Outre-Mer : le Sénat va enquêter sur la gestion de la crise sanitaire
Face à la violence de la flambée épidémique en Guyane, en Polynésie Française et aux Antilles, une mission d’information sénatoriale va enquêter pendant deux mois sur la gestion de la crise sanitaire en Outre-Mer.

Outre-Mer : le Sénat va enquêter sur la gestion de la crise sanitaire

Face à la violence de la flambée épidémique en Guyane, en Polynésie Française et aux Antilles, une mission d’information sénatoriale va enquêter pendant deux mois sur la gestion de la crise sanitaire en Outre-Mer.
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Par Samia Dechir

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4 min

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« Est-ce que tout a été fait pour éviter à la population la violence de ce qui est en train d’arriver ? » s’interroge Bernard Jomier. Le sénateur, membre du groupe socialiste, préside depuis janvier une mission d’information sur les conséquences de l’épidémie. A partir de mi-septembre, ses travaux seront exclusivement consacrés à l’Outre-Mer. Là où la quatrième vague de covid-19 est la plus meurtrière. C’est Gérard Larcher qui lui en a fait la demande. « Avec le Président, il nous a paru nécessaire de travailler pour comprendre comment on en est arrivés là. Est-ce que l’ensemble des mesures a été pris sur le plan sanitaire, et avec quelles conséquences ? »

Viser l’égalité sanitaire avec la métropole

La vingtaine de sénateurs qui compose la mission aura deux mois pour évaluer les mesures prises par le gouvernement, et formuler des recommandations pour qu’une telle situation ne se reproduise plus en cas de nouvelle vague. « C’est le rôle du sénat dans le cadre du contrôle du gouvernement, d’être en situation de faire des préconisations » explique Jean-Michel Arnaud, co-rapporteur de la mission d’information. « Nous sommes dans une république une et indivisible. Il faut montrer que nous sommes aux côtés de nos compatriotes ultra-marins ». Le sénateur centriste espère pouvoir faire des recommandations « pour que les territoires ultramarins soient à égalité sur le plan sanitaire avec la métropole ».

Des bureaux transformés en chambres d’hôpital

Tous les territoires d’Outre-Mer ne sont pas touchés uniformément. La Polynésie Française, la Guyane et les Antilles sont les plus durement frappés. La circulation du virus y est telle que la rentrée scolaire a dû être reportée au 13 septembre. « Je l’avais moi-même demandé » rappelle Dominique Théophile, sénateur de Guadeloupe. « On ne peut pas demander un confinement aussi dur et continuer à avoir du brassage. Les hôpitaux sont engorgés, il n’y a plus de place dans le CHU de Pointe à Pitre, les bureaux ont été transformés en chambres pour pouvoir recevoir les patients ».

LIRE AUSSI // Guadeloupe : « La communication de la campagne de vaccination a été méprisante » juge Victoire Jasmin

Ne pas reproduire les mêmes erreurs

L’élu guadeloupéen salue la décision de la mission d’information sénatoriale de se pencher sur l’Outre-Mer, « pour ne pas reproduire ce qu’il s’est passé ». Ce groupe de travail ne compte aucun ultra-marin. Victoire Jasmin, sénatrice de Guadeloupe, n’y voit pas d’obstacle, au contraire. « Ils auront la distance qu’il faut grâce à leur neutralité, il n’y a pas d’a priori. Je n’ai pas de recommandation particulière à faire. S’ils m’interrogent je répondrai, mais je préfère qu’ils aillent vers tous les acteurs ». La socialiste aurait pourtant bien des choses à dire sur la gestion de la crise en Guadeloupe, où le taux de vaccination plafonne à 20 %, loin des 72 % de moyenne nationale.

« Ce qui se passe en Guadeloupe n’est pas normal »

Si la population guadeloupéenne s’est montrée si réticente au vaccin, c’est que le gouvernement n’a pas su s’y prendre, estime Victoire Jasmin. « Quand on communique avec une population qui compte des personnes de tous âges, de toutes religions, de tous milieux, il faut adapter son discours pour que tout le monde comprenne. Il faut utiliser les outils de la démocratie sanitaire, où il y a des personnes ressources, toutes les strates d’associations, des élus. Il faut qu’on mobilise ces personnes de proximité, qui auront un discours adéquat. Les personnes ressources du territoire ne sont pas suffisamment sollicitées. Je l’ai dit à la présidente de l’ARS. Je suis révoltée, ce qui est en train de se passer en Guadeloupe n’est pas normal ». L’adaptation de la stratégie vaccinale à la spécificité des territoires fera partie des choix passés au crible par la mission d’information sénatoriale. Elle se penchera également sur l’augmentation de la capacité de soins, et les mesures prises pour protéger les emplois dans les territoires d’Outre-Mer.

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