Sous le feu des questions, le PDG de Veolia a défendu l’OPA sur son principal concurrent Suez. Sans trop convaincre les sénateurs, il réfute toutes discussions préalables avec l’Élysée et assure que le rachat de Suez n’entraînera aucun plan social.
OPA sur Suez : « J’ai informé les pouvoirs publics de mon offre et je n’ai pas eu de retour », affirme le PDG de Veolia
Sous le feu des questions, le PDG de Veolia a défendu l’OPA sur son principal concurrent Suez. Sans trop convaincre les sénateurs, il réfute toutes discussions préalables avec l’Élysée et assure que le rachat de Suez n’entraînera aucun plan social.
Par Héléna Berkaoui
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« Il n’y a pas de risque sur l’emploi, c’est un épouvantail qui ne tient pas debout », a martelé le PDG de Veolia devant les sénateurs, ce mardi. La commission des affaires économiques et celle de l’aménagement du territoire auditionnent depuis le 15 octobre les principaux acteurs d’une bataille épique opposant deux fleurons français : Veolia et Suez.
Le 5 octobre dernier, le groupe Veolia est parvenu à racheter au groupe Engie les parts qu’il détenait chez Suez (29,9 %) contre l’avis du principal actionnaire d’Engie, l’État. « Nombreux sont ceux qui y ont vu un camouflet pour l’État, d’autres l’ont au contraire soupçonné d’avoir dénoncé publiquement cette opération tout en la soutenant dans les coulisses », résume, Jean-François Longeot, le président de la commission de l’Aménagement du territoire et du développement durable.
Frontalement opposés à leur rachat, les dirigeants de Suez dénonçaient, le 3 novembre, devant les sénateurs « une opération hostile lancée par voie de presse » qui conduirait à la suppression de quelque 5 000 emplois dans leur groupe seulement au niveau national (lire ici). Le même jour, dans les colonnes du Monde, le PDG de Veolia, Antoine Frérot, appelait les actionnaires de Suez à débarquer le conseil d'administration de Suez.
« L’avenir de votre groupe et celui de Suez relèvent de la protection des intérêts économiques de notre nation », insiste Sophie Primas.
Mais ce qui intéresse au premier chef les sénateurs des deux commissions est l’avenir de leurs activités, la gestion de l’eau et le traitement des déchets, dont le coût et la qualité des services pourraient être affectés par un tel regroupement. « L’avenir de votre groupe et celui de Suez relèvent de la protection des intérêts économiques de notre nation », a insisté Sophie Primas, la présidente des affaires économiques.
Sur le registre de « moi ou le chaos », le PDG de Veolia a cherché à convaincre la représentation nationale du bien-fondé de sa démarche. Selon lui, à partir du moment où Engie a publiquement déclaré vouloir mettre en vente ses participations, « Suez était à vendre » et seule sa société était à même de présenter un projet viable. Si Veolia n’avait pas racheté ces parts, Antoine Frérot assure que Suez aurait été racheté par des concurrents étrangers. « Notre grand concurrent chinois, l’entreprise Beijing group s’était manifestée auprès d’Engie », révèle-t-il pour appuyer son propos.
Autre scénario catastrophe selon le PDG de Veolia : Suez aurait pu être rachetée par un ou plusieurs fonds d’investissement. « Il s’agit pour elle d’acheter des entreprises, de les optimiser et de les revendre quelques années plus tard (...) Et donc si cela avait été des fonds d’investissement, la question de qui aurait racheté Suez se serait reposée », développe Antoine Frérot.
De nombreuses questions ont également porté sur le fonds d’investissement français Meridiam qui, si le rachat se conclut, devrait se voir en charge de la filiale de Suez en France consacrée à la distribution et à l’assainissement de l’eau. « C’est une entreprise française qui s’engage à très long terme puisque Meridiam s’est engagée à conserver cette activité pendant plus de 25 ans », a justifié le PDG de Veolia.
Emploi : Antoine Frérot propose un dispositif de contrôle et de sanction par le Parlement
Concernant la préservation de l’emploi pour les salariés du groupe Suez, Antoine Frérot a balayé les prévisions des actuels dirigeants du groupe dont les expertises tablent sur une perte « de l’ordre de 4000 à 5000 emplois en France sans compter les emplois indirects et près du double au niveau mondial ».
Sur le papier, le PDG de Veolia s’est engagé à maintenir les emplois jusqu’à 2023, une échéance jugée bien courte par certains et sur laquelle il n’entend pas revenir. Mais pour prouver sa bonne foi, Antoine Frérot a fait une proposition étonnante, et a priori irréalisable, aux sénateurs. « Je suis persuadé qu’il est possible de mettre en place un dispositif de suivi, de contrôle et de sanction et je propose que vous puissiez tester un tel dispositif », a-t-il affirmé.
Actuellement, un contentieux lancé par les comités sociaux et économiques (CSE) du groupe Suez est en cours devant la Cour d’appel de Paris. En première instance, le juge des référés a suspendu les effets de la cession à Veolia des parts détenus dans Suez par Engie, tant que les CSE concernés n'auront pas été informés et consultés sur les décisions déjà prises et annoncées publiquement par voie de presse le 30 août 2020 par Veolia et Engie. Antoine Frérot considère, lui, que c’était à Suez de consulter ses instances représentatives du personnel et non à Veolia.
Dans un échange tendu avec le sénateur communiste, Fabien Gay, la question du rôle de l’État dans cette OPA a été posée (voir la vidéo ci-dessus). « Je ne crois pas que Engie a vendu ses parts chez Suez pour vous, sans que l’État, à moment donné, n’ait son mot à dire ou alors c’est extrêmement grave et ça veut dire qu’il n’y a plus de régulation », a pesté Fabien Gay. Le sénateur a également fait référence à l’ancien conseiller du président de la République aujourd’hui reconverti dans la communication notamment pour le compte de Veolia, comme le révèle l’hebdomadaire Marianne. Un élément qui interroge d’autant plus le sénateur de Seine-Saint-Denis sur le rôle de l’État.
Pour sa part, le PDG de Veolia réfute avoir été en lien avec l’Élysée. « J’ai informé les pouvoirs publics de mon offre et je n’ai pas eu de retour », s’est-il contenté d’indiquer. Et de préciser, suite aux questions de Sophie Primas, : « Je n’ai pas eu de discussions ni avec l’Élysée, ni avec les pouvoirs publics mais j’avais informé l’un et l’autre (Matignon et Bercy) ».
Face à des sénateurs parfois plus que sceptiques, le PDG de Veolia a donc eu quelques peines à inscrire le récit de la création d’un grand champion français de la transformation écologique.
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