Opposée au choix de l’UE, la France se donne trois ans pour sortir du glyphosate
La France reste déterminée à sortir du glyphosate "au plus tard dans trois ans" et a appelé Bruxelles à adopter de nouvelles...

Opposée au choix de l’UE, la France se donne trois ans pour sortir du glyphosate

La France reste déterminée à sortir du glyphosate "au plus tard dans trois ans" et a appelé Bruxelles à adopter de nouvelles...
Public Sénat

Par Catherine HOURS

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La France reste déterminée à sortir du glyphosate "au plus tard dans trois ans" et a appelé Bruxelles à adopter de nouvelles méthodes d'évaluation des substances chimiques, après un vote européen autorisant lundi pour cinq ans de plus l'herbicide controversé.

"J'ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l'utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans", a twitté le président Emmanuel Macron quelques heures après la décision européenne.

Au terme de deux ans de débats difficiles, les Etats membres de l'UE ont décidé d'une nouvelle autorisation de l'herbicide pour cinq ans, après un vote favorable de 18 pays dont, contre toute attente, l'Allemagne, neuf oppositions et une abstention.

La France, qui prônait une licence de trois à quatre ans maximum, "regrette ce résultat", a réagi Matignon. Elle "entend continuer, avec d'autres Etats membres, à peser au niveau européen pour que la Commission mène des études supplémentaires sur la dangerosité du produit et sur les alternatives pour les agriculteurs", ajoute le gouvernement.

"Il faut voir d'où on vient. Si nous n'étions pas intervenus, (l'UE) aurait revoté une autorisation pour dix ans", a souligné sur RTL le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.

"Mais cinq ans, c'est trop long et les mesures d'accompagnement pour l'instant sont insuffisantes. (Alors) on va regarder ce que la France peut faire de son côté", a-t-il ajouté, se disant "un peu triste" que l'Europe n'ait pas entendu "l'expression citoyenne" en faveur du principe de précaution.

"Je suis convaincu que les alternatives (au glyphosate) existent, et trois ans me paraît un calendrier raisonnable pour concilier les points de vue", a-t-il dit.

Syndicat agricole majoritaire, la FNSEA a pris acte du vote, mais déploré que Paris ait "fait bande à part".

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert s'est, lui, déclaré "heureux" qu'un accord européen ait été conclu, tout en appelant à trouver des solutions de remplacement au fameux principe actif du Roundup de Monsanto.

- Transparence et indépendance -

La recherche de substituts est "déjà en cours dans de nombreux laboratoires, notamment de l'INRA", a dit sur RMC la ministre de la Recherche Frédérique Vidal, pour qui "nous allons être en capacité de sortir du glyphosate en ayant des produits de substitution".

Nicolas Hulot a donné rendez-vous à l'issue, en décembre, des Etats généraux de l'alimentation en cours depuis juillet.

"Il va falloir notamment à l'issue des Etats généraux et de manière plus large dans la perspective de la révision de la politique agricole commune, se doter d'une stratégie pour progressivement, mais radicalement sortir de ces substances qui créent une relation de défiance dont n'ont pas besoin les acteurs du monde agricole".

Le gouvernement français a aussi demandé à la Commission européenne de faire "rapidement" des propositions pour revoir ses modes d'évaluation des substances chimiques, afin de renforcer leur "transparence et leur indépendance", écrit le cabinet du Premier ministre Edouard Philippe.

Le glyphosate fait l'objet d'une âpre bataille depuis son classement parmi les cancérogènes probables en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (agence de l'OMS). L'Efsa, agence européenne de la sécurité alimentaire, est arrivée à la conclusion inverse. Des scientifiques et ONG ont cependant dénoncé une évaluation "biaisée" car basée sur des rapports fournis par les industriels.

Après le vote européen, les ONG en avaient appelé au gouvernement français.

"Il est toujours possible pour un pays (d'interdire) une matière active autorisée en Europe, il faut simplement le justifier auprès de l'UE", explique François Veillerette, porte-parole de Générations futures. "La France doit être à la hauteur de sa promesse".

"Le feuilleton du glyphosate depuis deux ans a mis en lambeaux la confiance du public dans les procédures d'homologation. Donc maintenant ça suffit. L'homologation des pesticides ne pourra plus se passer comme avant", estime-t-il.

En France, le glyphosate, qui entre dans la composition de 178 produits autorisés, est, avec le soufre, la substance phytopharmaceutique la plus utilisée, avec quelque 7.000 à 9.000 tonnes vendues annuellement, soit plus de 30% des herbicides.

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