Patrick Vignal, député LREM : « Sur l’ISF, il ne faut pas avoir peur de dire qu’on s’est trompé »

Patrick Vignal, député LREM : « Sur l’ISF, il ne faut pas avoir peur de dire qu’on s’est trompé »

Le député LREM Patrick Vignal veut faire le « bilan de l’ISF », que le gouvernement a partiellement supprimé. Il n’écarte pas l’idée de son retour ou d’une forme d’imposition pour les plus riches. Il demande que le gouvernement ne soit pas « figé » sur la question.
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Avec le mouvement de contestation des gilets jaunes, Emmanuel Macron joue gros. Malgré les dernières annonces de l’exécutif, certains commencent à se poser des questions dans la majorité présidentielle. La suppression, ou plutôt la transformation de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI) a donné au chef de l’Etat l’image de « Président des riches ». Elle lui colle à la peau et revient, à chaque difficulté. Le député LREM Bruno Bonnell, ancien chef d’entreprise, a mis les pieds dans le plat. Il ose évoquer l’idée d’un bilan de la réforme.

Le député LREM de l'Hérault, Patrick Vignal (qui n’a aucun lien de parenté avec l’auteur de cet entretien, ndlr) soutient son collègue. « Si on se rend compte, au bout du compte, que la réforme de l’ISF n’a pas produit les effets escomptés, on ne doit rien s’interdire » affirme à publicsenat.fr ce fils d’ouvrier, ancien député PS. Patrick Vignal n’écarte pas l’idée du retour de l’ISF ou d’une forme d’imposition pour les plus riches. Entretien.

Le député LREM Bruno Bonnell veut évaluer les effets de la réforme de l’ISF afin de vérifier si elle bénéficie bien à l’économie française. Soutenez-vous sa démarche ?
Les gens disent "ils font des cadeaux aux riches". Ça n’a pas été assez expliqué. Donc oui au bilan de l’ISF, comme sur le CICE. Je me félicite que Bruno Bonnell, avec un petit groupe de députés de différentes couleurs politiques, veuille le faire. Il a raison de vouloir faire des vérifications.

Il faut regarder l'efficience de l’ISF. Si ce n’est pas le cas, il faudra amender, discuter. Je vais plus loin : la France brûle. C’est un appel à la responsabilité des chefs d’entreprise que je lance. On est en train de créer une société du partage. Je pense que le monde de l’entreprise doit faire un effort. Des chefs d’entreprise me disent "s’il fallait redonner un coup de pouce à la société, je le ferais".

Il y a vraiment de la misère en France et c’est un pays riche. Je suis ravi d’ouvrir le débat sur l’ISF. Il ne faut pas avoir peur de dire "on s’est trompé et il faut amender". Si on se rend compte, au bout du compte, que la réforme de l’ISF n’a pas produit les effets escomptés, on ne doit rien s’interdire.

Y compris en rétablissant l’ISF ?
Je ne suis pas pour taxer les riches en soi. Je veux qu’ils restent en France et investissent. Mais je ne crois que ce que je vois. C’est pourquoi j’ai proposé à Bruno Bonnell de l’accompagner dans sa démarche. Avec les 307 membres du groupe LREM, on pourrait tous vérifier régionalement l’effet de la réforme de l’ISF.

Et si on constate que ce « pari » de l’ISF ne fonctionne pas suffisamment, faut-il aller jusqu'à son retour ?
Oui, ou sinon amender la réforme, par exemple en fixant l’impôt à 30 ou 50% de l’ancien dispositif. Je crois à la France solidaire. Il faut donner au pot commun.

J’encourage aussi mon gouvernement à faire une trêve sur la hausse des taxes sur les carburants. C’est obligatoire. Il y a aussi les 90 milliards d’euros d’évasion fiscale. Il faut qu’on s’y mette. Il est nécessaire de revoir également des niches fiscales d’investissement pour les plus riches.

Ces doutes sur la réforme de l’ISF sont-ils partagés par d’autres députés de la majorité présidentielle ?
Si on commence à être un petit groupe de députés qui veulent vraiment changer, les autres viendront. La politique, c’est violent. C’est un rapport de force. A un moment donné, il y a aussi un rapport de force avec sa famille politique. J’essaie juste de dire à ma famille qu’avec les gilets jaunes, on a peut-être une chance de ne pas se faire détester par 80% des Français, comme c’est arrivé avec d’autres gouvernements. J’attends ça : un gouvernement agile et souple. Pas un gouvernement qui soit figé.

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