« Nous, parlementaires français, devons aller en Ukraine », plaide la sénatrice Angèle Préville

« Nous, parlementaires français, devons aller en Ukraine », plaide la sénatrice Angèle Préville

Sénatrice PS du Lot, Angèle Préville est à l’initiative d’une tribune signée par 41 sénateurs et sénatrices, afin qu’une délégation internationale de parlementaires puisse se rendre en Ukraine. Son objectif est de participer à une action pacifique de grande ampleur et d’obtenir l’arrêt des combats.
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Par Flora Sauvage

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Dans votre tribune, publiée par le Huffington Post, vous écrivez « Nous, sénatrices et sénateurs, révoltés par l’invasion brutale de l’Ukraine, choqués par la guerre et ses atrocités, ne voulons pas rester spectateurs face à cette violence inouïe », comment est née l’idée de cette tribune ?

Cette idée m’est venue à la suite de l’audition d’experts que nous avons entendus dans le cadre du groupe d’amitié France Russie mardi dernier. A l’issue de cette audition, je me suis demandée ce que nous pouvions faire nous, en tant que parlementaires. Sachant qu’il est très compliqué pour la France d’intervenir sans être considérée comme belligérant par la Russie.

Mais nous ne pouvons pas rester sans rien faire.

Et laisser l’Ukraine comme terrain de jeu à Vladimir Poutine. Symboliquement si nous parlementaires, nous allions en Ukraine, ce serait un pas pour faire admettre que ce territoire n’est pas préempté par la Russie.

Alors que les Premiers ministres tchèque, polonais et slovène se sont rendus à Kiev, le 15 mars dernier, pour rencontrer le président Volodymyr Zelensky, vous appelez les parlementaires français à se rendre sur place, qu’est-ce que cela pourrait changer à la situation ?

Selon moi, il est absolument nécessaire de soutenir le peuple ukrainien qui vit une situation dramatique. Nous devons y aller pour leur montrer qu’on ne les abandonne pas. Et contrairement aux initiatives personnelles, comme celle de Bernard-Henri Lévy, je pense qu’il faudrait qu’on soit nombreux pour dire au président Vladimir Poutine que l’Ukraine ne lui appartient pas. Quand on voit les images de la ville de Marioupol à l’Est du pays, qui est détruite à 90 %, c’est d’une violence inouïe. Je vous rappelle que

le 28 juin 1992, François Mitterrand est allé à Sarajevo

qui était sous le feu continu des balles serbes depuis 3 mois. Ce jour-là les canons se sont tus. Par ailleurs, je ne serais pas contre l’idée que le Pape se rende sur place afin de montrer le soutien de la communauté internationale au peuple ukrainien. Pour rappel, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé au souverain pontife de jouer le rôle de médiateur dans les négociations entre Kiev et Moscou.

Pourquoi vous engagez-vous personnellement ? En quoi cette guerre menée par la Russie en Ukraine fait-elle écho à votre propre histoire ?

On ne peut pas assister à ce qui se passe là-bas sans rien faire. En tant que parlementaires, nous devons montrer l’exemple. Pour montrer notre solidarité avec le peuple ukrainien d’abord, mais aussi pour nos enfants qui nous voient impuissants face à cette guerre aux portes de l’Europe. Le traumatisme, même chez nous, sera durable. J’ai beaucoup d’admiration pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et sa prise de parole devant les députés et les sénateurs par visioconférence cette semaine (ndlr le 23 mars) n’a fait que renforcer ma volonté.

On ne veut pas rester spectateur face à cette souffrance

qui est aussi celle de nombreux Français. Par ailleurs, je suis touchée personnellement quand je vois ces flots de déplacés à la télévision. Ma mère est Allemande. Et j’ai été bercée dans mon enfance par ces récits de flots de population forcés à quitter leur pays. En 1949, l’Allemagne a été coupée en deux, ma mère a assisté à ces colonnes de réfugiés qui ont dû prendre la fuite. C’est quelque chose qui a marqué mon histoire personnelle.

» Lire aussi : Ukraine : une délégation de sénateurs devant l’ambassade de Russie pour porter un « appel humanitaire »

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