#PasDeVague : tour d’horizon du coup de gueule des professeurs sur Twitter

#PasDeVague : tour d’horizon du coup de gueule des professeurs sur Twitter

Après la diffusion sur internet d’une vidéo montrant un lycéen braquant une arme factice en direction de sa professeure, les enseignants dénoncent sur Twitter via le hashtag #PasDeVague les violences à leur encontre. Tour d’horizon.
Public Sénat

Par Alice Bardo

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Le hashtag #PasDeVague ou « comment, en 2018, les réseaux sociaux peuvent rompre en une seule soirée des années d’omerta dans l’Éducation Nationale » résume Transparency Education Nationale.

Si comme le souligne Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au numérique, les réseaux sociaux peuvent être liés à de « nouveaux comportements de violence », ils constituent également un formidable vecteur de dénonciation de comportements tout aussi violents. Avec son retentissement mondial, #MeToo en est la preuve la plus emblématique. Un modèle qui a inspiré de nombreux professeurs français, regroupés depuis ce lundi sous la bannière #PasDeVague pour dénoncer les violences des élèves à leur encontre.

« Et s’il n’y avait pas eu les malheureuses images ? »

L’élément déclencheur de ce nouvel hashtag a été la diffusion, ce week-end, d’une vidéo montrant un lycéen braquant une arme factice en direction de sa professeure. Le jeune homme, qui menaçait l’enseignante pour être inscrit « présent » sur le registre des absences, était filmé par l’un de ses camarades.

« Aujourd'hui, les réseaux sociaux amplifient la tentation d'imiter les choses vues à la télévision ou sur Internet. Ils encouragent également des élèves qui se croient malins d'organiser des faits avec pour motivation de les diffuser (…) Nous devons nous battre contre cela » commente ce lundi dans Le Parisien, Jean Michel-Banquer, « ministre des professeurs » selon ses mots.

« Et s’il n’y avait pas eu les malheureuses images ?  L’éducation ne se résume pas aux réformes et aux innovations que vous chérissez tant » réplique Professeur Insoumis sur Twitter.

L’internaute entend, comme beaucoup d’autres, dénoncer l’« omerta » qui régnait jusqu’alors au sein de l’Éducation nationale. Les tweets estampillés #PasDeVague témoignent ainsi des violences tues par de nombreux enseignants à force d’être ignorés par leur hiérarchie.

« Surtout, qu’on ferme bien les yeux hein ! » ironise amèrement Du Morvan, quand Mahaut d’Artois souligne « l’aveuglement sur les violences vécues par les profs, qui ne doit pas seulement déboucher sur de gentillettes déclarations d’Emmanuel Macron et de Jean-Michel Blanquer » :

« Sur le terrain, un seul mot d’ordre de l’institution : #PasDeVague » dénonce M. Piekielny. De quoi trancher avec le « soutien » déclaré par le ministre de l’Éducation nationale aux enseignants qui signaleraient des violences à leur encontre.

Briser l'omerta

Les professeurs dénoncent le silence, voire l’ignorance de leurs supérieurs hiérarchiques. Les twittos déplorent tour à tour les « regards bienveillants de la CPE (conseiller principal d’éducation) », ou la réponse d’une chef d’établissement qui reproche à un professeur de « ne pas être assez autoritaire » pour justifier qu’un de ses élèves l’ait menacé :

Quant aux conseils de disciplines, organes compétents pour prononcer de sanctions à l’encontre d’élèves auteurs d’infractions au sein d’un établissement scolaire, ils s’avéreraient parfois inutiles. Ainsi Maelita s’indigne que son élève n’ait pas été exclu après qu’une élève lui a « tapé dessus » :

« Ne surtout compter que sur soi-même »

« Ne surtout compter que sur soi-même pour gérer tout problème avec un élève » récapitule Nico sur Twitter.

Un autre internaute va jusqu’à confier l’impuissance d’un chef d’établissement, qui dit avoir « perdu le contrôle de l’établissement » :

Un « plan d’actions ambitieux »

Jean-Michel Blanquer et le nouveau ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, ont annoncé la réunion d’ « un comité stratégique » pour mettre en place un « plan d’actions ambitieux » pour lutter contre les violences faites aux enseignants. Le ministre de l’Eduction nationale a également recommandé aux chefs d’établissement – y compris des lycées - d’appliquer l’interdiction du portable dans leurs établissements lorsque cela s’avère nécessaire. « Supprimer les téléphones portables revient à cacher les agressions » se révolte un professeur d’allemand :

Le gouvernement va donc devoir trouver d'autres mesures pour que plus jamais un tweet désespéré de « prof harcelée » dans l’indifférence la plus totale ne paraisse sur le fil Twitter des internautes.

Dimanche soir, l’adolescent filmé braquant la professeure dans un lycée de Créteil a été mis en examen.

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