Notre-Dame de Paris, deux ans après l’incendie regards croisés sur la reconstruction d’un chef-d’œuvre

Notre-Dame de Paris, deux ans après l’incendie regards croisés sur la reconstruction d’un chef-d’œuvre

Chacun peut se souvenir où il était le 15 avril 2019, lorsqu’il a appris l’incendie de Notre-Dame de Paris. Deux ans plus tard, à l’occasion de ce triste « anniversaire », Guillaume Erner reçoit dans Livres & Vous, un historien de l’Art et une journaliste ayant tous deux publié un livre sur la célèbre cathédrale.
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Par Nils Buchsbaum

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Agnès Poirier est journaliste et correspondante pour plusieurs médias anglophones. Ce jour-là, attablée dans sa cuisine elle prépare l’émission à laquelle elle doit participer dans la soirée. Elle lève les yeux vers sa fenêtre et voit un immense nuage de fumée jaune teinter le ciel bleu de cette après-midi de printemps. Elle comprend rapidement ce qu’il se passe et comme de nombreux Parisiens, elle descend dans les rues jouxtant la cathédrale pour contempler impuissante les dégâts que causent les flammes.

Les jours suivants, elle sera surprise par l’intérêt que les médias étrangers portent au monument parisien. Aujourd’hui, elle l’analyse ainsi : « Pour les étrangers, Notre-Dame symbolise la civilisation et la ville de Paris qui mélange à travers ses monuments emblématiques la modernité, avec la Tour Eiffel à l’histoire plus ancienne, avec Notre-Dame de Paris. Mais cela va au-delà du culte catholique c’est un lieu œcuménique où le sacré, le profane, la révolution, le gothique et le romantisme se rencontrent ».

« C’est une cathédrale qui a toujours été imparfaite »

Dans son ouvrage « Notre Dame de Paris, la fabrique d’un chef-d’œuvre » et sur le plateau de Livres & vous, Alexandre Gady, professeur d’Histoire de l’art, retrace l’évolution de la cathédrale : « Elle a toujours été imparfaite, rappelle-t-il. Née au XIIe siècle au moment d’une bascule entre le roman et le gothique, dès le XIIIe siècle on corrige Notre-Dame car elle est considérée comme pas assez lumineuse ». Autre exemple, la fameuse flèche qui s’est écroulée lors de l’incendie de 2019. L’historien raconte : « La flèche qui existe jusqu’à la révolution disparaît ensuite. Eugène Viollet-le-Duc et son acolyte Jean-Baptiste Lassus gagnent le concours et ont l’idée de rebâtir cette flèche datant du XIIIe siècle ».

Une histoire qui se répète puisque quelques jours après l’incendie, Emmanuel Macron et son gouvernement annoncent des mesures et des projets de reconstruction des parties endommagées, dont la fameuse flèche. Fleurissent alors les propositions architecturales plus ou moins inventives, plus ou moins modernes. Réédification à l’identique ou « toupet artistique », Alexandre Gady donne son avis à Guillaume Erner sur le débat qui a eu lieu : « Ce débat n’a pas eu lieu de manière très cohérente. L’incendie a suscité de l’excitation et le politique est intervenu allant parfois à revers des avis des spécialistes du patrimoine ».

Il ajoute concernant la restauration du monument : « Je ne suis pas du tout hostile à la modernisation et elle soulève des questions intéressantes, notamment celle du choix des matériaux, le chêne, c’est très bien mais ça rebrûle, l’acier et le béton sont aujourd’hui de très beaux matériaux que l’on maîtrise parfaitement… Il sera donc possible de mêler l’intelligence du XXIe siècle à celles des bâtisseurs du XIIe pour faire revivre le cœur de ce monument ».


Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.

« Notre-Dame, l’âme d’une nation » d’Agnès Poirier - Ed. Flammarion

« Notre-Dame, la fabrique d’un chef-d’œuvre » d’Alexandre Gady - Ed. Le Passage

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