Pour la rentrée politique, Christian Estrosi jette un pavé dans la mare des Républicains. Dans une interview accordée au Figaro, le maire de Nice, qui multiplie depuis des mois les appels du pied au président de la République, plaide pour un soutien de la droite à Emmanuel Macron en vue de la présidentielle de 2022. "Pour ne pas gâcher tous les talents de la droite, passons un accord avec Emmanuel Macron pour qu'il soit notre candidat commun à la présidentielle", réclame Christian Estrosi. À quelques jours du rassemblement des jeunes Républicains à Port-Marly, censé relancer la dynamique du parti, le ténor de la droite dresse le constat d'une formation en déliquescence, et déplore l'absence d'un candidat crédible pour 2022. "À droite, nous avons connu des talents qui s'imposaient naturellement, mais ce temps est fini. Il existe beaucoup de talents chez nous, mais, soyons honnêtes, aucun d'entre eux ne s'impose pour concourir à la présidentielle", déplore Christian Estrosi.
Une prise de position qui déclenche de vives réactions chez les sénateurs Républicains. "Je ne partage pas le sentiment de Christian Estrosi", soutient la présidente de la commission des Affaires économiques Sophie Primas. "Il est important que la droite et le centre proposent une alternative à Emmanuel Macron, avec pour objectif d'éviter une réédition du second tour de 2017". "Ce n'est pas du tout d'actualité", renchérit le sénateur de la Marne René-Paul Savary. "Les choses évoluent si rapidement qu'on ne peut pas dire aujourd'hui qu'on ne sera pas prêts pour 2022. Chacun doit garder son sentiment pour soi, de manière à laisser au moins une chance d'émerger à un candidat de notre formation." Le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau refuse quant à lui de commenter les déclarations de Christian Estrosi, affirmant qu'il ne souhaite pas leur "donner d'importance".
L'absence de leadership à droite devient plus que préoccupante
Si plusieurs noms, de celui de François Baroin à Xavier Bertrand, en passant par Valérie Pécresse, circulent parmi ceux des candidats potentiels, aucun ne s'impose jusqu'alors comme le candidat naturel pour reprendre le flambeau de la droite dans la course à la présidentielle. Et la famille politique se retrouve divisée, une nouvelle fois, sur le sujet de la primaire. Quand certains plaident pour la désignation pure et simple du futur candidat, d'autres, comme Bruno Retailleau sont favorables à l'organisation d'une primaire ouverte aux militants et aux sympathisants, avant l'été 2021. "La désignation de notre candidat est notre principale difficulté", reconnaît Sophie Primas. "Mais à partir du moment où notre mouvement sera incarné, sa présence aux élections est une obligation politique", estime-t-elle.
Toute, toutefois, ne partagent pas le point de vue de la sénatrice. "Christian Estrosi a raison de poser la question et de faire réfléchir un certain nombre de leaders nationaux", affirme Phlippe Dominati, qui espère que les propos du maire de Nice tiendront lieu d'électrochoc pour les Républicains. "Ces derniers ne remplissent pas leur rôle, prennent un calendrier qui n'est pas le bon, on perd du temps, on tente de conserver un parti qui joue à peine son rôle, et qui est en réalité en jachère depuis plusieurs années. L'absence de leadership à droite devient plus que préoccupante", soutient le sénateur de Paris.