Numérique : « Les machines n’ont pas d’éthique »
Des applications qui déterminent notre humeur, des robots humanoïdes qui s’adaptent à notre comportement, des caméras qui nous surveillent pour notre bien. Le monde moderne est rempli de machines « à notre service » mais sont-elles toujours bienveillantes ? Faut-il croire au contraire à une Intelligence Artificielle qui pourrait un jour être hostile à l’Homme ?Cette semaine, dans l’émission Livres & vous, Guillaume Erner s’entoure de deux philosophes, Pierre Cassou-Noguès, auteur de « La bienveillance des machines » et Jean-Gabriel Ganascia, auteur de « Servitude virtuelle » et professeur d’informatique.

Numérique : « Les machines n’ont pas d’éthique »

Des applications qui déterminent notre humeur, des robots humanoïdes qui s’adaptent à notre comportement, des caméras qui nous surveillent pour notre bien. Le monde moderne est rempli de machines « à notre service » mais sont-elles toujours bienveillantes ? Faut-il croire au contraire à une Intelligence Artificielle qui pourrait un jour être hostile à l’Homme ?Cette semaine, dans l’émission Livres & vous, Guillaume Erner s’entoure de deux philosophes, Pierre Cassou-Noguès, auteur de « La bienveillance des machines » et Jean-Gabriel Ganascia, auteur de « Servitude virtuelle » et professeur d’informatique.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

L’intelligence artificielle, est une question plus ancienne qu’on ne croit ! Avec l’apparition des premiers ordinateurs, dès 1955-1956, les chercheurs se penchent sur cette question.
Un défi, explique Jean-Gabriel Ganascia : C’est en appliquant une méthode scientifique, la psychologie cognitive (étude de l’ensemble des facultés intellectuelles, de mémorisation, de communication) et en la transposant au monde des objets que les scientifiques ont pu comprendre « l’intelligence » de ces ordinateurs et robots.

Si ces nouvelles machines n’ont pas d’éthique à proprement parler, poursuit Jean-Gabriel Ganascia cela n’empêche pas ces machines d’interférer avec notre monde : « Le monde dans lequel nous vivons est alors transformé par leur présence et les relations entre les hommes sont bouleversées : le tissu social, l’amitié, la confiance, la réputation tout cela se réécrit avec le numérique ».
Qu’il n’y ait pas « de morale des ordinateurs, c’est évident » affirme le professeur, en revanche « on peut contraindre une machine à agir en fonction d’un certain nombre de règles, premiers pas vers une nouvelle forme de servitude, une servitude virtuelle… »

« Les machines, des objets pas comme les autres »

Toutes ces machines, poursuit le philosophe Pierre Cassou-Noguès ont une spécificité : « Le résultat dépend de la relation qui nous entretenons avec elles ».
Une application qui définit votre humeur en analysant le son de votre voix, par exemple, peut-elle influencer votre vie ? Pour le philosophe, oui.  « La façon dont on considère l’Intelligence Artificielle détermine le succès, ou non, de cette machine » au risque de régler sa vie sur le fonctionnement d’un objet. Un paradoxe peut-être !
Mais une machine peut-elle être bienveillante comme le suggère le titre de l’ouvrage de Pierre Cassou-Noguès et « nous surveiller pour notre bien » ? N’est-ce pas un peu effrayant d’imaginer que des robots puissent prendre le pouvoir comme parfois dans la littérature fantastique ?

Des robots pour vivre en paix mais aussi pour faire la guerre

En 1945, Georges Bernanos écrit « La France contre les robots », un ouvrage publié dans l’immédiat après-guerre, une période propice au progrès même si ce dernier n’est pas sans conséquences. Ces techniques issues de la guerre, apparaissent après la bombe atomique, un moment où la science a montré qu’elle pouvait produire le pire… comme le meilleur » conclut Pierre Cassou-Noguès.
La science est donc toute-puissante pour les invités de Livres & vous, et il faut savoir la maîtriser. Une leçon tirée de la lecture de Georges Bernanos qu’il est encore bon de suivre aujourd’hui à l’heure des drones de combats qui transforment les guerres contemporaines en guerre sans soldats.

Retrouvez l’intégralité de l’émission « Livres & vous » ici.

« La bienveillance des machines » de Pierre Cassou-Noguès - Ed. du Seuil
« Servitude virtuelle » de Jean-Gabriel Ganascia – Ed. du Seuil

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01066724_000014
8min

Politique

Référendum sur l’immigration : une pétition controversée relance le débat enterré au Sénat en 2023

Plus d’1,3 million de personnes auraient signé la pétition de Philippe De Villiers en faveur d’un référendum sur l’immigration, dont certains cadres LR, comme Laurent Wauquiez. L’idée d’élargir les conditions du recours au référendum de l’article 11 de la Constitution aux questions migratoires avait été portée en 2023 par l’ancien président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau avant d’y renoncer faute de majorité.

Le

Numérique : « Les machines n’ont pas d’éthique »
4min

Politique

Rencontre entre le PS et Sébastien Lecornu : « Quand on a 39 ans, je crois qu'on n'a pas intérêt à être censuré au bout de 15 jours », lance Patrick Kanner

Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, poursuit ses concertations après sa nomination à Matignon. Il rencontrera mercredi plusieurs partis de gauche, dont le Parti socialiste. « Il aura devant lui une opposition déterminée à obtenir des victoires pour les Français », promet le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, ce mardi 16 septembre.

Le

Numérique : « Les machines n’ont pas d’éthique »
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le