean-Baptiste Lemoyne, chargé du tourisme, des Français de l’étranger et de la francophonie, Laurent Pietraszewski, le « Monsieur retraites » du gouvernement, Adrien Taquet, chargé de l’enfance et des familles, et Cédric O, qui conserve son poste de secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique et des communications électroniques. « C’est une bonne chose qu’Adrien Taquet et Laurent Pietraszewski restent au gouvernement, commente le sénateur Les Républicains et président de la commission des Affaires sociales Alain Milon, ce sont des gens de qualité, dotés d’un fort humanisme. »

Six nouveaux font leur entrée

Les six autres secrétaires d’Etat sont de nouveaux venus dans le gouvernement Castex. Si la plupart des entrants sont issus des rangs de l’Assemblée nationale, le nouveau secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, est l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron sur le sujet depuis 2014. Bérangère Abba, députée LREM, membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, est désormais chargée de la biodiversité. La députée LREM de Paris, Olivia Grégoire, prend pour sa part la tête du secrétariat d’Etat en charge de l’économie sociale, solidaire et responsable. L’ancien rapporteur général du budget, Joël Giraud, sera chargé de la ruralité. Et, enfin, deux des nouveaux membres du gouvernement sont issues des rangs du MoDem. La députée du Val d’Oise Nathalie Elimas, chargée de l’éducation prioritaire, et la parlementaire de Loire Atlantique Sarah El Haïry, en charge de la jeunesse et de l’engagement.

Des nominations qui ne suffisent pas à satisfaire les élus centristes, qui réclament une place plus importante au sein du gouvernement. « Personnellement, je considère que la place accordée aux élus MoDem dans le gouvernement est insuffisante », déplore le sénateur MoDem Jean-Marie Vanlerenberghe. « Et c’est un problème plus global que la nomination des secrétaires d’Etat qui ont, malheureusement, des rôles très spécialisés et un impact bien souvent limité… ». « C’est un message qui s’est voulu un peu plus centriste avec un éventail de ministres qui va des socialistes aux républicains, comme le gouvernement et le président de la République le voulaient », renchérit Catherine Fournier, sénatrice centriste du Pas-de-Calais. « Mais les centristes sont finalement peu représentés avec seulement deux MoDem. On est toujours dans ce centre favorable à la politique du Président. Le groupe Union Centriste au Sénat est beaucoup plus pluriel que ce gouvernement… », juge-t-elle.

« Je doute qu’ils réussissent »

Côté socialiste, ces nouvelles nominations sont accueillies d’un haussement d’épaule. « Pour les secrétaires d’Etat, comme pour les ministres délégués, les ministres, ou le Premier ministre, cela ne témoigne pas d’un changement de politique », détaille Jean-Pierre Sueur. « On est dans une certaine continuité, et je ne vois pas de différence d’orientation ou d’inflexion politique, poursuit-il. On est toujours dans l’idée du « ni droite ni gauche », mais qui penche à droite. » Alain Milon fait part de ses doutes ; « Je constate qu’il n’y a toujours pas de gouvernement d’ouverture, j’espère pour la France qu’ils réussiront ce qu’ils souhaitent entreprendre, mais j’en doute… ».

Autre problème soulevé par les membres de la Haute chambre : le nombre élevé de ministres et secrétaires d’Etat que compte désormais le gouvernement Castex. « Lorsque l’on souhaite faire des économies, nommer un gouvernement d’une quarantaine de personnes avec de nombreux secrétaires d’Etat est-il vraiment utile ? », questionne Catherine Fournier. « D’autant que leur rôle est fortement réduit avec une autorité très pyramidale de la présidence de la République. » Beaucoup de bruit pour rien ? C’est également l’avis de Jean Marie Vanlerenberghe, qui qualifie d’ « anecdotiques » les onze nouvelles nominations et résume : « Renaud Muselier avait parfaitement définit le rôle d’un secrétaire d’Etat, lorsqu’il l’était aux Affaires étrangères et que le Quai d'Orsay était dirigé par Dominique de Villepin, sous le gouvernement Raffarin : « C’est Dominique de Villepin qui fait tout, et moi je fais le reste ! ». »

 

Partager cet article

Dans la même thématique

General policy speech by Prime Minister at Senate
10min

Politique

Budget : comment le Sénat va réduire l’effort demandé aux collectivités de 4,6 à 2 milliards d’euros

La majorité sénatoriale veut revenir sur l’effort demandé par le gouvernement aux collectivités. Le premier ministre a déjà fait des gestes devant les régions et les départements. « Un premier pas », reconnaît le sénateur LR Stéphane Sautarel, mais insuffisant. Pour compenser l’allègement de l’effort sur les collectivités, la majorité sénatoriale entend renforcer les économies sur d’autres ministères, notamment sur la « jeunesse, la recherche ou la culture ».

Le

7min

Politique

Insécurité dans les territoires d’Outre-mer : « Nous, les maires, nous sommes en première ligne pour lutter, mais on n’a pas de moyens pour le faire »

A la veille de l’ouverture du 107e congrès des maires à Paris, des élus des Outre-mer se sont retrouvés à Issy-les-Moulineaux ce lundi 17 novembre. Alors qu’ils font face à une criminalité et une délinquance grandissantes, dans des territoires en proie au narcotrafic, les maires, aux côtés de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, ont plaidé pour un « choc régalien ».

Le

Paris : session of questions to the government at the French National Assembly
6min

Politique

Budget 2026 : quels scénarios dans un calendrier de plus en plus contraint ?

Avec encore plus de 1 500 amendements restant à examiner en une semaine à l’Assemblée sur la partie recettes du projet de loi de finances, le calendrier budgétaire est de plus en plus contraint. Dans une assemblée divisée et avec le renoncement du gouvernement de recourir au 49.3, la possibilité d’une adoption des deux lois de finances avant le 31 décembre 2025 relève presque de la politique-fiction.

Le

Paris: Salon europeen de l Education
4min

Politique

Budget 2026 : Un rapport du Sénat dénonce « un coup dur porté à la jeunesse », avec une réduction de l’enveloppe dédiée au service civique

Comme en 2025, la mission sport, jeunesse et vie associative subie une sérieuse coupe dans le budget. Le service civique voit son enveloppe budgétaire réduite de 20 %, soit 114,4 millions d’euros par rapport à l’année dernière. « Se priver d’un dispositif qui fonctionne au moment où on a besoin de faire du lien social, c’est incompréhensible », regrette le rapporteur des crédits, Éric Jeansannetas (PS).

Le