Notre-Dame-des-Landes: après l’abandon, l’avenir de la ZAD en question

Notre-Dame-des-Landes: après l’abandon, l’avenir de la ZAD en question

Au lendemain de l'abandon du projet d'aéroport, une nouvelle phase délicate s'ouvre à Notre-Dame-des-Landes: l'avenir de la ZAD, dont les...
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Par Anne-Sophie LASSERRE, avec les bureaux de l'AFP

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Au lendemain de l'abandon du projet d'aéroport, une nouvelle phase délicate s'ouvre à Notre-Dame-des-Landes: l'avenir de la ZAD, dont les occupants se disent prêts à rouvrir les accès mais refusent toute expulsion.

Première urgence: la libération des routes traversant la zone de Notre-Dame-des-Landes, signe d'un début de retour à la normalisation de la ZAD et à l'État de droit.

La question devait être examinée en soirée lors d'une assemblée générale à huis clos de la Coordination des opposants et des occupants de la ZAD, une réunion initialement prévue jeudi matin.

Des gendarmes devant la mairie de Notre-Dame-des-Landes, le 18 janvier 2018
Des gendarmes devant la mairie de Notre-Dame-des-Landes, le 18 janvier 2018
AFP

Le Premier ministre Édouard Philippe a sommé mercredi les opposants de rendre les routes bloquées "à la libre circulation de tous", faute de quoi les forces de l'ordre "procéderont aux opérations nécessaires". Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a demandé jeudi matin que ce soit fait "d'ici la fin de la semaine prochaine".

Le mouvement anti-aéroport dans son ensemble s'est engagé mercredi "à y répondre lui-même", mais avec du temps et pas sous la contrainte policière. A la périphérie de la ZAD, les forces de l'ordre restaient discrètes après l'annonce de la décision du gouvernement, effectuant des contrôles routiers à des points clés afin d'éviter notamment l'introduction sur le site de matières dangereuses.

L'une des routes traversant la Zad de Notre-Dame-des-Landes, le 18 janvier 2018
L'une des routes traversant la Zad de Notre-Dame-des-Landes, le 18 janvier 2018
AFP

Sur les trois routes traversant la zone, une pose problème: la D281, dite aussi "route des chicanes", obstruée depuis cinq ans par divers obstacles (pneus, épaves de véhicules, barricades en tous genres) et "gardée" quasiment en permanence depuis des cabanes et miradors. Sa libération fait débat depuis de longs mois au sein du mouvement anti-aéroport. Jeudi en début de soirée, la perspective de cette libération était "bien enclenchée", a estimé Julien Durand, porte-parole de l'association Acipa.

Pour Jean-Paul Naud, maire (sans étiquette) de Notre-Dame-des-Landes, l'idéal est de pouvoir "la rouvrir sans l'intervention des forces de l'ordre".

- Le devenir des terres -

Les discussions s'annoncent plus longues sur le devenir des terres de la zone, notamment sur les "5/600 hectares" selon le maire (sur 1.650), où les zadistes ont lancé des projets agricoles.

Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, a proposé jeudi sur Sud Radio d'assigner ces terres à la production de produits bio ou de qualité pour alimenter la restauration collective régionale.

Notre-Dame-des-Landes
Carte de la zone d'aménagement différé du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
AFP

Les occupants de la ZAD se disent "prêts à négocier" avec l'État sur le futur projet de territoire agricole mais ont répondu à l'ultimatum d’Édouard Philippe, qui a donné jusqu'au 30 mars pour évacuer les lieux, par un "refus de toute expulsion".

"On va se battre pour que tout le monde puisse rester ici et on va continuer à construire nos vies ici", affirmait une occupante de longue date de la ZAD tandis que d'autres zadistes annonçaient dès mercredi soir leur départ "vers d'autres luttes", avant le printemps.

Les occupants de la Zad se disent prêts à rouvrir les accès mais refusent toute expulsion
Les occupants de la Zad se disent prêts à rouvrir les accès mais refusent toute expulsion
AFP

"Un beau projet se dessine pour la ZAD (...) Pour nous, le Larzac, où l’État restant propriétaire a cédé des sortes de baux à long terme à une société civile qui gère le foncier, est un exemple à suivre. Ce qui nous importe n'est pas la propriété des terres mais leur usage", a souligné à Paris lors d'une conférence de presse des associations Cécile Muret, secrétaire nationale de la Confédération Paysanne, fer de lance de la contestation anti-aéroport.

Les négociations ont déjà commencé, en se basant sur un document en six points signé par 22 organisations qui appellent à un rassemblement "le 10 février" dans le bocage.

"Six installations se sont faites récemment sur la zone et l'enjeu est de (...) répondre à tous les néo-ruraux qui ont des projets pour la faire vivre", a souligné Raphaël Bellanger, du FADEAR (réseau d'accompagnement et de formation).

Enfin, les discussions ont commencé avec le groupe Vinci qui devait construire l'aéroport. Le PDG du groupe, Xavier Huillard, a été reçu jeudi par le ministre des Finances, Bruno Le Maire, et la ministre des Transports, Élisabeth Borne. La réunion visait à "entamer les discussions nécessaires pour tirer les conséquences de cette décision", a précisé le ministère des Transports. "Les deux parties (sont convenues) de poursuivre ces discussions afin d'aboutir rapidement", a-t-il ajouté.

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