« On a raison de se révolter sous certaines conditions », regards croisés de deux philosophes sur la société

Le chemin tortueux de l’idée démocratique

Notre premier philosophe, Alain Badiou, se définit comme maoïste et dans le titre de son dernier ouvrage il répond sans atermoiement à notre question : On a raison de se révolter !
Penseur au parcours brillant : ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de philosophie il a aussi écrit sur le théâtre, l’amour, les mathématiques ou le bonheur mais également sur mai 68 et sa pensée libertaire. Et si Alain Badiou est toujours prompt à se révolter il concède qu’il faille le faire sous certaines conditions :

La pensée d’Alain Badiou s’inscrit en réaction, en somme contre la démocratie qu’il assimile à une organisation du pouvoir hégémonique dominant.
«La politique qui existe sous le nom de démocratie n’est pas démocratique du tout. Les gens n’ont aucun pouvoir ».

« Les hommes ne naissent pas libres et égaux »

Et il en est de même pour le vote car Alain Badiou a toujours milité pour l’abstention : « Voter, ce n’est jamais que renforcer une des orientations conservatrices du système existant.
Le vote est une cérémonie qui dépolitise les peuples ».

Permettre à l'individu de devenir sujet

L’homme est à l’origine de sa loi. C’est justement à la loi naturelle que Pierre Manent s’intéresse dans son dernier livre La Loi naturelle et la loi de l’homme.
Après son ouvrage controversé Situation de la France en 2015 où il envisageait en quelque sorte le salut de la France par un sursaut national et chrétien, mais également en demandant aux musulmans de renoncer à des positions « défensives » et «communautaires ».
Là encore il s’attaque aux fondements de la vie politique moderne. Dans la notion de la loi naturelle, qu’il souhaite réhabiliter, il pense que l’homme est depuis le XVIe siècle à l’origine de sa loi et qu’il ne veut rien recevoir d’une source naturelle.

Impossible de ne pas penser à tous ces nouveaux mouvements radicaux qui animent la jeunesse française actuelle: défense de la ZAD, blocages des universités, violences de black blocs ou les expéditions anti-migrants tous animés par le même désir, celui de la destruction du système en général.

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